mardi 31 janvier 2012

Visions de Saint-Verhaegen

Ce film de la Saint-Verhaegen, heure par heure, est dû au génial Bizuth. Il a été publié dans le Bruxelles universitaire du 15 novembre 1923.

Ce document provient du Service Archives, Patrimoine et Collections spéciales de l'ULB.
50 avenue Franklin Roosevelt à 1050 Bruxelles.

Voici les différentes saynètes, remises dans l'ordre chronologique, avec nos commentaires :
2 heures. Un bleu qui se prépare : Un bleu chauffe sa penne près d'un poêle.
4 heures : La remise de couronne à Verhaegen se faisait alors à l'aide d'une échelle.
5 heures. La garde
6 heures. Oh-hisse ! Oh-hisse !
6h1/2. Pauvre type !  : Le porte-drapeau est pris dans l'étendard du cercle pendant le cortège.
7 heures. Voilà ce qu'il faut.
7h1/2 : Repas
8 heures. La blouse. : La blouse (que nous appelons aujourd'hui tablier) était déjà portée en 1923. Il s'agit sans doute d'une influence française.
9 heures : Bal organisé par l'Assemblée générale
10 heures : Multiples à-fonds dans les estaminets
Minuit. Les sacrificateurs : Préparation du punch bien chaud
On s'amuse comme on peut !
5 heures. La fin : Un poil se hisse en haut d'un réverbère pour l'éteindre.

Projet de vitrail dédié à sainte Barbe

Ce projet de vitrail dédié à sainte Barbe est signé Bizuth. Il a été publié dans le Bruxelles Universitaire du 1er décembre 1923. C'est la plus vieille version connue de ce dessin.

Sainte Barbe est la patronne du Cercle polytechnique. Les initiales du cercle et ses armoiries (le marteau, la pioche et le compas) figurent d'ailleurs au-dessus de sa tête.

Le Bleu, après avoir potassé une pile de bouquins (à droite), est reçu au paradis, parmi les saints... qui sont en fait des profs de l'Ecole polytechnique. Il est agenouillé devant sainte Barbe, qui va le couronner du chapeau buse qu'elle lui apporte sur un plateau. Et l'on sait que la buse est la coiffe préférée des Bleus... Du coup, l'un dans l'autre, on ne sait plus très bien s'il s'agit du paradis ou... de l'enfer.

Remarquez que le Bleu comme sainte Barbe portent des étoiles sur leur penne et non des boulons comme c'est le cas aujourd'hui.


Dessin de Bizuth dans le Bruxelles universitaire du 1er décembre 1923.
Ce document provient du Service Archives, Patrimoine et Collections spéciales de l'ULB.
50 avenue Franklin Roosevelt à 1050 Bruxelles.

dimanche 29 janvier 2012

La dépoirification

Le baptême ne s'est pas toujours appelé de la sorte et n'a pas toujours été l'apanage des sections facultaires de l'Assemblée générale (ce qu'on appellerait aujourd'hui cercles facultaires).

Au début du 20e siècle, cet accueil folklorique au sein de la communauté estudiantine a porté le nom de dépoirification, terme d'argot poilique aujourd'hui complètement disparu. Et était aussi organisé par des sociétés intimes, comme les Nébuleux et les Paradisiaques.

L'Echo des Etudiants du 11 novembre 1909 publie le compte-rendu de la séance de rentrée de la Section Polytechnique, tenue au "Ballon" le 5 novembre 1909. Cet article permet de se faire une idée du déroulement de l'accueil à cette époque : "Bleus, tremblez, l’heure de la dépoirification est arrivée. Notez que dans notre cercle, les microbes de la poire et du bourgeois sont totalement inconnus. Il ne faut pas qu’ils s’y infiltrent. Vous les jeunes, vous êtes tous atteints et c’est pour vous en débarrasser que nous allons procéder au lavage abondant de votre occiput et de vos parois stomacales. S’il en subsiste, la chaleur de nos réunions aura tôt fait des réfractaires."

L'Echo des Etudiants de ce même mois de novembre 1909 rapporte aussi que l’Ordre des Paradisiaques a apporté sa maîtrise "dans les dépoirifications qu’il a daigné entreprendre".

Il est à noter que, dans les Sociétés étudiantes suisses et allemandes, le baptême (appelé ainsi) consiste, tout comme la dépoirification, à verser une bière sur la tête du néophyte après lui en avoir fait ingurgiter bien plus et, particularité, après lui avoir attribué un surnom. Il y a évidemment là à la fois parodie et imitation des termes et des rites chrétiens. Lisez : (Baptême et burschification en Suisse).

jeudi 26 janvier 2012

Manneken-Pis, Poil honoraire de l'ULB

Le 1er décembre 1923, Bruxelles Universitaire, alors "revue bi-mensuelle de l'Association générale des étudiants de l'Université libre de Bruxelles", publie en Une une caricature de Manneken-Pis, fait Poil honoraire. Elle est signée Bizuth.

Ce dessin fait écho à une tradition de la Saint-Verhaegen : dans l'entre-deux-guerres, les étudiants de l'ULB habillaient le plus vieux Poil de Bruxelles le 20 novembre et allaient le saluer en cortège. Pour voir des photos : (Manneken Pis, étudiant honoraire).




Ce document provient du Service Archives, Patrimoine et Collections spéciales de l'ULB.
50 avenue Franklin Roosevelt
1050 Bruxelles

mardi 24 janvier 2012

Amour et détestation des Fuchsen

Dans les sociétés suisses et allemandes, les étudiants néophytes portent le nom de Fuchsen, autrement dit de renards. Bref, ils sont sympathiques mais rusés. Aussi, parfois, sont-ils aimés. Et, parfois, non...

Carte postale envoyée de Friedrichsberg bei Berlin,
le 7 octobre 1903.

Carte postale envoyée à Hannovre,
le 16 septembre 1900.

Baptême et Burschification en Suisse

Un étudiant qui entre dans une Société estudiantine suisse ou allemande est d'abord Fuchs (renard, en allemand). Durant un ou deux semestres, il apprend les rites, les chants et l'histoire de la Société auprès du Fuchs-Major (F.-M., en abrégé) ; il est par ailleurs chargé du service de la bière pendant les séances avec les autres membres du Fuchsenstall (l'assemblée des Fuchsen).

Durant cette période d'apprentissage, il reçoit un vulgo, c'est-à-dire un surnom, au cours du baptème. Et à la fin de sa période de Fuchs, il peut être reçu Bursch (garçon, en allemand) si l'assemblée des Burschen (appelée Burschent-Convent) l'en juge digne. Pour cela, il sera entre autre interrogé sur le Comment (qui comporte les principaux rites de la Société) et sur le Biercomment (qui concerne les rites liés à la boisson).

Les principales règles du Comment sont celles que nous pratiquons en Kneipen et Cantus dans les universités belges. Lisez : (Tenue d'une Kneipe, d'un Cantus) , (Silentium ex ! Colloquium !) et (Réception dans une société d'étudiants)


Le Baptême, selon le Comment de l'Helvetia vaudoise, édité en 1988 :

Art. 130. - Un Fux doit être baptisé d'un vulgo.

Art. 131. - Le baptême a lieu pendant le temps de Fux. Le candidat au baptême choisit à cet effet une commission de 3 Burschen. Chaque vulgo proposé est suivi au moins d'un Ganz bu par le candidat.

Le Fux est tenu d'accepter un des vulgo proposés.

En cas d'incapacité manifeste du candidat à poursuivre le baptême, la Commission peut l'interrompre.

Pendant qu'elle rapporte, la Commission est omnipotente.

Art. 132. - Le baptême ne peut se casser. Une fois baptisé, le vulgo suivra l'Helvétien toute sa vie.

Art. 133. - Une fois que le candidat a choisi son vulgo, le F.-M. procède au baptême. Il récite la formule d'usage : "In nomine Gambrini, Bacchi Venerisque tibi nomen do ... (surnom) ... ; es, sis et eris in Helvetia nostra ... (surnom) ... in aeternum, amen" et baptise en versant une chope sur la tête du néophyte.


La Burschification, telle qu'elle est pratiquée à l'Helvetia vaudoise :

Art. 14. - C'est sur proposition du F.-M. ou de deux Burschen que le B.-C. (Burschen-Convent) statue sur l'admission d'un Fux à l'examen de Burschification.

Art. 15. - L'examen de Burschification comporte trois parties :
a) L'histoire de l'Helvétia ;
b) Chants helvétiens et académiques suivants:1, 2, 4, 6, 7, 9, 12, 15, 17, 18, 34, 35, 48, 55;
c) Statuts centraux, Règlement, Comment et Biercomment. Cet examen a lieu devant la Commission de Burschification.

Art. 16. - La Commission de Burschification est nommée par le Comité.

Art. 17. - Seuls les membres de la Commission procèdent à l'interrogation. Ils prennent leur décision à la majorité simple.

Art. 18. - La Commission de Burschification donne son préavis au B.-C. à qui revient la décision finale. Le B.-C. vote à main levée.

Art. 19. - Pour être burschifié, le Fux doit avoir rédigé son travail de Burschification et être en ordre avec la caisse des Füxe et celle de la section.

Art. 20. - En cas d'échec à l'examen de Burschification, le Fux est réintégré dans le Fuxenstall, mais perd tous les avantages financiers dont il jouissait auparavant.


jeudi 19 janvier 2012

Réception dans une société d'étudiants

Chaque Guilde, chaque Corporation et plus généralement chaque Société d’étudiants dispose de son propre rituel d’intronisation.
Comme il est impossible de décrire toutes les cérémonies, nous présentons l’une d’elles, dont on retrouve des variantes dans différents cercles. Pour simplifier beaucoup, le Fuchs y a le statut de Bleu et le Commilito celui de Poil. Il va de soi qu’on est toujours le Bleu d’un autre…
Les grandes étapes de ce rituel sont les mêmes que celles qu’on retrouve dans les sociétés d’étudiants suisses ou allemandes.
 
Carte de la section bâloise de la Société Zofingia,
envoyée de Bâle, le 9 avril 1919.
Le Fuchs (renard, en français) représente le nouveau membre. 

Installation du local :
Au cours de la réception, parfois nommée baptême dans certaines Guildes et Corporations, les nouveaux étudiants deviennent membres du cercle.
Si les tables sont disposées en U comme pour les Kneipen ou Cantus, une table est ajoutée pour cette cérémonie et transforme le U en carré, tout en ménageant la possibilité pour le Fuchs Major d’entrer dans ce carré.
Si les tables sont disposées en T, la table supplémentaire de cérémonie est alors disposée parallèlement à la barre supérieure du T.
C’est devant cette table de cérémonie, donc à l’extérieur du carré, que les candidats se présenteront.

Présentation des impétrants :
Les parrains portent leur filleul sur le dos et font le tour de la table, tandis que les anciens chantent un hymne d’accueil. Et les conduisent de la sorte devant la table de cérémonie. A la fin de l’hymne, les parrains portent à nouveau leur filleul sur le dos, tournent une seconde fois autour de la table, puis quittent le local.
Cette partie de la cérémonie fait écho à l’entrée des Fuchsen dans de nombreuses Sociétés d’étudiants allemandes, autrichiennes ou suisses : les nouveaux pénètrent dans le local à califourchon sur leur chaise, le Fuchs Major à leur tête.

Réception ou Baptême :
Lorsque les parrains ont quitté le local avec leur filleul, les deux bougies placées sur la table de cérémonie sont allumées. On met aussi sur cette table un crâne humain en plâtre, une cuillère de sel ainsi qu’un ruban (aussi appelé band) et une bière pour chaque impétrant.
Le Fuchs Major se place à l’intérieur du carré et fait appeler les candidats un à un. Ceux-ci sont conduits devant la table de cérémonie par leur parrain.
Le Fuchs Major prononce d’une voix forte : "Fuchs, à genou ! Mets ta main gauche sur notre confrère trépassé, lève la droite et répète après moi :
Ego, Fuchsus colossalus, super hoc caput calvidum et frigidum, jure jurando zwero, omnes coursos brossare, multas virgines amare et kussare, nunquam aquam et limonadem bibere, multos pintos et cigarros, anciennibus afferare. Juro sub hoc symbolum quod si non teneo sermentum ontploffare et stinkendo crevare. Volo jubeoque sic juvet mihi Bacchus."
Le Fuchs Major verse un peu de bière sur la tête du Fuchs (qui est encore agenouillé). Il le recouvre de sa penne. Et lui met un peu de sel sur la langue avec la cuillère.
Le Fuchs Major relève ensuite l’impétrant, lui tend la bière et lui dit : "Ad fundum !"
Quand le verre est vide, le Fuchs Major déclare : "Ego, …, Fuchs Major, te recipio in civitatem amicitiae et in locum fidelitatis, ut sis Fuchs in oboedentia."

Installation du Senior :

Après élection, le président installe son successeur lors de la dernière séance de l'année académique. Après un dernier discours, le président sortant appelle le nouveau président et lui demande en résumé : "Jures-tu de respecter les principes de liberté et de fraternité de (nom de la société) et de porter les traditions qu'ont transmises (noms des différents présidents) ?"

Lorsque le nouveau président à répondu positivement, le Senior sortant reprend : "Ego, ..., Senior, abdico, et te ..., ex autoritate et dignitate, Seniorem nomino, nominatum declaro, declaratum proclamo !" Puis le président sortant donne l'accolade à son successeur, lui cède la place et lui transmet le ruban présidentiel.

Le chant de la société est entonné et une Salamandre est frottée à la fin de celui-ci.

Après cet à-fond en l'honneur de l'ex président, le nouveau Senior retire son ruban et le dépose sur la table. Ce ruban lui sera à nouveau remis par le dernier membre intronisé Commilito, pour confirmer son élection.

lundi 16 janvier 2012

La tenue d'une Kneipe, d'un Cantus

Quelques règles en vigueur lors d'un Cantus ou Kneipe.

Installation du local :

Avant la réunion, l'Intendant veille à ce que tout soit prêt pour la séance. Les Fuchsen (aussi appelés Bleus), désignés par le Fuchs Major (aussi appelé Maître des Bleus), mettent le local en ordre.

Les tables sont placées en U. Le Comité (le Senior, le Censor, le Quaestor et le Cantor Primus) occupe la partie inférieure du U. Les Poils s'installent près du Comité, à l'une ou l'autre table. Les Bleus s'installent en bout de table et le Fuchs Major près d'eux.

Les tables peuvent également être placées en T. Le Comité occupe dans ce cas la partie supérieure du T. Les Poils s'installent de la même manière près du Comité et les Bleus en bout de table, près du Fuchs Major.

Carte postale envoyée de Niederbipp, le 19 avril 1903.

Le Senior après avoir donné un coup de rapière sur la table, annonce :
"Silentium ! Je déclare la Kneipe ex et ouvre ainsi le petit déjeuner !"

Au tableau noir, figurent les surnoms des membres déclarés impotents.
Au-dessus et autour de celui-ci, sont accrochés les couleurs de la Société,
une photo de groupe ainsi que de petits portraits
des membres en ombre chinoise.

Premier acte :

Lorsque les pintes sont remplies et lorsque les membres se touvent à leur place, portant la penne et - pour les Poils - le band, le président ouvre la séance par ces mots : "Omnes ad loca ! Silentium ! Kneipe incipit !"

Le président marque un temps puis enchaîne par "Surgite !" et il entonne le "Gaudeamus igitur". La Corona se lève et reprend le chant.

A la fin du chant, on se recouvre et le président commande un "Ad fudum". Lorsque les pintes sont vidées, le président déclare : "Tous assis ! Licet ad libitum bibere !" Chacun peut alors boire selon sa volonté.

Le Senior présente les invités et fait les communications nécessaires au bon déroulement de la séance. Le Cantor Primus fait alors lecture du rapport de la séance précédente.

Quand cette lecture est terminée, le Senior annonce "Silentium !" et met ainsi fin à la boisson à volonté. Puis, après une courte pause, il dit : "Surgite!" et lance le "Io vivat"; la Corona se lève et entonne à son tour cet hymne. A la fin de celui-ci, le Senior dit : "Tous assis !" et on procède aux réceptions de membres et aux élections du Comité, s'il y a lieu d'y procéder.

Pour achever les réceptions et les élections, on lance l'une ou l'autre chanson. Après quoi, le Senior proclame : "Tempus commune !" Et la Corona quitte temporairement le local.


Deuxième acte : 

Après la pause, le Senior dit "Omnes ad sedes !" Et, lorsque chacun est à sa place, il entonne la "Marche des étudiants". A la dernière strophe, le Senior réclame : "Ad fundum!"

Quand les pintes ont été vidées, le Senior annonce "Licet ad libitum bibere ! Assis !", ce qui ouvre la partie purement récréative de la séance, où l'on chante et présente diverses productions.

Quand les fûts sont vides et les membres aphones, le Senior met un terme au Cantus par ces mots : "Silentium ! Je déclare la séance levée. Kneipe ex!" La Corona clôture la séance en chantant le "Semeur", la tête découverte.

Carte postale envoyée de Dresden, le 29 septembre 1904.
Autour des tables, placées en U, on voit le Censor (de dos et debout)
qui impose un à-fond à un membre en désignant de son épée
ainsi que le Senior (de face et debout).
Au mur, sont accorchées deux cornes à boire,
employées notamment lors des réceptions de nouveaux membres.

vendredi 13 janvier 2012

Ad diagonalem ! Ad fundum !

Quelques règles en vigueur lors d'un Cantus.

Carte postale de la Société de Zofingue,
envoyée de Sint Gallen le 18 janvier 1909.
 
L'Intendant :

L'Intendant est chargé de l'administration matérielle du Cantus et s'occupe plus particulièrement du local des réunions. Il veille à ce que la boisson soit de qualité et en quantité suffisante.


Le Censor :

Le Censor a pour mission de veiller à ce que les protocoles soient bien observés et à ce qu'une entorse à ceux-ci soit relevée et punie d'une peine de bière.

Le Censor propose au Senior d'infliger telle peine de bière à un membre pour tel motif.


Du boire :

La bière, le vin et l'alcool blanc sont les seules boissons poiliques.

Le Fuchs Major (aussi appelé Maître des bleus) dirige le service de la boisson, accompli par les Fuchsen (les bleus).

Les pintes seront remplies avant la séance et pendant chaque Colloquium.

On ne boit jamais seul mais seulement en invitant un membre ou à l'invitation d'un membre. Pour ce faire, on dit : "Prosit Untel !" et on boit un schluk. Le membre honoré répond "Prosit mit !" et boit un schluk.

Personne ne forcera un membre à boire au-delà des forces de ce dernier.

On ne peut pas boire pendant le Silentium, à moins que le Senior ne dise : "Licet ad libitum bibere !"


De l'impotence :

Au début de la séance, un membre peut, en justifiant sa demande, dire au président : "Senior, rogo plenam impotentiam". Le président la refuse par "Non habes!" ou l'accorde par "Habes !", ce qui dispense le demandeur de boire pendant la séance.

Le membre peut aussi demander "Rogo minorem impotentiam", ce qui l'exempte de boire mais le laisse cependant tenu de participer aux à-fond généraux, comme la Salamandre.


Pro-poena et Pro-laude :

Si un membre a bien chanté, si sa guindaille était amusante, s’il a bien parlé, le Censor peut le féliciter par une récompense bibitive.

Inversement, lorsqu’un membre s’est trompé dans une formule latine, s’il ne s’est pas levé pour parler, s’il est trop bruyant ou pour quelqu'autre raison, le Censor peut lui imposer une sanction bibitive.

Le Censor interpelle le membre, lui explique pourquoi il va le féliciter ou le sanctionner. Puis il déclare d’une fois forte "Ad libitum" (quelques gorgées) ou "Ad diagonalem" (la moitié du verre) ou "Ad fundum" (à-fond). L’ad fundum de récompense donne lieu à une Salamandre.

Si le membre a été félicité, il se lève et dit : "Gaudeo quod non pecaui et illum poculum merui" puis il boit la quantité demandée Pro-laude.

Si le membre a été sanctionné, il se lève et dit : "Paenitet me pecasse sive pecauisse" puis il boit la quantité demandée Pro-poena. En cas d'ad fundum, le Senior ou le Censor peuvent arrêter le buveur, avant que la pinte ne soit vide, par le mot "Satis !".

Le membre doit boire avant de discuter la récompense ou la sanction. En cas de besoin, le Censor le lui rappelle par l'adage : "Primum bibere deinde philosophari."

lundi 9 janvier 2012

Le Cantus, la Kneipe


Carte postale envoyée de Dresden le 28 janvier 1898.

Elle porte comme titre : "Ne sommes-nous pas nés pour la gloire ?"
Deux étudiants portent un bandage au niveau de la joue, suite à un duel au sabre.

Les casquettes et les rubans sont rehaussés de peinture dorée.


Carte de la section zurichoise de la Société de Zofingue,
envoyée de Zürich le 27 mai 1907. 


Carte postale envoyée d'Hildburghausen le 4 mars 1929.


Silentium ex ! Colloquium !

Quelques-unes des règles en vigueur lors d'un cantus.

Carte postale de l'Allemannia,
envoyée de Fribourg le 11 novembre 1927

Senior et Fuchs Major :

Le Senior est chargé de rythmer la séance tandis que le Fuchs Major est chargé de la formation folklorique des nouveaux.


Silentium et Colloquium :

Le Silentium est réclamé par le Senior, qui ponctue cette demande d'un coup de maillet, lors des cérémonies ainsi que lors des prises de parole, des lectures et des chants.

Le Silentium se poursuit jusqu'à ce que le Senior déclare : "Silentium ex ! Colloquium !"

Pendant le Colloquium, on peut parler, servir la bière et bien entendu la boire. Mais on ne chante pas. C'est durant le Colloquium que les membres de la Coronna qui ont demandé un Tempus peuvent quitter la table.


Verbum :

Lorsqu'un Poil souhaite prendre la parole, il se lève et dit au président : "Senior, peto verbum". Le Senior accepte en disant "Habes !" ou refuse en disant "Non habes !" Le président peut également différer la prise de parole en répondant "Non habes pro tempore !"

Lorsqu'un Fuchs (aussi appelé bleu) désire s'exprimer, il se lève et retire sa penne. Puis il se tourne vers le Fuchs Major (aussi appelé Maître des bleus) et dit : "Fuchs Major, peto verbum." Le Fuchs Major transmet sa demande de parole au président : "Senior, peto verbum pro Fuchs Untel." A quoi, le Senior répond : "Habet !" ou "Non habet !" Cette réponse est transmise au Fuchs par le Fuchs Major, par les mots "Habes !" ou "Non habes !"

S’il a reçu la parole, le membre se lève et se découvre. Puis il dit : "Ergo habeo."

Quand le Senior s'adresse à la Corona, il débute ses propos par : "Commilitones !" ou "Corona !" Tout autre Poil de la Corona commence sa prise de parole par : "Senior, Corona !" Et un Fuchs entamme son propos par : "Fuchs Major, Corona !"

Lorsqu'un Poil de la Corona achève sa prise de parole, il s'adresse au Senior (ou au Fuchs Major, s'il s'agit d'un Fuchs) et déclare : "Dixi !"

Lors d'un Cantus, les membres manifestent leur approbation ou leur joie en battant la table de leur main ou, plus exactement, en frappant la table de leurs phalanges.


Tempus :

Si un Poil souhaite quitter la table quelques minutes, il dit au président : "Senior, peto tempus." Le Senior donne son accord : "Habes !" ou refuse : "Non habes !"

Le Fuchs transmet sa demande de Tempus au Senior, via le Fuchs Major, comme pour sa demande de Verbum.

Lorsqu'un membre quitte la table, il laisse sa penne sur son verre.
A son retour, il signale au Senior : "Tempus ex !" Et il remet sa penne.

En général, le Tempus dure trois bierminutes, soit cinq minutes bourgeoises.

En milieu de soirée, le Senior accorde un "Tempus commune !" à l'ensemble de la Corona. Cette pause dure six bierminutes, soit dix minutes bourgeoises.


Cantus :

Pour pouvoir entonner un chant, un Poil dit au président : "Senior, peto cantus !". Celui-ci lui répond : "Ad cantandum, habes !" ou "Non habes !"

Si un membre a reçu l'autorisation de chanter, il se lève et se découvre avant de lancer l'hymne.

Le Senior peut décider d'abréger un chant en renvoyant la Corona au dernier couplet, en décrétant : "Ad ultimam !"

A la fin d'un chant collectif, le Senior déclare "Cantus ex ! Prosit Corona !" et boit un schluk à la santé de la Corona. Cette dernière se lève alors et répond : "Prosit Senior !"

A la fin d'un chant interprété par un seul chanteur, celui-ci dit : "Cantus ex !" Et le Senior lui répond par la formule "Prosit cantor !" et boit un schluk.



dimanche 8 janvier 2012

Poils et Manchaballes, par Jean Dratz


Ces Poils (à gauche, s'il faut le préciser) et ces Manchaballes sont dus au crayon de Jean Dratz. C'est l'une des nombreuses caricatures qui figurent dans les "Fleurs du Mâle" éditées en 1960 par le Cercle de Médecine de l'ULB.

Longtemps, la canne a accompagné les Poils dans leurs vadrouilles. Accessoire de la classe sociale très aisée à laquelle les étudiants appartenaient, elle servait aussi lors des bagarres... On ne sait pas exactement quand les students ont cessé de la prendre en guindaille. Mais qui se plaindra de sa disparition ?

vendredi 6 janvier 2012

Du manchaballe

Raide comme un "manche à balai", sage, studieux mais aussi suffisant, le manchaballe (ou manchabal, selon les plumes) est la bête noire de l'étudiant guindailleur. Il en est même l'antithèse : c'est un "faux Poil" qui ne fréquente pas son cercle facultaire et dont les oreilles saignent au moindre couplet des "Fleurs du Mâle".

Cet article du Bruxelles universitaire (5 avril 1946), écrit au vitriol, démontre assez que "manchaballe", mot d'argot poilique, a la force des injures de charretiers.


mardi 3 janvier 2012

La chasse à l'Opossum à Berlin

Depuis l'époque de François Villon, les étudiants pratiquent la chasse à l'Opossum. Les cercles ulbistes sont devenus des maîtres dans cet art, tout comme les sociétés d'étudiants allemands portant casquette et ruban.

Cette carte postale, intitulée "Nächtlicher Ulk" ("Farce nocturne"), a été envoyée de Berlin le 21 février 1898.

Chronique de l'Opossum

Opossum : ce terme de l'argot poilique ne désigne pas l'affreuse bestiole bien connue des biologistes mais le Bourgeois sympathique ou cet objet inutile (et pourtant combien précieux) que l'étudiant croise et "emprunte" au cours de ses vadrouilles nocturnes.

Publié dans le Bruxelles universitaire du 25 janvier 1946, cet article - dont on ne comprend toujours pas pourquoi il ne figure pas dans l' Encyclopedia Britannica - fait le point sur cette créature protéiforme et rend l'hommage dû à ses valeureux chasseurs.

Triboulet, l'auteur de cette irremplaçable étude exerce non pas le dur métier de professeur mais de personnage de Rabelais. Quant aux "docteurs" Soeur et Tainsy, mentionnés dans le chapeau, il s'agit de deux éminents... membres du Cercle des Sciences.