samedi 8 juillet 2023

Médaille des Iguanodons : des thèmes universels ?

La vieille médaille du Club des Iguanodons de l'Université de Bruxelles n'est pour ainsi dire connue que de quelques collectionneurs.

Ses dimensions (8 cm de hauteur) et son ruban indiquent suffisamment qu'il s'agit d'une médaille pectorale. Nous présentons ici un exemplaire unique, encore doté de son ruban.

Le rouge et le vert du ruban correspondent aux couleurs de la Ville de Bruxelles. Rappelons à cet égard que, jusqu'à leur codification en 1926, la penne et le béret des ulbistes n'étaient pas ceints d'un ruban facultaire mais bien d'un ruban aux couleurs de la Ville.

Collection du Poil J.n V.n d. V.l

Les thèmes de la médaille des Iguanodons - canne et pipe entrecroisées, poignée de mains soutenant une chope, ceinture et couronne de laurier - se retrouvent parfois sur des cartes postales de corporations étudiantes allemandes, où l'on voit le Zirkel (le monogramme de la société).

Tradition du combat à la lame oblige, c'est une rapière qui remplace la canne. On sait que la canne servait chez nous à marquer la classe sociale de l'étudiant mais aussi à se battre lors des vadrouilles orageuses.

Quant à la pipe, elle est le symbole de la pensée libre des étudiants, comme sa fumée évoque leurs songes.

Pipe et rapière entrecroisées.
Couronne de laurier.
Chope posée sur un livre,
frappé du Zirkel (monogramme) de la corporation.
Carte envoyée le 8 juillet 1905.

Mais le parallèle le plus évident nous semble figurer dans l'iconographie de cette chope d'une Turnerschaft (confrérie estudiantine sportive), que nous n'avons encore pu identifier.

Faut-il voir ici la trace d'une influence des coutumes des corporations germaniques sur les Iguanodons à l'occasion d'une visite des uns ou des autres ? Ou, plus simplement, l'évocation de thèmes universels de la vie estudiantine ? Nous n'avons pas encore tranché mais nous sommes frappés par la similitude dans la disposition des objets.


Chope non datée.
Une blague à tabac pend à la pipe.
Chope portant le Zirkel
(monogramme) de la Turnerschaft.
La chope est adossée à un livre.



Le CD a retrouvé le drapeau des années 1920

Comme quoi il ne faut jamais désespérer et continuer à faire des offrandes au pied de la statue de saint Verhaegen...

Le Cercle de Droit vient de récupérer le drapeau réalisé dans les années 1920. Ses dimensions sont de 90 cm sur 70 cm. Le lettrage arrondi et la balance facultaire sont brodés en fil doré.

Etonnamment, il porte également le nom de Jules Fonson. On pourrait spontanément penser qu'il s'agit du donateur du drapeau. Mais Jules Fonson (1861-1938) est un illustre médailleur bruxellois, qui reprend l'affaire familiale dans les années 1920. Il est aussi le plus célèbre des fournisseurs militaires. C'est sans doute dans ce cadre que le Cercle s'est adressé à lui pour la confection de son drapeau.

L'étendard est fortement endommagé. Mais il est désormais entre de bonnes mains.


Photo transmise par le Poil Arm.n T.r St.p.n..n, président du C.D.

Le drapeau du CD n'a pas toujours eu le même aspect. Ainsi dans les années 1960, le texte et la balance sont disposés de la même manière mais sont tracés en noir. Et l'arrondi cède la place à l'angle droit. 

Saint-V, entre 1964 et 1968,
hommage au Soldat inconnu.
Photo extraite de M. Hermand,
"La Belle histoire du Cercle des Sciences".

"Les Bleus ont soif" : la Buse est de la revue

En mai 1920, au sortir de la première guerre mondiale, le Cercles des Sciences est le premier à renouer avec la tradition des Revues. Il donne un spectacle resté célèbre : "Les Bleus ont soif".

Son titre était un double clin d'oeil. D'une part, il rappelait "Les dieux ont soif", livre d'Anatole France paru en 1912. Ce roman a pour cadre la période de la Terreur, qui voit la Révolution française dévorer ses propres enfants.

D'autre part, par ricochet avec le livre d'Anatole France, le titre de la Revue du Cercle des Sciences est une allusion, néanmoins humoristique, aux horreurs de la guerre, dont les déflagrations se font encore sentir dans les rangs des étudiants. S'il fallait souligner le lien avec l'actualité, l'affiche de la Revue présente le profil d'Athéna, déesse grecque de la sagesse mais aussi de la stratégie militaire...

La Revue est d'ailleurs jouée au profit d'une bourse d'étude pour les combattants et les descendants de combattant.

La Buse

S'il fallait encore une preuve que le conflit mondial hante encore l'Alma Mater, la chanson "La Buse",  entonnée pour la première fois à l'occasion de la Revue, débute par ses trois mots : "Avant la guerre..." Et elle se chante sur l'air de "Verdun, on ne passe pas", chant patriotique français écrit en 1916.

Tout comme le titre de la Revue, cette chanson au propos léger est teintée d'humour noir : la Buse qui frappe les étudiants y est comparée avec l' "Aigle noir", qui désigne l'empire allemand (et son armée) dans la chanson française de 1916. Rire pour ne pas pleurer... Une autre chanson du même auteur, "La Marche des Etudiants", écrite elle en 1919, n'énonce-t-elle pas au troisième vers : "Nous faisons guerre à la mélancolie ou la cachons sous des cris de gaieté"... Tout est dit.

Sur l'affiche annonçant le spectacle, on retrouve ladite Buse sous les traits d'un angelot coiffé d'un chapeau buse, au côté d'un étudiant en casquette. Dans la pièce, la Buse était incarnée par Mademoiselle Casanova.

Collection Benoît Bacchus P.nc.n.

Le texte et les chansons de la Revue sont dus à la plume de "P. Loteur", jeu de mot en guise de pseudonyme de... "l'auteur", Paul Vanderborght, poète ulbiste (1899-1971). Les dessins de l'affiche et du livret sont signés Lif, alias Idès Lejour.

La première représentation est un succès : la salle se déchaîne, les profs se gondolent. Dans le Bruxelles Universitaire de juin 1920, Paul Vandergorght écrira entre autres : "Nous avons vécu là des heures de fraternité sincère, où l'on sentait revivre, superbe et triomphante, la belle bohème estudiantine, qui ne doit pas être confondue avec la grossièreté et la voyoucratie."

Des étudiants de Liège, Gand, Mons, Anvers et Gembloux assistent à la seconde représentation. Nouveau succès. Malheureusement, dans la soirée, le drapeau du Cercle des Sciences et l'ancien drapeau de la section de Pharmacie disparaissent lors d'une bagarre place Sainte-Catherine. 

Nous renvoyons à "La belle histoire du Cercle des Sciences", ouvrage incontournable édité en 2015 par le Poil Michel Hermand, pour plus amples informations sur cette Revue.


Collection Benoît Bacchus P.nc.n.

Comme l'indique la distribution,
c'est Mademoiselle Casanova
(alias Diane de Gravelyn)
qui incarna la Buse.

La chanson "La Buse" (en bas à droite) fait ici
sa première apparition.

Plaquette de vestiaire

Ancienne plaquette du vestiaire de "la" bibliothèque de l'ULB, au lettrage influencé par l'Art déco.

On notera qu'il n'existe alors manifestement qu'une seule bibliothèque. Ceci permettrait peut-être de dater la plaquette. On remarquera aussi qu'il y avait un vestiaire, chose inimaginable aujourd'hui.

On ignore comment cette plaquette pu être oubliée dans la poche d'un lecteur ou d'une lectrice, malgré ses dimensions (7cm sur 5cm).

Que sont devenues les autres plaquettes ?

7cm x 5 cm. Collection privée.

Quelques médailles facultaires

Cette jolie série de médailles facultaires, présentée ici par le Poil Benoît Bacchus P.nc.n, a été réalisée en émail à chaud dans les années 1920.

Elle date vraisemblablement de l'époque de la codification de la penne en 1926. Cette année-là, l'on décide que le blason de la faculté où le Poil ou la Plume suit ses études sera brodé ou épinglé sur son couvre-chef. Une bande de couleur associée à chaque faculté fera désormais le tour du couvre-chef et remplacera le ruban vert et rouge (identique pour chacun), qui rappelait les couleurs de la Ville de Bruxelles.

C'est sans aucun doute pour garder le souvenir de les couleurs de l'ancien ruban que les épinglettes sont rouges et vertes.

Si le trio de médailles photographiées appartiennent aux cercles de Droit, de Médecine et de Sciences sociales, chaque faculté disposait manifestement de son insigne.

Collection Benoît Bacchus P.nc.n.

On connaît également de telles épinglettes pour le Cercle de Philo et Lettres et le Cercle Solvay, lequel remit la sienne à Manneken Pis lors de la Saint-Vé de 1930.


Collection En Bordeaux et Bleu.