mercredi 18 mars 2020

Bierzipfel ? Santé !

Après avoir lutté contre la domination française en 1813, les étudiants allemands fondèrent des confréries de tendances libérales (entendez démocrates) : les Burschenschaften (aujourd'hui passées - à de rares exceptions - à l'extrême droite).

Les revendications étudiantes, de plus en plus virulentes, se diffusent à travers la Confédération germanique. Ce qui n'est pas du goût des autorités. Aussi, lorsqu'en mars 1819, un étudiant en théologie assassine le dramaturge réactionnaire August von Kotzebue, les autorités saisissent l'occasion pour renforcer leur contrôle des universités.

Par les Décrets de Carlsbad, édictés en septembre 1819, elles décident notamment d'interdire les confréries étudiantes secrètes. C'en est fini des Burschenschaften, dont certaines basculent dans la clandestinité.

En raison des risques encourus, les étudiants n'affichent dès lors plus leurs casquettes ni leurs bands. Ils laissent néanmoins paraître au gilet un morceau de ce ruban aux couleurs de leur confrérie. Ce signe de reconnaissance permit ainsi à ces jeunes libéraux de garder contact entre eux. Telle serait l'origine du Bierzipfel. Notons que les vulgos, surnoms étudiants, seraient également nés lors de cette période de répression : ces vulgos devaient permettre de se prémunir contre une dénonciation.

Selon d'autres sources, le Bierzipfel serait en réalité une châtelaine, permettant d'accrocher sa montre gousset.

Toujours est-il que, dans les sociétés commentiques germaniques, les étudiants accrochent désormais leur Bierzipfel à leur verre, afin de l''identifier facilement et d'éviter la transmission de maladies... Il s'offre en général entre sociétaires, aussi voit-on souvent gravés sur ceux-ci les noms des deux amis.

Les Codex de certaines confréries étudiantes belges prévoient encore un autre usage, qui s'approche néanmoins du précédent. A titre d'exemple, l'Ordre académique de Saint-Michel prévoit ainsi que : "Tout commilito est tenu de porter sa bierzipfel en permanence. Celui qui manque à cette règle est atreint à une dette d'honneur (Codex, Appendice V)". Dans ce cas, le Bierzipfel est en général porté à la ceinture. Il n'est pas seulement une façon d'afficher son appartenance à une corporation étudiante mais aussi une façon de rappeler celle-ci à son porteur. Sous peine de payer une tournée générale à ses confrères...


Bierzipfel de la Société de Belles-Lettres, 1945.
Collection "En Bordeaux et Bleu" 

Avers gravé de la mention :
"L.M. à R.S., 3 février 1945"

Bierzipfel de la Société de Belles-Lettres, sans date.
Avec écu et devise de la Société.

Et les noms des confrères A. Gonsel et L. Furet

ayant offert les plaques d'amitié à C. Wihault.
Collection "En Bordeaux et Bleu".

Carte postale de la Société de Belles-Lettres, sans date.
L'étudiant porte ses couleurs complètes : casquette, band et bierzipfel.

Bierzipfel de Valdesia et de Belles-Lettres,
photo transmise par le bellettrien lausannois V.nc.nt M.r.

Bierzipfel de l'Ordre académique de Saint-Michel, sans date.