lundi 23 mars 2020

Du sanatorium universitaire au chansonnier bellettrien

Le village de Leysin, niché dans les Alpes suisses, bénéficie d'un excellent ensoleillement et d'un climat sain. Aussi accueille-t-il des malades de rachitisme dès le 19e siècle.

En 1903, le docteur Rollier s'y installe et établit un premier sanatorium pour enfants tuberculeux. L'importante activité de ce médecin, transforme peu à peu Leysin en station de cure internationale.


Le village de Leysin, à la fin du 19e siècle.


En 1918, le docteur Louis Vauthier, Bellettrien neuchâtelois (actif de 1908 à 1918), lance l'idée d'un Sanatorium universitaire international. Il en sera le directeur de 1922 à 1953. (in "Livre d'Or de Belles-Lettres de Neuchâtel, 1832-1860"). 

Vauthier est soutenu dans sa démarche par la Confédération internationale des étudiants, l'Entr'aide universitaire internationale, la Fédération internationale des femmes diplômées des Universités, la Fédération universitaire des associations chrétiennes d'étudiants, la Fédération universitaire internationale pour la Société des Nations, Pax Romana et l'Union universitaire des étudiants juifs.


Le "Bulletin technique de la Suisse romande" du 8 mars 1930 explique le but de ce sanatorium international était de "grouper et de guérir, dans une atmosphère familiale et studieuse, des étudiants et des professeurs de tous pays, atteints de tuberculose curable ou prédisposés à cette maladie. Installé sans luxe inutile mais suivant les exigences de la science moderne, ce Sanatorium devait, en effet, procurer à ses hôtes les moyens de poursuivre, au moins partiellement, leurs études et leurs travaux avec une certaine méthode et dans un esprit d'entraide et de collaboration internationale."




Les Archives de l'Université de Genève précisent qu' "Avec la découverte de la streptomycine, un dérivé de la pénicilline et les antibiotiques, le traitement de la tuberculose fut radicalement transformé, marquant le déclin de la Station Médicale et la fermeture, dès 1954, de la plupart des sanatoriums. Le Sanatorium Universitaire est vendu en 1973 au Service Suisse du Tourisme pour Etudiants (SSTE) qui le convertit en hôtel pour étudiants, avant d'être démoli en 2006."

Une Revue pour soutenir

En mars 1929, le Cercle de Droit, le Cercle des Sciences, le Cercle Polytechnique de l'ULB, membres de l'Union nationale des étudiants de Belgique, soutiennent eux aussi le projet du docteur Vauthier : ils montent la Revue "A l'Eau l'inter...", dont les bénéfices iront au Sanatorium universitaire de Leysin.

Les 3 actes sont en réalité d'anciennes Revues remises en forme : "C.D. c... IIe !!! ou Les Poils se redressent", "Les Bleus ont soif" et "Qu'est-ce que le C.P. ? Une vaste... chose".






Séjour à la montagne et passage à Lausanne

Lorsqu'en 1945, des Poils de l'ULB passent leur convalescence dans les Alpes suisses, ce n'est cependant pas au Sanatorium universitaire de Leysin qu'ils séjournent : ils sont hospitalisés à quelques kilomètres de là, au sanatorium des Diablerets, avec l'appui du Fonds européen de Secours aux étudiants.


Le village des Diablerets, vers 1900

La Société de Belles-Lettres possédait un chalet, le Revenandray, sur les hauteurs du village des Diablerets. Les ULBistes y ont-ils rencontré les Bellettriens ? L'histoire ne le dit pas.


Il est par contre certain que les Poils de Bruxelles rencontrèrent bien des Bellettriens à Lausanne. Et ce fut pour les étudiants suisses l'occasion de découvrir notre répertoire de chansons paillardes, ainsi que le relève le Bruxelles Universitaire d'octobre 1945.

C'est sans doute de cette rencontre que naîtra quinze ans plus tard "Le Vray Antiphonaire bellettrien", dont la table des matières ressemble pour l'essentiel à celle des "Fleurs du Mâle" de l'époque.




Bruxelles Universitaire, octobre 1945.

dimanche 22 mars 2020

L'antiphonaire bellettrien

En 1945, des étudiants de l'Université libre de Bruxelles sont hospitalisés dans le village montagnard des Diablerets, à deux pas donc du chalet de la Société de Belles-Lettres. Les étudiants suisses ont-ils rencontré leurs homologues belges à la montagne ? L'histoire ne le dit pas.

En tout cas, des Bellettriens ont rencontré des ULBistes à Lausanne. Et là, les Belges leur ont communiqué leur goût pour le chant paillard. Si les Bellettriens disposaient de chansonniers très riches (et très sages), ceux-ci étaient alors tombés dans l'oubli.

Aussi, le Bruxelles Universitaire du 26 octobre 1945 peut-il indiquer : "les Poils de Lausanne ne connaissent presque pas de chanson et grand fut leur enthousiasme quand un groupe d'étudiants, venus passer en Suisse un congé de convalescence, leur entonna, une heure durant, le répertoire des "Fleurs du Mâle" agrémenté de quelques nouveautés non transcrites ! Les chants des Universités de Bruxelles et de Liège les intéressaient à tel point qu'ils en ont copié les paroles."

C'est très probablement de cette rencontre que naîtra "Le Vray Antiphonaire bellettrien". Publié en 1959, ce chansonnier est une petite perle. D'une part, les auteurs ont vérifié les vers de chaque chanson, comparé les variantes... Néanmoins, l' "Antiphonaire" reprend pour l'essentiel les chants publiés dans l'édition de 1945 des "Fleurs du Mâle".

L'historien appréciera que la classification décimale ait été choisie pour placer chaque titre de chanson à sa juste place dans la table des matières. L'historien de l'art appréciera lui les dessins légers qui agrémentent ce chansonnier.




























La Société de Belles-Lettres a toujours été en conflit bon enfant avec celle de Zofingue. Les membres de "Zof" sont représentés ici avec leurs vestes à brandebourgs, leurs hautes bottes et leurs rapières. Au mur, figure la fameuse carte de la "Mer d'Azof" .