lundi 21 décembre 2020

Cérémonie du Krambambuli, selon le Clysopompe

C'est en 2014 que la Société du Grand Clysopompe relance à l'ULB la très vieille tradition du punch flambé, célébré dans cette même université de 1859 à 1938, d'après les archives retrouvées.

Le rituel de la SGC saluant la dégustation de ce breuvage, aussi appelé Krambambuli dans les sociétés commentiques, s'inspire de ceux pratiqués dans certaines corporations germanophones.

Au cours de la cérémonie, le Magister Krambambuli (coiffé d'une cagoule rouge, évoquant les flammes du punch) convoque, l'un après l'autre, le personnage du Vin (coiffé d'un chapeau buse et porteur de feuilles de vigne), celui du Rhum (déguisé en pirate) et celui du Sucre (coiffé d'une toque de cuisinier). Il les fera s'asseoir sur les trois sièges placés au centre de la corona, autour de la marmite. Chaque personnage porte un petit verre, qui contient respectivement du vin, du rhum et du sucre.

Photo Société du Grand Clysopompe,
Krambambuli de 2016.

Lorsque mélange de vin chaud et de sucre est prêt ainsi que le rhum chaud, la pièce est plongée dans le noir. Seule la bougie du Magister Krambambuli reste allumée.

La cérémonie débute alors, telle une pièce de théâtre. C'est d'ailleurs pour cette raison que, à l'initiative du Clysopompe, le Krambambuli a été joué en 2017 au Théâtre royal de Toone, le célèbre théâtre de marionnettes de tradition populaire bruxelloise.


 
1. Magister Krambambuli :
Silentium ! 
Moi, Magister Krambambuli, suis apparu.
Trois sièges sont vacants.
Et trois éléments composent le Krambambuli : le Vin, le Rhum et le Sucre.
Précieux Vin, apparais devant moi !

2. Le Vin :
Salutations, Seigneur ! 
Mon arrivée annonce le bonheur.
Vin est mon nom et ma puissance.
En moi vit la sagesse.
Le sceptre du Krambambouli me revient : je suis le corps de la boisson.
Nourri d'une terre fertile, mûri au soleil, moi, le Vin, j’égaie la vie !
Dixi !

3. Magister Krambambuli :
Belles paroles ! Mais le Rhum, aussi, est important.
Rhum, apparais devant moi !

4. Le Rhum :
Salutations, Seigneur ! Et salutations, Camarades !
Mon arrivée annonce les réjouissances.
Rhum est mon nom et ma lumière.
En moi sommeille l'étrange.
Le sceptre du Krambambuli me revient : je suis le feu de la boisson.
Bercé par la mer, rougi par le soleil, moi, le Rhum, j’apporte la passion.
Dixi !

5. Magister Krambambuli :
Tes paroles m'enchantent mais « Tres faciunt collegium ».
Sucre, apparais devant moi !

6. Le Sucre :
Je vous salue, Seigneur ! Compliments à tous les buveurs ici présents.
Mon arrivée annonce la chaleur.
Sucre est mon nom et ma douceur.
Je couronne et je lie le Vin et le Rhum.
Le sceptre du Krambambuli me revient : je suis l'épice de la boisson.
Gorgé de vent et de soleil, blanc comme neige, moi, le Sucre, je célèbre la légèreté de la vie.
Dixi !

7. Magister Krambambuli :
Bien parlé, Sucre !
Mais à qui revient la palme ?
Au Rhum ? Au Vin ? Au Sucre ?
Elle revient au trois.
Car tous trois nous donnent le meilleur d'eux-mêmes.
Levez-vous et brassons ensemble le Krambambuli selon l'antique recette d’Eulalius Bombastus Cirrhosius de Lagerberg.

(Après quoi, le Magister Krambambuli fait signe d'apporter le punch au centre de la corona. Puis il indique au Vin, au Rhum et au Sucre de verser tour à tour le contenu de leur tasse dans la marmite.)

On verse les éléments l'un après l'autre, ici le sucre.
Photo Société du Grand Clysopompe,
Krambambuli de 2016.

8. Magister Krambambuli :
Que l'on amène le chaudron ! 
Ajoutons-y le meilleur du vin, de l'eau des Tropiques et du sucre !
Du vin, prenons la couleur.
(On verse alors un petit verre de vin.) 
Du rhum, prenons la force.
(On verse ensuite un verre de rhum.) 
Du sucre, gardons la douceur.
(On verse enfin un petit verre de sucre.)

Mélangeons les éléments et allumons-les de notre lumière.

(On procède ensuite à l’allumage du Krambambuli.) 

9. Magister Krambambuli :
Le vin naît du soleil.
Le rhum naît du soleil.
Le sucre naît du soleil.
Soleil, sans qui rien ne vit,
donne force au Krambambuli !

(Le rhum est versé sur le pain de sucre et coule dans le vin chaud.
On allume alors rapidement le punch.
Et on mélange le punch en cascades dans la casserole pour maintenir la flamme vivante et haute.)

Le pain de sucre.
Photo Société du Grand Clysopompe,
Krambambuli de 2016.

Le rhum, préchauffé, est versé sur le pain de sucre.
Photo Société du Grand Clysopompe,
Krambambuli de 2016.
 
10. Magister Krambambuli :
KRAMBAMBULI !
Ô flamme bleue, vis, grandis et fleuris dans la nuit !
Et chante !

(Avec la louche, on verse le punch en cascades enflammées dans la casserole.)




(Pendant que le punch brûle, le Magister Krambambuli invite la Corona à chanter le chant du Krambambuli soit en néerlandais soit en anglais.) 

11. Magister Krambambuli :
Le chant du « Krambambuli » ! 
Ad cantandum verbum habetis ! 

(A la fin du chant, le Magister Krambambuli énonce les lois du Krambambuli.) 


12. Magister Krambambuli :
Cantus ex !
Silentium Strictissime ! 

L’antique Krambambuli ère parmi nous. Aussi, je proclame pour cette nuit le règne de Krambambuli. Et je déclare l'état d'urgence et vous fais part des vieux et honorables articles de loi en vigueur en temps de guerre.

1 : Le Royaume de Krambambuli s’applique à tous les Camarades et à toutes les créatures ici présentes, qu'elles marchent, rampent ou volent. Les frontières du Royaume sont les murs, le sol et le toit de cette salle.
2 : Le breuvage est le Krambambuli. Celui qui n’en boit pas sera banni du Royaume, à moins qu'il ne soit malade de la rate, du foie, de la vessie ou de la tête.
3 : On ne peut quitter le Royaume, sauf pour aller manger, pisser ou chercher des breuvages.
4 : Tout retardataire sera puni d’un verre de Krambambuli.
5 : Le breuvage ne sera pas gaspillé, sous peine de punitions sévères.
6 : Roter, péter, chialer et bavarder sont interdits durant le Silentium.
7 : On ne mange pas dans le Royaume.
8 : Si quelqu'un enfreint les règles, il sera privé de breuvage durant une demi-heure.
9 : Krambambuli a délégué ses pouvoirs au Magister, son fidèle serviteur.
10 : Le Royaume cesse d'exister lorsqu’il n'y a plus de breuvage.
Qu’il soit fait ainsi !

(La Corona chante alors « Le Punch » sur l’air de Lolotte.) 

13. Magister Krambambuli :
Et maintenant, chantons le « Punch » !
Ad cantandum verbum habetis !

Voyez ici le tournoiement des flammes,
Du punch brûlant le beau soleil nouveau
Qui va bientôt incendier nos âmes,
Première ivresse au sortir du tombeau.
Allons amis, que nos chansons s'égrènent
Et que gaiement on célèbre Bacchus.
De liberté que nos âmes s'éprennent ;
Pour nous vieux Poils, c'est la fin du blocus.


(A la fin du chant, le Magister Krambambuli annonce le service du punch.) 

14. Magister Krambambuli :
Cantus ex !
Camarades, videz vos verres. Faites de la place pour le breuvage divin.
Colloquium !

(La séance est alors ponctuée par l'un ou l'autre monôme haut en couleur.)

samedi 19 décembre 2020

Deux châsses et deux médailles du Clysopompe

En 1938, l'Association générale des étudiants de l'Université libre de Bruxelles fait frapper la première médaille de Saint-Verhaegen depuis les festivités des 75 ans de l'Alma Mater en 1909. Longtemps, les collectionneurs ont pensé qu'y figurait la trogne d'un étudiant parmi d'autres. Si ce n'est que la mise de celui-ci intriguait.

Suite à la découverte de photographies conservées aux service des Archives de l'ULB, nous avons pu éclaircir ce mystère : la médaille représentait en réalité Zéphyrin, le géant de 5 mètres réalisé par le Cercle polytechnique à l'occasion de cette même Saint-Vé. On reconnaît la trogne, le col amidonné de la chemise et la lavallière du géant.

Zéphyrin porte la penne noire du Cercle polytechnique.
La bande rouge et verte (aux couleurs de Bruxelles)
est celle qui ceignait la penne.
AGEB sont les initiales de l'Association générale des étudiants de Bruxelles.

Le géant Zéphyrin, construit en 1938 par le Cercle Polytechnique. 

La Société du Grand Clysopompe s'est inspirée de ce lien entre char de Saint-Verhaegen et médaille commémorative. En 2017, suite à la suppression des camions lors du cortège de Saint-Verhaegen, la SGC réalisait sa première "châsse". Celle-ci - véritable reliquaire - contenait une penne d'étudiant où brûlait la flamme du Krambambuli

Ce punch flambé, réintroduit par le Clysopompe après 80 ans d'absence, incarne l' "âme estudiantine", faite de joie et de cérémonies. Ce qui justifiait sa présence dans la penne.

La médaille frappée à cette occasion reprenait la penne enflammée et citait un vers du chant du Krambambuli : "Toujours fidèle et sans souci".

Notons au passage que ce vers faisait allusion à la violence religieuse qui venait de frapper Bruxelles. La terreur n'avait pas réussi à éteindre la flamme des étudiants : ils étaient restés insouciants et fidèles à la libre pensée.




En 2018, la châsse du Clysopompe représentait une salamandre. La salamandre est également le nom donné une cérémonie de l'afond, également remise à l'honneur par la Société du Grand Clysopompe.

Il n'en fallait guère plus pour honorer cet amphibien, aussi à l'aise dans la bière que dans un air de chanson. Relevons que, selon la légende, la salamandre vit dans le feu. Le feu de la guindaille, il va de soi.


Telle que figurée dans la châsse, la Salamandre repose sur un lit de braises, éclairées par dessous. Le feu de la guindaille est quant à lui nourrit par des chants (symbolisés par un chansonnier), de la bière (contenue dans une chope) et des cérémonies (représentées par un clystère, employé dans les rituels de la Société du Grand Clysopompe).

Des lumières leds éclairent les braises par en dessous.


Alimentant le feu de la guindaille, un chansonnier
(un Carpe Diem, avec le blason de la Guilde Polytechnique),
une chope (avec le blason du Clysopompe)
et un clystère (symbole des cérémonies du Clysopompe).

De nuit, les lumières sont visibles sous les braises.