lundi 21 décembre 2020

Cérémonie du Krambambuli, selon le Clysopompe

C'est en 2014 que la Société du Grand Clysopompe relance à l'ULB la très vieille tradition du punch flambé, célébré dans cette même université de 1859 à 1938, d'après les archives retrouvées.

Le rituel de la SGC saluant la dégustation de ce breuvage, aussi appelé Krambambuli dans les sociétés commentiques, s'inspire de ceux pratiqués dans certaines corporations germanophones.

Au cours de la cérémonie, le Magister Krambambuli (coiffé d'une cagoule rouge, évoquant les flammes du punch) convoque, l'un après l'autre, le personnage du Vin (coiffé d'un chapeau buse et porteur de feuilles de vigne), celui du Rhum (déguisé en pirate) et celui du Sucre (coiffé d'une toque de cuisinier). Il les fera s'asseoir sur les trois sièges placés au centre de la corona, autour de la marmite. Chaque personnage porte un petit verre, qui contient respectivement du vin, du rhum et du sucre.

Photo Société du Grand Clysopompe,
Krambambuli de 2016.

Lorsque mélange de vin chaud et de sucre est prêt ainsi que le rhum chaud, la pièce est plongée dans le noir. Seule la bougie du Magister Krambambuli reste allumée.

La cérémonie débute alors, telle une pièce de théâtre. C'est d'ailleurs pour cette raison que, à l'initiative du Clysopompe, le Krambambuli a été joué en 2017 au Théâtre royal de Toone, le célèbre théâtre de marionnettes de tradition populaire bruxelloise.


 
1. Magister Krambambuli :
Silentium ! 
Moi, Magister Krambambuli, suis apparu.
Trois sièges sont vacants.
Et trois éléments composent le Krambambuli : le Vin, le Rhum et le Sucre.
Précieux Vin, apparais devant moi !

2. Le Vin :
Salutations, Seigneur ! 
Mon arrivée annonce le bonheur.
Vin est mon nom et ma puissance.
En moi vit la sagesse.
Le sceptre du Krambambouli me revient : je suis le corps de la boisson.
Nourri d'une terre fertile, mûri au soleil, moi, le Vin, j’égaie la vie !
Dixi !

3. Magister Krambambuli :
Belles paroles ! Mais le Rhum, aussi, est important.
Rhum, apparais devant moi !

4. Le Rhum :
Salutations, Seigneur ! Et salutations, Camarades !
Mon arrivée annonce les réjouissances.
Rhum est mon nom et ma lumière.
En moi sommeille l'étrange.
Le sceptre du Krambambuli me revient : je suis le feu de la boisson.
Bercé par la mer, rougi par le soleil, moi, le Rhum, j’apporte la passion.
Dixi !

5. Magister Krambambuli :
Tes paroles m'enchantent mais « Tres faciunt collegium ».
Sucre, apparais devant moi !

6. Le Sucre :
Je vous salue, Seigneur ! Compliments à tous les buveurs ici présents.
Mon arrivée annonce la chaleur.
Sucre est mon nom et ma douceur.
Je couronne et je lie le Vin et le Rhum.
Le sceptre du Krambambuli me revient : je suis l'épice de la boisson.
Gorgé de vent et de soleil, blanc comme neige, moi, le Sucre, je célèbre la légèreté de la vie.
Dixi !

7. Magister Krambambuli :
Bien parlé, Sucre !
Mais à qui revient la palme ?
Au Rhum ? Au Vin ? Au Sucre ?
Elle revient au trois.
Car tous trois nous donnent le meilleur d'eux-mêmes.
Levez-vous et brassons ensemble le Krambambuli selon l'antique recette d’Eulalius Bombastus Cirrhosius de Lagerberg.

(Après quoi, le Magister Krambambuli fait signe d'apporter le punch au centre de la corona. Puis il indique au Vin, au Rhum et au Sucre de verser tour à tour le contenu de leur tasse dans la marmite.)

On verse les éléments l'un après l'autre, ici le sucre.
Photo Société du Grand Clysopompe,
Krambambuli de 2016.

8. Magister Krambambuli :
Que l'on amène le chaudron ! 
Ajoutons-y le meilleur du vin, de l'eau des Tropiques et du sucre !
Du vin, prenons la couleur.
(On verse alors un petit verre de vin.) 
Du rhum, prenons la force.
(On verse ensuite un verre de rhum.) 
Du sucre, gardons la douceur.
(On verse enfin un petit verre de sucre.)

Mélangeons les éléments et allumons-les de notre lumière.

(On procède ensuite à l’allumage du Krambambuli.) 

9. Magister Krambambuli :
Le vin naît du soleil.
Le rhum naît du soleil.
Le sucre naît du soleil.
Soleil, sans qui rien ne vit,
donne force au Krambambuli !

(Le rhum est versé sur le pain de sucre et coule dans le vin chaud.
On allume alors rapidement le punch.
Et on mélange le punch en cascades dans la casserole pour maintenir la flamme vivante et haute.)

Le pain de sucre.
Photo Société du Grand Clysopompe,
Krambambuli de 2016.

Le rhum, préchauffé, est versé sur le pain de sucre.
Photo Société du Grand Clysopompe,
Krambambuli de 2016.
 
10. Magister Krambambuli :
KRAMBAMBULI !
Ô flamme bleue, vis, grandis et fleuris dans la nuit !
Et chante !

(Avec la louche, on verse le punch en cascades enflammées dans la casserole.)




(Pendant que le punch brûle, le Magister Krambambuli invite la Corona à chanter le chant du Krambambuli soit en néerlandais soit en anglais.) 

11. Magister Krambambuli :
Le chant du « Krambambuli » ! 
Ad cantandum verbum habetis ! 

(A la fin du chant, le Magister Krambambuli énonce les lois du Krambambuli.) 


12. Magister Krambambuli :
Cantus ex !
Silentium Strictissime ! 

L’antique Krambambuli ère parmi nous. Aussi, je proclame pour cette nuit le règne de Krambambuli. Et je déclare l'état d'urgence et vous fais part des vieux et honorables articles de loi en vigueur en temps de guerre.

1 : Le Royaume de Krambambuli s’applique à tous les Camarades et à toutes les créatures ici présentes, qu'elles marchent, rampent ou volent. Les frontières du Royaume sont les murs, le sol et le toit de cette salle.
2 : Le breuvage est le Krambambuli. Celui qui n’en boit pas sera banni du Royaume, à moins qu'il ne soit malade de la rate, du foie, de la vessie ou de la tête.
3 : On ne peut quitter le Royaume, sauf pour aller manger, pisser ou chercher des breuvages.
4 : Tout retardataire sera puni d’un verre de Krambambuli.
5 : Le breuvage ne sera pas gaspillé, sous peine de punitions sévères.
6 : Roter, péter, chialer et bavarder sont interdits durant le Silentium.
7 : On ne mange pas dans le Royaume.
8 : Si quelqu'un enfreint les règles, il sera privé de breuvage durant une demi-heure.
9 : Krambambuli a délégué ses pouvoirs au Magister, son fidèle serviteur.
10 : Le Royaume cesse d'exister lorsqu’il n'y a plus de breuvage.
Qu’il soit fait ainsi !

(La Corona chante alors « Le Punch » sur l’air de Lolotte.) 

13. Magister Krambambuli :
Et maintenant, chantons le « Punch » !
Ad cantandum verbum habetis !

Voyez ici le tournoiement des flammes,
Du punch brûlant le beau soleil nouveau
Qui va bientôt incendier nos âmes,
Première ivresse au sortir du tombeau.
Allons amis, que nos chansons s'égrènent
Et que gaiement on célèbre Bacchus.
De liberté que nos âmes s'éprennent ;
Pour nous vieux Poils, c'est la fin du blocus.


(A la fin du chant, le Magister Krambambuli annonce le service du punch.) 

14. Magister Krambambuli :
Cantus ex !
Camarades, videz vos verres. Faites de la place pour le breuvage divin.
Colloquium !

(La séance est alors ponctuée par l'un ou l'autre monôme haut en couleur.)

samedi 19 décembre 2020

Deux châsses et deux médailles du Clysopompe

En 1938, l'Association générale des étudiants de l'Université libre de Bruxelles fait frapper la première médaille de Saint-Verhaegen depuis les festivités des 75 ans de l'Alma Mater en 1909. Longtemps, les collectionneurs ont pensé qu'y figurait la trogne d'un étudiant parmi d'autres. Si ce n'est que la mise de celui-ci intriguait.

Suite à la découverte de photographies conservées aux service des Archives de l'ULB, nous avons pu éclaircir ce mystère : la médaille représentait en réalité Zéphyrin, le géant de 5 mètres réalisé par le Cercle polytechnique à l'occasion de cette même Saint-Vé. On reconnaît la trogne, le col amidonné de la chemise et la lavallière du géant.

Zéphyrin porte la penne noire du Cercle polytechnique.
La bande rouge et verte (aux couleurs de Bruxelles)
est celle qui ceignait la penne.
AGEB sont les initiales de l'Association générale des étudiants de Bruxelles.

Le géant Zéphyrin, construit en 1938 par le Cercle Polytechnique. 

La Société du Grand Clysopompe s'est inspirée de ce lien entre char de Saint-Verhaegen et médaille commémorative. En 2017, suite à la suppression des camions lors du cortège de Saint-Verhaegen, la SGC réalisait sa première "châsse". Celle-ci - véritable reliquaire - contenait une penne d'étudiant où brûlait la flamme du Krambambuli

Ce punch flambé, réintroduit par le Clysopompe après 80 ans d'absence, incarne l' "âme estudiantine", faite de joie et de cérémonies. Ce qui justifiait sa présence dans la penne.

La médaille frappée à cette occasion reprenait la penne enflammée et citait un vers du chant du Krambambuli : "Toujours fidèle et sans souci".

Notons au passage que ce vers faisait allusion à la violence religieuse qui venait de frapper Bruxelles. La terreur n'avait pas réussi à éteindre la flamme des étudiants : ils étaient restés insouciants et fidèles à la libre pensée.




En 2018, la châsse du Clysopompe représentait une salamandre. La salamandre est également le nom donné une cérémonie de l'afond, également remise à l'honneur par la Société du Grand Clysopompe.

Il n'en fallait guère plus pour honorer cet amphibien, aussi à l'aise dans la bière que dans un air de chanson. Relevons que, selon la légende, la salamandre vit dans le feu. Le feu de la guindaille, il va de soi.


Telle que figurée dans la châsse, la Salamandre repose sur un lit de braises, éclairées par dessous. Le feu de la guindaille est quant à lui nourrit par des chants (symbolisés par un chansonnier), de la bière (contenue dans une chope) et des cérémonies (représentées par un clystère, employé dans les rituels de la Société du Grand Clysopompe).

Des lumières leds éclairent les braises par en dessous.


Alimentant le feu de la guindaille, un chansonnier
(un Carpe Diem, avec le blason de la Guilde Polytechnique),
une chope (avec le blason du Clysopompe)
et un clystère (symbole des cérémonies du Clysopompe).

De nuit, les lumières sont visibles sous les braises.


vendredi 27 novembre 2020

Des médailles de Saint-Verhaegen, par Clarence

Qui dit Saint-Verhaegen dit médailles. Et depuis 1982, Francis Clarembaux, alias Clarence, en a fait frapper un très grand nombre à l'occasion des festivités du 20 novembre.

S'il fallait les présenter en quelques mots, nous pourrions dire que ses médailles se distinguent des autres par trois traits.

Tout d'abord, si depuis les années 1970 l'actualité chaude (ou tiède) est évoquée par les médailles de l'Association des cercles facultaires et de l'Association des cercles étudiants, c'est par contre l'éternel Etudiant et son biotope qui sont principalement convoqués dans celles émises par Clarence (qui perpétue en cela la tradition des médailles officielles de 1938 à 1970).

Ensuite, les médailles frappées par Clarence se reconnaissent par leur taille (souvent grande), leur forme (souvent inhabituelle) et par le nombre de variations de couleurs (qui rappellent parfois celles d'un Cercle facultaire, d'un Ordre ou d'une Corporation).

Enfin, les médailles de Francis Clarembaux comportent de nombreuses allusions aux Ordres secrets, aux Corporations et à la Franc-Maçonnerie (dont l'une des loges - les Amis Philanthropes - participa activement à la naissance de l'Université libre de Bruxelles).

Il serait difficile de présenter en un seul articulet l'ensemble des insignes de Saint-Vé réalisés par Clarence. Nous avons choisi - arbitrairement - de n'en montrer que deux séries. Ainsi que cinq autres pièces qui se démarquent. Vous trouverez de nombreuses autres créations de Clarence sur le site Collectionnes Studenticae.

Gageons que ces quelques médailles donneront des idées amusantes aux Poils et Plumes pour ponctuer de couleurs vives les prochaines Saint-Vé ! L'avenir est à nous, morbleu ! L'avenir est à nous !

Un tout grand merci à J.n. V.n d. V.l pour les photos de sa collection.

Une provocation dans la chope

"Dieu existe !" Cette affirmation a priori provocatrice, dans une Université où nombre d'étudiants se revendiquent athées, permet de taquiner quelques monstres sacrés typiquement ULBistes. Les différents Ordres y sont représentés. Il ne manque que celui des Truands (fondés en 1951).

Cette série, dessinée par Serge Gisquière, a été frappée en 1985 chez Chaubet, à Saint-Gilles. Les médailles ont la forme d'une chope à anse, coiffée de sa mousse. Elles font 4 cm de large sur 5 cm de haut.

Collection de J.n V.n d. V.l
A la gauche de Dieu figurent l'équerre et le compas des francs-maçons,
ce qui laisse penser qu'il s'agit en réalité du Grand Architecte de l'Univers.

Collection de J.n V.n d. V.l
Dieu ressuscité sous les traits d'un Frère
de l'Ordre des Macchabées (fondé en 1918).

Collection de J.n V.n d. V.l
Dieu serait le Senior de la Corporatio Bruxellensis (fondée en 1968),
Il est représenté par le Zirkel de celle-ci.
La médaille est aux couleurs de la Corporation.

Collection de J.n V.n d. V.l
Dieu serait-il un Frère de l'Ordre du Phallus (fondé en 1969) ?
"Il est des nôtres", proclame en tous les cas l'étudiant,
qui remplace un "ô" par un phi (symbole du Phallus).

Collection de J.n V.n d. V.l
Dieu serait ici un Frère de l'Ordre des "Dindons" (fondé en 1979).
La légende précise qu'il serait le dindon de la farce
comme Super H.H., qui n'est autre que le Recteur Hervé Hasquin.

Collection de J.n V.n d. V.l
Dieu serait un Frère de l'Ordre des Chauve-Souris (fondé en 1981).
Notons le joli jeu de mot.

Collection de J.n V.n d. V.l
Autre sympathique "provocation" de Clarence :
Dieu serait un Camarade calotté
de l'Ordre studentyssime, venesrable et très magnifique
de François Villon de Montcorbier (fondé en 1948),
A moins que Dieu ne soit Villon lui-même,
représenté par le monogramme de l'Ordre ?

Il faut sans doute également lire un calembour :
en 1985, au Cimetière d'Ixelles, existait le "Villon",
un bistrot de guindaille, au nom du poète truand et étudiant.

Collection de J.n V.n d. V.l


Tout un fromage pour l'ULB

Cette série, dessinée cinq ans plus tard par Gérard Collard, parle d'elle-même. Toute la famille de l'Alma Mater y représentée. Ces... six quarts de cercle sont de 3 cm de côté.


Collection de J.n V.n d. V.l

Collection de J.n V.n d. V.l

Collection de J.n V.n d. V.l

Collection de J.n V.n d. V.l

Collection de J.n V.n d. V.l
Cette médaille se démarque des autres par les couleurs
de la Corporatio Bruxellensis, versées avec une négligence feinte.
Cet austère franc-maçon a la bouche en équerre et le nez en forme de compas. 

Collection de J.n V.n d. V.l


Des découpes hors normes

En 1998, cette bouteille (ici aux couleurs - bleu et rouge - de la Corporatio Bruxellensis) est en réalité la version découpée d'une médaille plus grande.


Collection de J.n V.n d. V.l
Dans une des variantes, le visage de l'étudiant est au naturel
et la penne est blanche à visière noire.

Collection de J.n V.n d. V.l


Clarence a utilisé le même procédé de découpe dans d'autres médailles.

Ainsi la "Crucifiée", dessinée en 1993 par Isabelle de Ruysscher, existe en deux versions : l'une en forme de cercueil et l'autre - extraite de la première - en forme de croix.

Collectiones Studenticae et photo de Klaas Chielens.
La médaille existe dans différentes couleurs.
On retrouve ici le Zirkel de la Corporatio Bruxellensis,
le point d'exclamation propres aux corporations
le 13 des Frères Macchabées, des initiales propres à l'Ordre du Phallus
ainsi que l'équerre et le compas des francs-maçons.
Il existe également une version avec un Poil de l'ULB,
dont la penne porte un phi de l'Ordre du Phallus.


La médaille suivante, éditée pour les 30 ans de la Corporatio Bruxellensis, comporte également deux versions. La première est composée de l'étudiant et du fond bleu. La seconde - découpe de la précédente - n'est composée que de l'étudiant.

On notera par ailleurs que cette médaille est la première où apparaît un band, ce ruban porté par les Corporations et les Gildes étudiantes.

Touche d'humour : ce commilito de la Corporatio Bruxellensis met triomphalement le pied sur un tonneau marqué du Zirkel de la Corporatio Brabantia Bruxellensis, société rivale.

Photo de Francis Clarembaux.
Les dates sont données en années maçonniques :
il faut bien entendu lire"1967-1997".
Le zéro du 30 est remplacé par un phi de l'Ordre du Phallus.

Collectiones Studenticae. Photo de Klaas Chielens.


Des médailles (trois petits points)

Cette médaille a été frappée en 1988 (chez Chaubet) à l'occasion du centenaire du cortège de Saint-Verhaegen. C'est à ce centenaire que fait référence la mention "un siècle d'Art royal" (art de l'architecture, cher aux francs-maçons).

La médaille a une forme d'équerre, l'un des symboles de la Franc-Maçonnerie. Quant à l'éléphant, dont la présence peut sembler a priori incongrue, il est le symbole de la loge maçonnique des Amis Philanthropes, qui fut l'un des moteurs de la fondation de l'ULB. Enfin le chiffre 33 rappelle le nombre de degrés du rite écossais ancien et accepté pratiqué par certains maçons.

On retrouve le point d'exclamation qui achève l'expression Vivat Crescat Floreat !, propre aux corporations étudiantes. 

Serge Gisquière, en étirant la longue trompe du pachyderme et la longue visière de la penne, exploite avec humour la forme et l'espace intérieur de cette d'équerre de 5 cm de côté.


Collection En Bordeaux et Bleu.

Cette dernière médaille, en escalier (de 5 cm de large et de haut), dessinée par Gisquière en 1989, ironise sur les magouilles que l'on prête aux Ordres estudiantins ainsi qu'aux loges maçonniques.

Sur les différentes marches, on retrouve d'ailleurs le phi de l'Ordre du Phallus, le 13 des Macchabées et le point d'exclamation spécifique aux Corporations. A quoi il faut ajouter l'équerre et le compas des francs-maçons, le symbole du Royal Arch (un grade maçonnique), le 33 (du rite écossais ancien et accepté, évoqué plus haut) et enfin la croix du Chevalier bienfaisant de la Cité sainte (un autre grade maçonnique). On s'étonnera d'ailleurs de trouver autant de symboliques maçonniques sur une médaille destinée à des Poils et Plumes.

Mais, au fait, de quelles magouilles est-il question quand on sait que les étudiants passent en réalité leur temps à guindailler et à siffler des bières ?

Collection En Bordeaux et Bleu.

mercredi 18 novembre 2020

69 ans : un disque, des Fleurs et une médaille truandesques

A l'occasion des 69 ans de la Truandaille, une archive sonore du milieu des années 1960 a été exhumée. Elle a été mise en ligne pour le plaisir de vos esgourdes : il suffit de suivre les liens et de remonter le temps en suivant ce fil d'Ariane. Un disque a donc été ramené à la vie... Mais une médaille de Saint-Verhaegen a aussi été frappée par les Truands de la Coquille.

Un vinyle 

Commençons par le disque... Bien qu'ils l'aient enregistré en studio, les Truands voulaient que l'ambiance de leur 45 tours fût proche de celle d'une guindaille. L'exercice, difficile, est assez concluant.

Parmi les titres accompagnés d'un accordéon, on retrouve "La Marche des étudiants", hymne de la Truandaille. Ce chant, rédigé en 1919 par Paul Vanderborght, était à peu près tombé dans l'oubli lorsque la Confrérie le ressuscita en 1951.

Aujourd'hui, ce chant magnifique s'est diffusé au-delà d'un cercle restreint d'étudiants. Et la qualité des vers de Vanderborght (poète aujourd'hui trop oublié) lui vaut d'être entonné lors de tous les cantus des Guildes de l'Université libre de Bruxelles.

Les amateurs de chanson estudiantine remarqueront cependant que le rythme de cette "Marche des étudiants" reprise sur le vinyle est légèrement différent de celui d'aujourd'hui. C'est pourtant toujours sur le rythme old school que les Anciens de l'Ordre l'entonnent de nos jours.

On entendra également ici l'incontournable "Pendu", qu'aurait sans doute volontiers brailler le poète François Villon. On remarquera tout de suite que ce chant traditionnel est étrangement amputé de son troisième couplet.

Les microsillons ont aussi immortalisé le fameux "Hallelujah !". On répète ce dernier cinq fois en tournant les mains selon le tempo (comme des marionnettes) ; puis l'on fait semblant de tirer une ancienne chasse d'eau (comme une manette de train à vapeur) en émettant le son de la chasse.

A ces cantiques sacrés, on peut ajouter deux chansons paillardes classiques, "Trim-troum-tram" et "Le Pou et l'Araignée", ainsi qu'une troisième désormais sortie des chansonniers : "Les couilles à Stef" .




En plus d'une expression propre à la Confrérie, la pochette du disque reprend une gravure illustrant la "Ballade des Pendus", extraite du "Testament" de François Villon, publié en 1490.

Quant au titre du disque, "Folastres Chansons & Couplets de haulte Gresse Goualés par les Ribauds", il fait écho à des expressions reprises dans la préface des "Fleurs du Mâle" de 1965.

Dans cette édition du chansonnier, figurent en effet les mêmes termes - et d'autres - estampillés truands, soulignés par nous : "Vous trouverez ici colligée [...] par nos linguistes les plus éminents, la plus fine fleur des chansons escholières, truandiques, gaillardes, paillardes, ribaudes, primesautières, ordurières, de haute graisse et de bas étage, frisques et de bon aloi [...]. A tous buveurs, gueuleurs, gens de joyeuse compagnie au ris clair et à la voix tonnante, salut et pantagruélique guindaille !"

En faisant surgir du passé les voix de vieux Poils, dont certaines se sont tues, ce disque met en évidence que, de Saint-Verhaegen en Saint-Verhaegen, le fil de la guindaille et de la fraternité ne se rompt pas. Malgré les alea de l'Histoire, ces très vieilles chansons nous sont encore connues...

Le chant estudiantin est un pont jeté à travers le temps : le Bleu fraîchement tondu et l'Ancien à quadruple bedaine peuvent se rencontrer au détour d'un refrain, à la pointe d'une rime. Les "Fleurs du Mâle" sont la taverne commune, où chacun peut rire et siffler une chope : reconnaître en l'Autre une même joie de Vivre.

Pour écouter "La Marche des Etudiants" et l'"Alléluia", cliquez ci-dessous sur la photo de Face B du disque. 


Pour écouter "Le Pendu", "Les Couilles à Stef" et "Kom mo binnen", cliquez ci-dessous sur la photo de la Face A du disque.



Des Fleurs

La préface des "Fleurs" de 1965, rédigée par un Truand, reflète assez bien l'esprit dans lequel la Confrérie chantait alors les airs enregistrés sur le vinyle. Aussi la donnons-nous in extenso.

Couverture des "Fleurs du Mâle" de 1965.



Une médaille

Manifestement, les Truands de la Coquille ont également fait frapper une médaille de Saint-Verhaegen pour célébrer leur 69e anniversaire. Celle-ci peut logiquement se regarder dans les deux sens, dans un jeu de miroir, le comitard cagoulé faisant face à l'étudiant penné, le passé s'adressant au présent et le présent souriant au passé.

samedi 14 novembre 2020

Vue aérienne de l'ancienne Alma Mater

Cette vue aérienne, dénichée par le vieux Poil Br.m D.sm.t, est très instructive. Elle permet de situer précisément la vieille Alma Mater, installée dans l'ancien Palais Granvelle. Elle est coincée entre le boulevard de l'Impératrice (qui passe devant sa cour) et la rue des Sols (qui remonte vers l'église et - plus haut - vers le Palais des Beaux-Arts).

Cette vue n'est pas datée mais on peut estimer qu'elle a été prise entre 1926 et 1928, en raison des dates des travaux de démolitions du quartier. A gauche de l'Université, les bâtiments ont déjà été rasés. Et, à droite, l'on distingue la courbe d'une route qui entoure les jardins du Mont des Arts (avant qu'il n'accueille la Bibliothèque royale).

Les bâtiments du Palais Granvelle seront le siège principal de l'ULB de 1842 à 1928, date à laquelle le quartier disparaît définitivement pour laisser la place à la gare centrale et à la galerie Ravenstein. Le déménagement de l'Université au Solbosch est alors - pour l'essentiel - déjà fait depuis plusieurs années.

Carte postale, transmise par Br.m D.sm.t.

Détail de la vue aérienne précédente.

Carte postée en 1906.

Le Poil M.ch.l H.rm.nd nous transmet également cette carte très étonnante, postée en 1930. On y propose la façade du Palais Granvelle à la vente. Qu'est-il, en définitive, advenu de cette façade ?
 

Document transmis par M.ch.l H.rm.nd

Dans son article consacré au Granvellepaleis, Wikipedia indique que les façades de l'ancienne Université sont allées à Woluwe-Saint-Lambert afin de les utiliser pour construire la maison communale. Projet qui ne s'est finalement pas concrétisé. Des pierres dures non taillées ont servi de bordures en 1944, des pierres blanches ont été employées pour une galerie au cimetière de Stokkel et le reste a été vendu à divers particuliers...

O jerum, jerum, jerum !
O quae mutatio rerum !