samedi 3 août 2019

Vadrouilles du Népelé, noyau de la Résistance

Une photo du Népelé prise en vadrouille, c'était déjà un scoop pour ce cercle intime qui marquera l'histoire belge mais ne laissera que peu de traces aux Archives de l'ULB. Alors une photo avec le drapeau de la société, c'était inespéré ! Cette jolie découverte nous a été communiquée par B.n..t Bacchus P.nc.n.

Le Népelé, fondé vers 1935 si l'on en croit les statuts dont on dispose, n'a plus intronisé d'étudiants après la Seconde guerre mondiale. La photo a donc sans doute été prise entre 1935 et 1937 (les festivités de la Saint-Vé ayant été annulées à partir de 1938).

Une photo unique

La photo - reproduite en carte postale - nous montre un groupe de Népelés avec penne et béret à la Saint-Verhaegen, dans le centre de Bruxelles. Dans la calèche, en robe de juge, nous pensons reconnaître l'ex-président du Cercle de Droit, Henri Neuman.

Le drapeau porte un buste d'étudiant en casquette, encadré de cartes à jouer (à gauche) et d'un tonneau (à droite). Il est souligné du nom du cercle et surmonté d'une broderie difficile à lire ; il s'agit peut-être du L d' "ULB". La hampe du drapeau arbore une chope de bière.


Document transmis par B.n..t Bacchus P.nc.n
Cliquez sur la photo pour l'agrandir.




C'est une scène on ne peut plus joyeuse. C'est un drapeau on ne peut plus estudiantin… Et pourtant, quelques années plus tard, le Népelé - qui doit son nom aux initiales de ses fondateurs (Nayrinck, Penninck et Lepoivre) - constituera l'un des noyaux de la Résistance belge


Quatorze des 37 Népelés connus font partie des Résistants mentionnés dans "Avant qu'il ne soit trop tard". D'autres membres s'engagèrent sans doute aussi contre les nazis mais nous n'en avons pas encore la certitude.

En tout cas, trois d'entre eux dirigeront le Groupe G, réseau né à l'ULB : Henri Neuman (ex président du Cercle de Droit, cofondateur du réseau), Christian Lepoivre (ex président du Librex, parachuté de Londres) et René Ewalenko (ex président du Cercle Solvay, responsable du Matériel au G).

C'est l'engagement de ces Anciens durant la Seconde guerre mondiale qui rend leur photo de Saint-Verhaegen - pleine de joie de vivre - d'autant plus touchante.

Des guindailles des Népelés


Des activités folkloriques d'avant-guerre des Népelés, on ne sait rien, pour ainsi dire. Un article du Bruxelles Estudiantin d'avril 1953, signé par Roger, le patron de la Jambe de Bois, nous livre cependant quelques informations complémentaires : "Remontons la rue des Bouchers : à gauche, un cul-de-sac et l'enseigne du "Caillou qui bique", local favori des "Nez pelés". Un jour, ces redoutables baptisèrent une poule en pompe et costume. "Ursule", tel fut nommé le volatile, fut promenée sous le nez des bourgeois terrorisés ; le jeu favori des "Nez pelés" était de rencontrer un poil assoupi un soir de bacchanale, de lui passer délicatement la tondeuse le long du crâne ; ah oui ! ils coupaient aussi les cravates bien avant Patachou. Pendant les hostilités, nombre d'entre eux venaient se restaurer entre deux sauts de parachutes au "Caillou", siège facultatif du groupe G".

Ce témoignage est lui aussi émouvant car, même pendant la guerre, les Népelés restèrent fidèles au cabaret qu'ils avaient aimé pendant leurs années d'insouciance.