dimanche 31 mai 2015

Ne pas effrayer l'animal

Le Bruxelles Universitaire de la Saint-Verhaegen 1951 met en garde les Poils : il ne faut pas effrayer l'Opossum.

L'Opossum n'est pas ce petit marsupial bien connu. C'est cet être étrange timide qui - à l'instant où le chasseur s'apprête à s'en saisir - se métamorphose en objet ("emprunté" en guindaille) ou en Bourgeois à poche ventrale remplie d'écus ou de drachmes.

Bref, BU conseille - avec ironie - de ne pas brusquer le Bourgeois, le jour de la Saint-Vé. Ou en tout cas de faire preuve d'un peu de finesse pour se faire offrir des bières.

Ce document provient du Service Archives, Patrimoine
et Collections spéciales de l'ULB.
50 avenue Franklin Roosevelt à 1050 Bruxelles.
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Memento mori...

Ce modèle de chope d'étudiant, avec couvercle en porcelaine, est déjà connu à l'université de Tübingen en 1871. Et il est sans doute antérieur à cette date. L'exemplaire présenté ci-dessous n'est pas daté.

"Bier ist Gift" signifie que la bière est du poison. Quant au "§11." et à la mention "Es wird fortgesoffen", ils renvoient au paragraphe 11 des Biercomment des sociétés étudiantes suisses, allemandes, autrichiennes et de certaines sociétés belges. Ce paragraphe indiquant qu'on boit toujours trop. La société de Zofingue a, quant à elle, adopté une variante du §11. : "Remplis ton verre vide, vide ton verre plein. Ne laisse ton verre ni vide ni plein".

La présence simultanée d'une mise en garde face à la bière sur la face extérieure du couvercle et de l'incitation à en boire sur la face intérieure peut être vues comme une forme d'humour noir. Souvenons-nous qu'à la fin du 19ème siècle on meurt encore d'un tas de maladies aujourd'hui facilement guérissables...








La présence d'une tête de mort sur la chope ne doit pas nous surprendre plus que cela. Le crâne est le plus courant des "memento mori". Nombre de sociétés étudiantes, tant en Belgique qu'à l'étranger, l'ont intégré dans leur décorum. Et certaines d'entre elles demandent à leurs membres de prêter serment sur un crâne en plâtre.

Dessin réalisé en 1940 par un Camarade de l'Ordre académique de Saint-Michel.
Agrandissement présenté en octobre 2012 lors de la Théâtrale de l'ASMO.
Carte postale de 1920. Société allemande inconnue.

mardi 26 mai 2015

Les Népelés (1935-1997) : des Résistants

En lisant l'indispensable ouvrage d'Henri Neuman, "Avant qu'il ne soit trop tard. Portraits de résistants" (éd. Duculot, 1985), nous avons eu un doute. "Et si... ?"

Nous avons donc vérifié les trois listes de Népelés conservées aux Archives de l'ULB... Et ça "colle" : 14 des 37 Népelés font partie des Résistants mentionnés dans "Avant qu'il ne soit trop tard" !

D'ailleurs, 8 d'entre eux au moins ont appartenu au Groupe G, réseau né à l'ULB. Et, dans ce sous-groupe, on retrouve 3 des dirigeants du G : Henri Neuman (ex président du Cercle de Droit, cofondateur du réseau), Christian Lepoivre (ex président du Librex, parachuté de Londres) et René Ewalenko (ex président du Cercle Solvay, responsable du Matériel au G).

Ces chiffres sont trop élevés pour être dus au hasard. Allons plus loin et posons une hypothèse : il est probable que tous les Népelés aient été résistants. Hypothèse qu'il faudrait vérifier sur base des travaux consacrés à la Résistance à l'ULB.

Médailles du Groupe G.
Document aimablement transmis par B.n..t Bacchus Poncin.


Dates d'activité

D'après les statuts du Cercle, les Népelés sont fondés en 1935. Si l'on en juge par la dernière convocation conservée à l'ULB, ils se réunissent jusqu'en 1997-1998.

Mais quand ce groupe de résistants s'est-il réellement constitué ? Avant le conflit, pendant celui-ci ou... après ? La question peut avoir son importance...

Une liste manuscrite mentionne les 3 fondateurs en 1935. Sous la date 1946, 17 autres Népelés sont cités. Sous 1950, 10 noms sont repris. Et sous 1958, 7 autres. A ces dates, tous les membres ont fini leurs études. A quoi correspondent-elles ? A des années d'intronisation au Népelé ?

S'il s'agit d'une liste de dates d'intronisation, elle présente des incohérences au regard des noms cités dans les Statuts (non datés). Certains membres cités pour 1946 figurent dans les Statuts et d'autres non. Il en va de même pour ceux notés pour 1950. Cette liste correspond donc sans doute à autre chose.

Népelés cités dans les Statuts :

Georges NAYRINCK
Emile PENNINCK

Christian LEPOIVRE
Hector LAUWERS
Willy MICHIELS
Paul VEKEMANS
François DANHAIVE
Jacques François
Jacques GUYAUX
Paul LELEU
Robert ROUSSEAU
Eddie BURG
Marcel CATS
Pierre MAERSCHALK
Jules WOLF 
Adelin SLOSSE
Henri NEUMAN
 
Liste conservée aux Archives de l'ULB :

Ce document provient du Service Archives, Patrimoine
et Collections spéciales de l'ULB.
50 avenue Franklin Roosevelt à 1050 Bruxelles.

 D'autres incohérences

D'autres éléments pourraient confirmer que cette liste manuscrite ne reprend pas les intronisations dans le groupe.

Jacques Guyaux et Paul Vekemans sont repris pour l'année 1946. Or Jacques Guyaux envoie à Paul Veckemans une lettre reprenant la liste des banquets tenus de 1939 à 1974. Il mentionne les agapes de 1939 au Silver Grill Bruxelles, de Noël, 1939 à Temploux - et précise "Tu y étais". Il poursuit avec les banquets de mai 1940 à Wépion, de l'été 1941 à Wépion, de décembre 1941 à Lessines, de l'hiver 1942 à Frasnes-lez-Buissenals, de l'été 1942 à Bauche-Evrehailles. Les banquets s'arrêtent à cette date et reprennent en 1946 à Grandglise.

Ce document indique plusieurs choses. Tout d'abord, comme trois Poils n'organiseraient pas des banquets pour eux seuls,.ils étaient sans doute plus nombreux. Ensuite, Jacques Guyaux était probablement présent aux agapes. Sinon comment aurait-il été au courant avec précisions des dates des banquets tenus pendant le conflit ? Enfin, et surtout, le fait que Guyaux rappelle à Vekemans "1939, Tu y étais" indique que les Népelés sont déjà quelques-uns à cette époque : au minimum Nayrink, Lepoivre, Penninck, Guyaux, Veckemans.




Et une autre bizarrerie : Henri Neuman (l'un des quatre fondateurs du Groupe G) est cité comme membre en 1946 alors qu'en mars 1945 il signe déjà "Ton népelé militarisé, Bien népelément, Henri" une lettre dans laquelle il annonce la naissance de son enfant.

Cette signature pose une autre question. Neuman a-t-il été reçu Népelé avant la guerre ce qui justifierait l'ajout de l'adjectif "militarisé" ou pendant la guerre ? Nous penchons pour la première option, la seconde s'avérant trop improbable.

Extrait d'une lettre conservée au Service Archives, Patrimoine
et Collections spéciales de l'ULB.
50 avenue Franklin Roosevelt à 1050 Bruxelles.


Le macchabée cité est Robert Rousseau, membre également des Népelés.

La liste des banquets (et la remarque "Tu y étais") ainsi que cette lettre de Neuman confrontées aux noms repris dans les Statuts indiquent que les années associées aux noms de Népelés ne correspondent vraisemblablement pas à des dates d'intronisation. Alors... à quoi font-elles référence ? Nous n'avons pas encore trouvé la réponse.

Népelés cités par Henri Neuman

Comme nous l'avons dit, Henri Neuman mentionne 14 des 37 Népelés dans "Avant qu'il ne soit trop tard".
Il s'agit de :
Jacques Bellière (groupe G)
François Danhaive (groupe G)
Richard De Kriek
Walter de Selys-Longchamps (groupe G)
René Ewalenko (groupe G)
Jacques François
Jacques Guyaux
Christian Lepoivre (groupe G)
Paul Leleux (groupe G)
Henri Neuman (groupe G)
Adelin Slosse
Jean Thibert (groupe G)
Paul Vekemans
Jules Wolf (réseau Sabot)


Nouvelle hypothèse

Comme la liste manuscrite de membres, les Statuts et les documents annexes ne sont pas cohérents, il est difficile de choisir entre les deux possibilités qui s'offrent à nous. Soit le groupe des Népelés était constitué essentiellement avant que la guerre n'éclate. Soit il a continué à recruter après guerre, dans le milieu des anciens résistants issus de l'ULB. Mais alors... dans quel but ? Seulement la guindaille ?

Si un historien a des pistes à nous proposer...

lundi 25 mai 2015

Statuts des Népelés

Avant la Seconde Guerre mondiale, sans doute en 1935, les Népelés sont fondés. Ils prendront une part active dans la Résistance, comme le rappelle Jean Mardulyn (ex président de l'Association générale) au sortir de la guerre. Plusieurs d'entre eux seront notamment du du groupe G, réseau issu de l'ULB.

On ne dispose que de peu d'informations sur les activités des Népelés avant la fermeture de l'université en 1941. Et l'on n'en sait guère plus sur leurs membres avant cette date.

Les statuts - teintés d'ironie - conservés aux Archives de l'ULB ont manifestement été rédigés après la guerre. Et semblent avoir concerné dans un premier temps des Anciens de la faculté de Droit, si l'on en croit l'article 4 des statuts qui stipule que "Sont seuls admissibles, comme membres, les A.D.Br. issus de l’U.L.B. dans les années 1935-1940."

Les Népelés - ou Nez Pelés ou encore N.P.L. (suivant les documents) - ont été fondés par Georges Nayrinck, Emile Penninck et Christian Lepoivre (ex président du Cercle du Libre Examen). Le nom du Cercle est formé des initiales des patronymes des fondateurs : N.P.L. Mais il est également probable que ces initiales soient celles des valeurs défendues par le groupe. Il s'agit sans doute aussi d'une parodie des Macchabées - dont le nom s'orthographie également M.A.K.B.

Nous livrons les statuts tels que nous les avons découverts :


Cercle Philanthropique
LE ROYAL NEPELES
Statuts
 
Art.1er : Il est constitué une association sans but lucratif, à caractère philanthropique et aux buts essentiels ci-après :
- stimuler la pratique des jeux de cartes et plus spécialement du chasse-cœur, du poker et de la belotte.
- encourager le sens du devoir, le respect de l’autorité, l’amour du travail et le sentiment d’humilité dans les classes laborieuses.
- extirper définitivement les Macchabées de l’U.L.B.
- résoudre tous les problèmes scientifiques, économiques, financiers, sociaux culturels, politiques et philosophiques, nés de la complexité de la vie moderne.
- développer les relations publiques et privées avec le deuxième sexe et même, éventuellement, avec le troisième.
- resserrer les liens d’amitié entre ses membres.
 
Art.2 : Outre les objectifs d’activité courante, définis à l’Art.1er, l’association organise chaque année une réunion plénière et gastronomique en quelque endroit choisi.
 
Art.3 : L’association est dénommée « les Népelés ».
 
Art.4 : Sont seuls admissibles, comme membres, les A.D.Br. issus de l’U.L.B. dans les années 1935-1940.
 
Art.5 : Sont membres à part entière et d’office conviés aux rites et réunions plénières annuelles :
 
A. Membres fondateurs :
Georges NAYRINCK, dit « le Ménapien » ou « l’énorme Flamand ».
Emile PENNINCK, disparu -- n’a jamais prêté qu’une initiale et à la critique.
Christian LEPOIVRE, dit « Kiki » ou le « mini-tabellion ».

B. Membres d’honneur d’origine :
Hector LAUWERS, dit « Hector-le-Bienfaiteur ».
Willy MICHIELS : dit « l’artilleur des Flandres ».
Paul VEKEMANS, dit « Popoff ».

C. Membres normaux :
François DANHAIVE, dit « le cyclope unijambiste ».
Jacques François, dit le « Susse ».
Jacques GUYAUX, dit « Minette ».
Paul LELEU, dit « Polochon » -- archiviste-secrétaire.
Robert ROUSSEAU, dit « l’espion de service ».
 
D. Membres coloniaux intégrés :
Eddie BURG, dit « le coureur » - ex.V.I.P. désintégré.
Marcel CATS, dit « le chasseur ».
Pierre MAERSCHALK, dit « le bison ».
Jules WOLF, dit « Jujube ».
 
E. Membre sub-colonial subreptice :
Adelin SLOSSE, dit « Moustache » - du Cabinet.
 
F. Membre soumis à référendum annuel (sous réserves) :
Henri NEUMAN, dit « l’enflé » ou « le gonflé » ou « le bras d’or ».
 
Art.6 : Les membres sont autorisés à s'unir en groupes, sous-groupes, fractions et schismes (le cas échéant réduits à un effectif d’un seul membre), selon leurs affinités familiales, raciales, linguistiques ou confessionnelles, pour autant toutefois qu’ils ne versent pas dans le déviationnisme et le fractionnisme.
 
Art.7 : Tout recrutement de nouveaux membres se fait par cooptation et à l’unanimité. Les candidatures sont présentées par aux moins deux parrains, membres anciens et soumises au Conseil des Sages, constitué par les membres fondateurs et les membres d’honneur d’origine. Toute nouvelle candidature est toujours refusée.
 
Art.8 : L’exclusion indigne est décidée sans vote, mais à la majorité qualifiée, par simple expulsion.
 
Art.9 : Au cours de chaque réunion plénière annuelle, est désigné un dictateur, chargé de la responsabilité de l’organisation de la réunion suivante. Les décisions du dictateur sont irrévocables et sans appel.
 
Art.10 : Le dictateur peut s’adjoindre, sans pour autant pouvoir se dérober à ses responsabilités, un dictateur-adjoint. Ce dernier n’a pas la qualité de successeur.
 
Art.11 : Le point de départ de toute réunion plénière se situe à la Taverne Waterloo - Porte Louise à Bruxelles, dans le principe et sauf si le dictateur en décide autrement.
 
Art.12 : Le dictateur s’occupe, sous sa responsabilité :
- de convoquer les membres à la date qu’il a arrêtée.
- de choisir l’endroit, l’itinéraire, le local, le menu et les vins.
- de trouver gîte, distractions et logement pour tous les participants.
- d’arrêter le thème de la journée d’études-réunion plénière et d’en faire part, par une communication spirituelle, aux participants.
 
Art.13 : A l’issue de l’assemblée plénière, le dictateur est jugé sur ses actes par l’assemblée. Ce jugement est sans appel.
 
Art.14 : Les apéritifs sont joués au chasse-cœur et, à la rigueur, à la belote.
 
Art.15 : Les lits et les logements sont tirés au sort, au pitjesbak.
 
Art.16 : Au cours de la réunion plénière, les membres font des communications réfléchies sur le thème arrêté par le dictateur ou sur tout autre sujet compatible avec les objectifs de l’association.
 
Art.17 : Au cours de la réunion plénière, il est porté des toasts divers et répétés. A l’issue des agapes, est effectué le salut au drapeau, par tous les membres debout, le chef découvert. Les membres entonnent alors en chœur l’hymne des Népelés (Musique de Jujube - paroles de Popoff). Le drapeau est ensuite remis au nouveau dictateur qui en a la garde et la responsabilité jusqu’à l’année suivante.
 
Art.18 : A l’issue des gueletonnades et libations, la pratique du poker est admise, mais non encouragée, mais pas pour de l’argent.
 
Art.19 : Aucune infraction aux présents statuts ne peut faire l’objet de sanctions quelconques, sauf celles qui seront décidées par l’assemblée.
 


Ce document provient du Service Archives, Patrimoine
et Collections spéciales de l'ULB.
50 avenue Franklin Roosevelt à 1050 Bruxelles.