Parmi les deux cents cinq étudiants et anciens étudiants recensés décédés "par suite de faits de guerre" de tous ordres, trente-trois ont été fusillés, décapités ou pendus, septante et un sont morts dans les camps. Cent trente-six étudiants et anciens étudiants ont été prisonniers politiques. (J. Gotovitch, "Les multiples résistances universitaires" dans Andrée Despy-Meyer, Alain Dirkens et Franck Scheelings, 25.11.1941, L’Université libre de Bruxelles ferme ses portes, Archives de l’ULB, 1991)
Ce décompte funèbre marque l'importance de la Résistance dans le milieu ULBiste : avant la guerre, l'Université compte en effet environ 300 enseignants et 2700 étudiants...
La Une du journal
En Une du journal, une des invraisemblables machines du Clebs Phétide entreprend d'"épurer" aussi parmi les étudiants. Car la Collaboration avec l'Occupant nazi a touché l'ULB comme tous les autres secteurs de la société belge...
Dès le 9 septembre 1944, une commission d'enquête se réunit dans le cadre des séances du Conseil d'administration (C.A.) de l'ULB pour mener à bien l'épuration interne (et non pénale). Trente-trois professeurs (sur environ 300) sont concernés. Dix-huit d'entre eux ont répondu positivement à la demande du commissaire allemand de poursuivre les cours, alors que le C.A. a décrété la fermeture de l'Université le 25 novembre 1941. Quant aux quinze autres, on leur reproche des faits disparates. (D. Martin, "L'épuration" dans Andrée Despy-Meyer, Alain Dirkens et Franck Scheelings, 25.11.1941, L’Université libre de Bruxelles ferme ses portes, Archives de l’ULB, 1991)
D'une part, neuf personnes seront blanchies par la commission d'enquête. D'autres part, c'est surtout le groupe des dix-huit qui sera touché par la mise à pied ou la démission forcée. Pour les autres, aucune mesure ne sera prise ou alors ce ne seront que des sanctions légères. (D. Martin, Ibidem)
Pour les étudiants qui ont quelque chose à se reprocher, une disposition générale est adoptée : ils ne peuvent se réinscrire. (D. Martin, Ibidem)
Les Epistoles du bleu Bizuth
Lorsque le 15 mars 1940, le B.U. paraît pour la dernière fois avant le conflit, une nouvelle chronique est lancée : celle des Epistoles du bleu Bizuth à l'élue de son coeur.
Cette chronique revient avec le premier numéro du B.U. d'après-guerre.
Pour qui sait lire, le souvenir des Camarades morts en déportation ou au combat dans la Résistance se cache derrière les mots joyeux adressés à l'être aimé : "Je cultive précieusement pour vous toute ma fraîcheur d'âme et ma maturité, si elle existe - et je m'en excuse - je la garde pour les vieux messieurs sympathiques."
Dans le dernier paragraphe - particulièrement poignant -, on sent toute la pudeur de ceux qui, souriants et actifs comme jadis, "ont l'air de voir, au-delà de ce qu'ils regardent, quelque chose qu'ils ne voyaient pas avant".
Bruxelles Universitaire du 20 novembre 1944. Ce document provient du Service Archives, Patrimoine et Collections spéciales de l'ULB. 50 avenue Franklin Roosevelt à 1050 Bruxelles. |