dimanche 17 janvier 2016

De la broderie sur penne

De la codification de la penne en 1926 (avec l'apparition des écussons facultaires) au milieu des années 1960, les pennes sont brodées à la main tant par le fabricant que... par l'étudiant...

L'Etudiant, livret publié en 1960 par S. Brabant, indique d'ailleurs que "Sous le triangle encadrant les lettres UL.B. (Université Libre de Bruxelles) ou V.U.B. (Vrij Universiteit te Brussel), il coud un écusson jaune représentant le coq wallon rouge ou le noir lion flamand. Il brode Libre-Examen ou Vrij Onderzoek, la date de son baptême, une ou deux sentences ou maximes qui lui sont particulièrement chères ou sa devise. Dans les espaces restés libres, il va agrafer, au fur et à mesure que passent les années, des insignes souvenirs de fêtes et des médailles, distinctions sportives de toutes tailles, de toutes formes et de toutes couleurs... Les règles et coutumes énoncées ci-dessus sont, en général, unanimement respectées."

Certains ne se contentent pas d'ajouter leur date de baptême et quelques sentences à leur penne : ils y brodent de petits chefs d'œuvre d'art estudiantin (selon les Poils) ou d'Art naïf (selon les philistins).

Ci-dessous, la penne d'un Poil de Médecine baptisé le 8 novembre 1950. L'étudiant y a ajouté au fil Eve et le Serpent ainsi qu'un curé pendu.









A la même époque (vers 1960), une Plume bilingue de Médecine a, elle, mis en avant les devises sur sa penne. On y lit : "VUB", "Libre Ex.", "A bas les Calottins"... Près de l'écusson facultaire, on devine également - en rouge et gris - le cri de guerre de la Brusselse Studentengenootschap : "Geen Taal Geen Vrijheid".

Les lecteurs attentifs auront reconnu le format étonnant des pennes de Plumes sans visière, portées fin des années - début des années 1960.



En Allemagne et en Suisse

Alors que la penne est probablement née vers 1848 de contacts entre étudiants belges et étudiants germaniques, force est de constater que les traditions n'ont pas évolué de la même manière des deux côtés du Rhin.

En Allemagne, les corporations étudiantes interdisent de broder la casquette sociétaire. En Autriche et en Suisse, il en va de même. Cependant certaines sociétés estudiantines helvétiques s'avèrent plus tolérantes à ce sujet.

Si l'on en croit une carte postale des Etudiants suisses romands, envoyée par un Roméo à sa Juliette : "les statuts de la Société exigent que ce béret soit brodé par sa mie". Il s'agit d'un trait d'humour, vraisemblablement. Mais il indique en filigrane que certains étudiants brodent bel et bien leur couvre-chef.

Carte envoyée le 20 novembre 1905, de Zurich à Paris.

La section vaudoise de la Société Stella permet, elle, clairement, les décorations au fil. En témoigne, une casquette de 1932. A l'étoile réglementaire cousue sur le couvre-chef, l'étudiant a jouté Minnie, la compagne d'une célèbre souris américaine.





La Société de Belles-Lettres (Lausanne et Neuchâtel) se montre également assez ouverte aux broderies.

Sur la carte postale bellettrienne ci-dessous, non datée mais publiée dans les années 1920, on distingue une toile d'araignée brodée sur le béret d'un des étudiants. Tandis que sur une photo prise en 2006 à l'Ile de Rolle, les bérets de deux Anciens présentent un papillon et un poisson.

Carte postale non envoyée, non datée. Société de Belles-Lettres
Bicentenaire de la Société de Belles-Lettres sur l'Ile de Rolle, en 2006.

De ce rapide tour d'horizon, il ressort que c'est plutôt du côté des sociétés étudiantes belges et suisses francophones que l'on accepte que des membres brodent leur couvre-chef.