samedi 21 février 2015

Intronisation des Punchistes

L’« Almanach de l’Université de Gand » publie en 1907 le portrait d’Albert Ronsse, vice-président des colonies scolaires et président des Punchistes.

On y apprend que les Punchistes - dont nous avons présenté l'origine et la structure interne - se considéraient comme des « frères ». Ce n’est pas le seul point qui rapproche ces spécialistes du punch flambé des Ordres actuels. Le « bleu » - appelé néophyte - subit en effet aussi une initiation aux mystères décrite ici de façon humoristique. Cette étape se clôt par "Acta est fabula" (soit "La pièce est jouée") et le bleu est pleinement intronisé lors d’un bal, en présence de membres de la G. - la Générale (ancêtre de l’Association des cercles étudiants). Le punch est flambé dans l’obscurité, propice aux cris d’animaux et autres joyeuses âneries.

Après avoir déclaré que la recette du punch ne peut être révélée à des « profanes », l’auteur dresse un rapide portrait de Ronsse. Et enchaîne sur l’intronisation des Punchistes...


Albert Ronsse, bras nus, en tenue rituelle.
Il porte un tablier de brasseur, frappé d'une tête de mort,
ainsi qu'une petite cuillère au cou.
Derrière lui, une casserole où flambe un punch.
Il tient en main la louche avec laquelle il crée des cascades de flammes.

Albert Ronsse et l'intronisation d'un Punchiste

« Les séances qu’il dirige avec dextérité se donnent à deux heures — à une seconde près — ; et, les jours de bal, les frères Punchistes, à huit heures et demie précises, doivent se trouver en tenue de travail, les bras nus et... les mains très propres. Quand le « chef » fait son apparition, les cigarettes s’éteignent, les conversations animées cessent, le rire fait subitement place au sérieux ; les frères se lèvent, saluent respectueusement, cependant que la silhouette fatidique du « chef » se promène sur les quatre murs de la salle à moitie éclairée...

L ’attention de Ronsse est soudainement attirée sur un néophyte dont les extravagances ont quelque ressemblance avec celles des damerets. Ce « bleu », sur un geste du président de ce phalanstère, s’avance timidement, tel un étudiant qui a eu la « répétionnite » devant l’Inspecteur des études. Le « chef » commence son discours d’usage sur un ton très inoffensif et termine — in cauda venenum — par... une terrible sentence prononcée contre le délinquant qui s’est permis — quel crime ! — d’interpeller un frère sans autorisation spéciale. Le  « chef » est rempli de vertigo de toutes espèces : — « Approchez, dit-il, avec solennité ; voici un citron ; il faut pouvoir en « tirer » quarante tranches de 1 1/2 millimètre d’épaisseur ». — Le néophyte, non initié à cette besogne difficile, regarde des yeux et de la bouche, croit avoir compris et commence l’opération délicate et dangereuse.

Vous devinez le reste ; le malheureux se fait une entaille profonde d’où le sang s’échappe abondamment. — « Néophyte, un mauvais point a votre actif. Il s’agit maintenant de plonger le doigt dans cette cuve et de donner la température exacte de l’eau qui s’y trouve ». — « Mais... » «  Dépêchons-nous ». Tout tremblant, l’aspirant punchiste, après un effort titanique — Audaces fortuna juvat — exécute l’ordre téméraire de son maître. — « 100 degrés, chef ». — « Vous n’avez qu’une bien vague notion de la température... »

 « Qu’est-ce qu’une lemniscate? »
—  « Une courbe du quatrième degré ayant la forme d’un  »
« Ts bien ; du moins, si vous ne savez pas couper les citrons, vous pourrez tracer des lemniscates dans cette cuve remplie, pendant deux heures. »

A 10 heures, le chef s’approche du brave « lemniscatier » et d’un air doctoral : « Acta est fabula. »

Dix heures ; c’est l’heure ou les frères se rendent à la « Cave de Munich » pour ingurgiter quelques « bottes » de bière allemande, — une botte a une contenance de 11/2 litre — aux frais du néophyte. Tous boivent au même verre et par ordre d’ancienneté. L e respect lui étant dû en tous lieux et toutes circonstances, le chef boit d’abord et cependant que les punchistes se découvrent et s’inclinent en se frappant la poitrine, tels les fidèles quand le prêtre communie.
 
Le val va commencer. Le sacre du néophyte se fait avec pompe devant quelques privilégiés, dont le grand « chef » suprême, quelques rares délégués de la G. et du corps professoral. Après une dernière question ayant trait au... — J'entends la voix du « chef » qui me crie : « Frères, silence. » —  le néophyte reçoit la bénédiction du maître, consistant dans l'application d'une cuiller sortant de la cuve bouillante, sur la joue incarnadine du récipiendaire.
 
Entrée sensationnelle du corps des punchistes ; ... demi obscurité de la salle... ; bruit de baisers retentissants... chatouillements... cris d'animaux... quelques cas d'épilepsie... etc., etc. « Fiat lux ! », crie le chef. Et la lumière est. Consumptum est ! »

Zéphyrin, le retour

En juillet 2014, nous consacrions un article à Zéphyrin, à la fois plus petit et plus grand Poil du Cercle Polytechnique. Nous y espérions que le C.P. relancerait cette antique tradition.
 
C'est aujourd'hui chose (énhaurme) faite.

Quelques mois plus tard, en novembre 2014, Zéphyrin et son magnifique nœud papillon noir ont en effet retrouvé leur place au sommet du drapeau du Cercle ainsi que sur le char facultaire à la Saint-Vé.

Le vaillant Poil a par ailleurs été vleké de l'Enhaurme Ordre de la Grand Molette à la Sainte-Barbe 2014.

En Bordeaux et Bleu est heureux d'avoir pu contribuer à relancer cette tradition.

Prosit, C.P. !

Le géant Zéphyrin à la Saint-Vé 2014




L'infiniment petit Zéphyrin, le drapeau et le vlek



Zéphyrin décoré de l'Enhaurme Ordre de la Grande Molette
 


Et voici les attendus lus lors de la remise de la Grande Molette 2014 :

"Attendu qu’après chaque décennie, il est de tradition, que l'Ordre élève une institution ;
Attendu que, si tu t’étais épilé, on n’aurait pas pu t’appeler ;
Attendu qu’en 130 ans tu n’as jamais été décevant ;
Attendu que pour ce jubilé c’est toi qu’on a choisi de célébrer ;
J’appelle à moi l’ensemble des Poils et Plumes du Cercle Polytechnique et plus particulièrement leur représentant : Zéphyrin !
Nous, Très Haut Polyvalent 34 de l’Enhaurme Ordre de la Grande Molette, avons arrêté et arrêtons ce qui suit : En vertu de la Charte de l’Enhaurme Ordre de la Grande Molette, nous élevons les Camarades poils et plumes au rang de Chevaliers Vapeurs Honoris Causa.
 
J’incite l’ensemble des Poils et Plumes du Cercle Polytechnique à répéter après moi ce serment : "Nous jurons de défendre partout et toujours Le Libre Examen ainsi que l’éclat et le renom de la Chose Enhaurme. Qu’ainsi nous aident l’Ordre et Zéphyrin". En conséquence de quoi, nous THP 34 de l’Enhaurme Ordre de la Grande Molette vous faisons Chevalier Vapeur Honoris Causa de l’Ordre."

Le géant Zéphyrin à la Sainte-Barbe 2014