dimanche 22 mars 2020

Le Revenandray, chalet de Belles-Lettres aux Diablerets

"Vers la fin du siècle dernier, quelques Bellettriens de Lausanne, épris de solitude alpestre, se mirent en quête d'un site favorable dans la vallée des Ormonts. Ils logèrent d'abord au chalet d'Arpille, puis à deux reprises au chalet du Pillon. L'année suivante, ils découvraient une nouvelle retraite, le chalet du Revenandray, au pied de la palette d'Isenau, sur une épaule de pâturage émergeant des forêts et d'où la vue embrasse toute la contrée, du sommets de Diablerets aux lointaines Tours d'Aï. C'était en juillet 1898."

Les sociétaires lausannois de Belles-Lettres s'installent donc sur les hauteurs des Diablerets, un village pas si éloigné que cela de Leysin, une station de cure pour tuberculeux qui verra les sanatoriums se multiplier au début du 20e siècle.

"En ce temps-là, les diligences étaient le seul moyen de transport, et les Bellettriens faisaient à pied la longue route qui va d'Aigle aux Diablerets."

Levers tardifs, récitations, flâneries, balades, concerts de musique à bouche, punchs flambés, accueil notamment d'André Gide et Igor Strawinsky (en 1917) : les Bellettriens menèrent une parfaite vie de bohème au Revenandray, ainsi que l'égrène le "Livre d'Or de la Société de Belles-Lettres de Lausanne du 150e anniversaire, 1806-1956".


Mais le drame survint. "Le dimanche 11 août 1935, le soleil se leva pour la dernière fois sur le vieux chalet, qu'un hôte solitaire avait quitté la veille. A la nuit, ce n'était qu'un amas de poutre calcinées où achevaient de se consumer les vestiges d'un passé cher à des centaines de Bellettriens. La cause du sinistre n'a point été élucidée. (…) A Lausanne, dès l'automne, s'affirma l'idée que la tradition du Revenandray ne pouvait disparaître."

Une société se constitua le 4 décembre 1935 dans le but d'acheter la propriété et d'y bâtir un nouveau chalet.

Ce chalet, achevé en 1937, c'est celui que les Bellettriens font encore vivre aujourd'hui. Il comporte deux étages, reliés par un escalier intérieur. "Au premier se trouve la cuisine avec potager, évier, réduit à bois, vaisselier et table à manger entourée de bancs ainsi qu'une grande chambre garnie de deux tables, de couchettes pour 4 ou cinq personnes et d'un poêle (…) fort apprécié l'hiver. A l'étage supérieur, deux petits dortoirs peuvent recevoir une dizaine d'hôtes. Une large galerie, abritée par l'avant-toit, est disposée devant la façade du chalet. Des motifs décoratifs, notamment à la cuisine, ont été exécutés par le sculpteur Edouard Sandoz."

En façade avant, figurent notamment les deux dates d'occupation du chalet bellettrien : "1898 - 1937". Et, au-dessus d'une poutre en forme de crocodile, tirée des cendres de l'ancien chalet, on peut également lire : "Vénérez ce fétiche témoin du premier reposoir bellettrien. Qu'il ait la vie longue. Les Vieux.

Enfin, au-dessus des fenêtres, l'amateur de chansons aura reconnu le premier couplet du "Vrai Bellettrien", amputé d'un vers : "Etre gai par principe, Flâner sur l'Hélicon, Culotter mainte pipe Et vider maint flacon, Imiter quoiqu'on dise Tous ceux qui ne font rien. Eh gai ! C'est la devise Du vrai Bellettrien."





Le texte gravé dans la façade arrière du chalet provient du premier couplet de "Soyons jeunes !", vieille chanson académique reprise sous le numéro 49 du chansonnier bellettrien.

Il faut cueillir les fleurs lorsque Dieu nous les donne
Il faut avant l'automne,
Avant le temps des pleurs,
Il faut cueillir les fleurs.











Suite à des échanges suivis entre des Bellettriens de Lausanne et des Coquillards de l'ULB, dont un séjour au Revenandray en 2011, une section de Belles-Lettres est lancée à Bruxelles en 2014 sous l'impulsion d'une Bellettrienne lausannoise.

mercredi 18 mars 2020

Bierzipfel ? Santé !

Après avoir lutté contre la domination française en 1813, les étudiants allemands fondèrent des confréries de tendances libérales (entendez démocrates) : les Burschenschaften (aujourd'hui passées - à de rares exceptions - à l'extrême droite).

Les revendications étudiantes, de plus en plus virulentes, se diffusent à travers la Confédération germanique. Ce qui n'est pas du goût des autorités. Aussi, lorsqu'en mars 1819, un étudiant en théologie assassine le dramaturge réactionnaire August von Kotzebue, les autorités saisissent l'occasion pour renforcer leur contrôle des universités.

Par les Décrets de Carlsbad, édictés en septembre 1819, elles décident notamment d'interdire les confréries étudiantes secrètes. C'en est fini des Burschenschaften, dont certaines basculent dans la clandestinité.

En raison des risques encourus, les étudiants n'affichent dès lors plus leurs casquettes ni leurs bands. Ils laissent néanmoins paraître au gilet un morceau de ce ruban aux couleurs de leur confrérie. Ce signe de reconnaissance permit ainsi à ces jeunes libéraux de garder contact entre eux. Telle serait l'origine du Bierzipfel. Notons que les vulgos, surnoms étudiants, seraient également nés lors de cette période de répression : ces vulgos devaient permettre de se prémunir contre une dénonciation.

Selon d'autres sources, le Bierzipfel serait en réalité une châtelaine, permettant d'accrocher sa montre gousset.

Toujours est-il que, dans les sociétés commentiques germaniques, les étudiants accrochent désormais leur Bierzipfel à leur verre, afin de l''identifier facilement et d'éviter la transmission de maladies... Il s'offre en général entre sociétaires, aussi voit-on souvent gravés sur ceux-ci les noms des deux amis.

Les Codex de certaines confréries étudiantes belges prévoient encore un autre usage, qui s'approche néanmoins du précédent. A titre d'exemple, l'Ordre académique de Saint-Michel prévoit ainsi que : "Tout commilito est tenu de porter sa bierzipfel en permanence. Celui qui manque à cette règle est atreint à une dette d'honneur (Codex, Appendice V)". Dans ce cas, le Bierzipfel est en général porté à la ceinture. Il n'est pas seulement une façon d'afficher son appartenance à une corporation étudiante mais aussi une façon de rappeler celle-ci à son porteur. Sous peine de payer une tournée générale à ses confrères...


Bierzipfel de la Société de Belles-Lettres, 1945.
Collection "En Bordeaux et Bleu" 

Avers gravé de la mention :
"L.M. à R.S., 3 février 1945"

Bierzipfel de la Société de Belles-Lettres, sans date.
Avec écu et devise de la Société.

Et les noms des confrères A. Gonsel et L. Furet

ayant offert les plaques d'amitié à C. Wihault.
Collection "En Bordeaux et Bleu".

Carte postale de la Société de Belles-Lettres, sans date.
L'étudiant porte ses couleurs complètes : casquette, band et bierzipfel.

Bierzipfel de Valdesia et de Belles-Lettres,
photo transmise par le bellettrien lausannois V.nc.nt M.r.

Bierzipfel de l'Ordre académique de Saint-Michel, sans date.




mardi 6 août 2019

Les cabarets estudiantins : première tournée

Roger, le patron de la Jambe de Bois, vraisemblablement sollicité par la rédaction du Bruxelles Estudiantin livre dans le numéro d'avril 1953 un premier panorama des estaminets fréquentés par les Poils avant et après la Seconde guerre mondiale.

Cet article assez dense évoque la Brasserie Flamande (rue Orts, pour les étudiants fils à papa d'avant 1914), le fameux Diable au Corps (qui hébergea tant de Cercles, rue aux Choux), du Singe d'Or (tenant à la fois du café et du bordel), le Paon (sur la Grand-Place) et la Diligence du Vieux-Bruxelles (rue d'une Personne), le Picador (et l'ASBL des Amis de la vie estudiantine, rue de Malines) ainsi que L'Enfer, le Truand et le Canter (rue de la Fourche).

Il est aussi question du Bon Vieux Temps (rue du Marché aux Herbes, où siégea la Grande Gilde des Arbalétriers) et l'Imaisge nostre Dame (dans la même rue), la Fleur en papier doré (rue des Alexiens), le Caillou qui Bique (rue des Bouchers, qui accueillit les Népelés avant et pendant la Seconde guerre mondiale), le Pou qui Tette (dans la même rue), l'Estrille du Vieux-Bruxelles (où l'on tenta d'organiser des baptêmes, rue de Rollebeek).

Enfin, Roger évoque le café des Visitandines, rue des Brigittines, local de l'Ancien Grand Serment royal et noble des Arbalétriers, où se tint un banquet d'Anciens en 1945 et 1946.

Tous ces cabarets se trouvaient dans un mouchoir de poche au centre ville.




 
Carte postale, non datée.
 

 
Carte postale, non datée.
 

 



Cartes postales, non datées.
Mais d'avant la destruction du cabaret des Brigittines en 1965.

Le Nez qui Pend

En 1952, Bruxelles Estudiantin, organe de l'Association générale des étudiants, contacte le Nez qui Pend, sis rue du Baudet, pour retracer l'histoire de ce cabaret alors très fréquenté par les Poils et Plumes de l'ULB malgré l'éloignement du campus du Solbosch.

Si l'article nous apprend que ce troquet fut fondé en 1939, par les Français Marcelle Sabatier et Raymond Dauphin, nous ne savons pas quand il cessa d'être fréquenté par les étudiants.


Archives de l'ULB.
Coupure de journal, non datée.






L'article est en définitive assez succinct et ne couvre pas les différents points que le Bruxelles Estudiantin souhaitait voir aborder, notamment l'origine de la plaque portant "Les amis de l'Etudiant ASBL".

C'est Roger, le patron de la Jambe de Bois, qui - dans un autre article du Bruxelles Estudiantin de 1953 - nous en apprend un peu plus sur cette ASBL fondée, semble-t-il, en 1939 dans une arrière-salle du Picador, rue de Malines. Sans que l'on sache néanmoins quels étaient ces buts ni la raison de son transfert rue du Baudet.


 Ce document provient
du Service Archives, Patrimoine et Collections spéciales de l'ULB.

50 avenue Franklin Roosevelt à 1050 Bruxelles.


lundi 5 août 2019

La Jambe de Bois et la chasse à l'Opossum

La chasse à l'Opossum… Cette expression d'argot poilique fait son apparition dans le Bruxelles Universitaire du 25 janvier 1946. Le journal de l'Association générale des étudiants nous y apprend que l'Opossum, loin d'être ce marsupial qui se suspend la tête à l'envers, n'est autre qu'un brol hors norme "emprunté" lors d'une guindaille vespérale ou un de ces bourgeois sympathiques dont la poche ventrale déborde de ducats et de billets.

Cette première étude de 1946 révèle en effet l'une des propriétés épatantes de l'Opossum : à l'instant où le chasseur s'apprête à le capturer, il se mue "en chaise, en tuyau de poêle, parapluie, etc. etc." L'auteur indique ainsi que "De nombreux spécimens, mués en chasse de cabinet, ornent le plafond d'un établissement bien connu du bas de la ville."


Aux Archives de l'ULB, lors de recherches sur l'estaminet estudiantin de la Jambe de Bois (situé précisément dans le bas de la ville), nous avons retrouvé une photo - hélas non datée - de cette étrange galerie d'Opossums, transformés en chasses d'eau, suspendues de facto elles aussi la tête en bas. Comme le marsupial à l'état de nature, aurions-nous envie de souligner…

Il est, par ailleurs, également tentant de voir un jeu de mot bien estudiantin entre "chasse d'eau" et "chasse à l'Opossum". De là à penser que la tradition de la chasse à l'Opossum serait née à la Jambe de Bois

Extrait non daté, d'un journal non mentionné.
Archives de l'ULB.

Cet estaminet semble en tout cas avoir accordé une place importante à la chasse à l'Opossum, puisqu'une publicité insérée dans le Bruxelles Estudiantin d'avril 1953 lui fait la part belle.


Archives de l'ULB.

samedi 3 août 2019

Que de buses ! : une Revue de 1914 et une penne du CP

"C'est une revue, une revue d'escholiers, où l'on parle de tout, des dernières plaisanteries, de la loi scolaire et du conseil des hospices". Cette Revue, c'est "Que de Buses !", donnée par le Cercle polytechnique le jeudi 26 février et le samedi 28 février 1914 à l'occasion de son trentième anniversaire. Elle doit son succès à la plume de Ere Jih, pseudonyme de Raymond Jacqmot (qui sera président de l'Union des Anciens Etudiants en 1955).

Une affiche superbe


L'affiche de cette revue est tout simplement superbe. On y voit un Poil du CP habillé en danseuse étoile. Sa tenue est faite d'une énorme buse, ce chapeau porté - comme chacun sait - par l'étudiant festif. Il tient un plateau

Ce document nous informe indirectement sur l'allure générale de la penne des Poils du CP avant la guerre 1914-1918. En effet, sur cette affiche, la penne de l'étudiant comme la buse qu'il porte sont ceintes d'un ruban rouge et vert, aux couleurs de Bruxelles. Ce ruban était répandu dans les différentes facultés,
jusqu'en 1926, année où l'Assemblée générale décida que chaque cercle facultaire porterait un ruban de couleur spécifique sur sa penne.
 
Penne et buse arborent aussi toutes deux une rosette - également rouge et verte - où est épinglé l'emblème du CP. La rosette disparaîtra après la guerre (avant 1926). Sur cette affiche d'avant-guerre, la penne porte des étoiles à cinq branches. Après le conflit, les étoiles seront à 6 branches.




Au milieu des épures et d'ouvrages consacrés à l'Instabilité des matériaux, aux Caricatures industrielles et L'étudiant offre les têtes de deux professeurs sur un plateau… On sent toute l'irrévérence…

Livret de l'auteur

Dans cette revue en "une proplainte, une complainte et deux plaintes", on croise Raymonde Boissy dans le rôle de la Commère et Hermann Ghin dans le rôle du Compère, ainsi que
le célèbre Caïman - l'étudiant éternel -. Le règlement de la revue précise en son article 13 que "Les messieurs qui, à l'apparition de la commère, seraient frappés de folie amoureuse seront remis entre les mains du Dr Laid" tandis que l'article 14 indique que "Les dames frappées du coup de foudre, à l'apparition du compère, sont priées de l'attendre à la sortie".

Le hasard a voulu que l'on mette la main sur le livret de l'auteur de la Revue, Raymond Jacqmot. On dispose ainsi des dédicaces chaleureuses des acteurs à celui qui leur a valu des applaudissements nourris, si l'on en croit les critiques.


Couverture due à la main de Lip,
représentant un épouvantail à étudiant,
coiffé - évidemment - d'une buse.

Dédicace du dessinateur Lip où il évoque ses liens solides avec l'auteur :
"Les nombreuses années universitaires parcourues ensemble,
l'atmosphère brûlante des revues,
la vie agitée de la scène […] "

Dédicade de H. Ghin : "Mon cher Raymond,
J'ai toujours trouvé en toi un ami sincère et dévoué.
Aussi ce fut pour moi un réel bonheur de jouer le compère de tes revues […] "


Dédicace de E. Bernier : "Mon cher Jacqmot,
Après Es l'Alambic, voilà passé Que de buses !
Et je puis t'affirmer que nos excellents rapports d'amitié
n'ont fait que trouver l'occasion de devenir plus grands et plus forts.
Crois bien que chaque fois que l'occasion s'en présentera, tu me trouveras
tout dévoué au très bon auteur et à l'excellent camarade […]"



Des critiques élogieuses

Le Pourquoi Pas ? consacre une part conséquent de sa livraison vespérale du 26 février à la revue du CP. Mais pouvait-on s'attendre à autre chose de la part d'une gazette fondée par
George Garnir, l'immortel auteur du Semeur et l'une des plumes de la revue estudiantine Eendracht maakt macht en 1888 ?




Ces différents documents nous ont été transmis par Jan V.n d. V.l, Bram D.sm.t et B.n..t Bacchus P.nc.n. Merci à eux.

Première affiche du Cercle de Philo en 1936

Cette affiche, publiée en octobre 1936, annonce aux Bleus la fondation du Cercle de Philosophie et Lettres. Le Cercle y annonce qu'il se fixe d'emblée des objectifs culturels et festifs : de l'organisation de conférences et de concerts, à la tenue du baptême annuel, en passant par la rédaction d'une revue en comment avec le Cercle de Droit.

L'adhésion au Cercle de Philo (ainsi que le cercle se nomme déjà) permettait d'être membre de l'Association générale des étudiants et d'obtenir des cours à prix réduit.

Son premier président n'est autre que l'historien Franz Hayt, connu notamment pour ses ouvrages pédagogiques et son atlas historique.

Parmi les délégués des différentes Sections de la faculté, on retrouve également 
Maurice-Aurélien Arnould, un monstre sacré de la section d'Histoire de l'ULB.

Cette petite merveille a été dénichée par B.n..t Bacchus P.nc.n.

Document transmis par B.n..t P.nc.n.

Vadrouilles du Népelé, noyau de la Résistance

Une photo du Népelé prise en vadrouille, c'était déjà un scoop pour ce cercle intime qui marquera l'histoire belge mais ne laissera que peu de traces aux Archives de l'ULB. Alors une photo avec le drapeau de la société, c'était inespéré ! Cette jolie découverte nous a été communiquée par B.n..t Bacchus P.nc.n.

Le Népelé, fondé vers 1935 si l'on en croit les statuts dont on dispose, n'a plus intronisé d'étudiants après la Seconde guerre mondiale. La photo a donc sans doute été prise entre 1935 et 1937 (les festivités de la Saint-Vé ayant été annulées à partir de 1938).

Une photo unique

La photo - reproduite en carte postale - nous montre un groupe de Népelés avec penne et béret à la Saint-Verhaegen, dans le centre de Bruxelles. Dans la calèche, en robe de juge, nous pensons reconnaître l'ex-président du Cercle de Droit, Henri Neuman.

Le drapeau porte un buste d'étudiant en casquette, encadré de cartes à jouer (à gauche) et d'un tonneau (à droite). Il est souligné du nom du cercle et surmonté d'une broderie difficile à lire ; il s'agit peut-être du L d' "ULB". La hampe du drapeau arbore une chope de bière.


Document transmis par B.n..t Bacchus P.nc.n
Cliquez sur la photo pour l'agrandir.




C'est une scène on ne peut plus joyeuse. C'est un drapeau on ne peut plus estudiantin… Et pourtant, quelques années plus tard, le Népelé - qui doit son nom aux initiales de ses fondateurs (Nayrinck, Penninck et Lepoivre) - constituera l'un des noyaux de la Résistance belge


Quatorze des 37 Népelés connus font partie des Résistants mentionnés dans "Avant qu'il ne soit trop tard". D'autres membres s'engagèrent sans doute aussi contre les nazis mais nous n'en avons pas encore la certitude.

En tout cas, trois d'entre eux dirigeront le Groupe G, réseau né à l'ULB : Henri Neuman (ex président du Cercle de Droit, cofondateur du réseau), Christian Lepoivre (ex président du Librex, parachuté de Londres) et René Ewalenko (ex président du Cercle Solvay, responsable du Matériel au G).

C'est l'engagement de ces Anciens durant la Seconde guerre mondiale qui rend leur photo de Saint-Verhaegen - pleine de joie de vivre - d'autant plus touchante.

Des guindailles des Népelés


Des activités folkloriques d'avant-guerre des Népelés, on ne sait rien, pour ainsi dire. Un article du Bruxelles Estudiantin d'avril 1953, signé par Roger, le patron de la Jambe de Bois, nous livre cependant quelques informations complémentaires : "Remontons la rue des Bouchers : à gauche, un cul-de-sac et l'enseigne du "Caillou qui bique", local favori des "Nez pelés". Un jour, ces redoutables baptisèrent une poule en pompe et costume. "Ursule", tel fut nommé le volatile, fut promenée sous le nez des bourgeois terrorisés ; le jeu favori des "Nez pelés" était de rencontrer un poil assoupi un soir de bacchanale, de lui passer délicatement la tondeuse le long du crâne ; ah oui ! ils coupaient aussi les cravates bien avant Patachou. Pendant les hostilités, nombre d'entre eux venaient se restaurer entre deux sauts de parachutes au "Caillou", siège facultatif du groupe G".

Ce témoignage est lui aussi émouvant car, même pendant la guerre, les Népelés restèrent fidèles au cabaret qu'ils avaient aimé pendant leurs années d'insouciance.