jeudi 13 juillet 2017

Cortège et nuit de la Saint-Verhaegen 1924

Bruxelles Universitaire du 13 décembre 1924 relate avec ironie la pose de la première des nouveaux bâtiments au Solbosch, retranscrit les discours officiels du Recteur et du président de l'Association générale des étudiants, qui redoute que le déménagement de la rue des Sols au Solbosch n'entraine la disparition de certaines traditions estudiantines.

Lors de la séance académique, le président de l'AG, Motz déclare notamment : "C'est ici, à l'époque où toutes les facultés y étaient réunies que s'est formée la camaraderie, la solidarité entre étudiants, c'est ici que fut fondée l'association générale et tous les cercles facultaires, et ce grand auditoire de l'Université représente aussi quarante ans de vie estudiantine. Aussi, pourrons-nous dire de notre Alma Mater que partir, c'est mourir un peu. Mais chacun d'entre nous sera appelé à faire connaissance avec le Solbosch. Il est vrai que pour certains étudiants, la nouvelle Université peut paraître fort éloignée, inaccessible même. D'autre part, ces plaines lointaines du Solbosch sont d'un aspect plutôt désertique et, de l'avis de tous les étudiants, l'absence de cafés, restaurants et buvettes s'y fait sentir d'une manière particulièrement pénible. Nous aurons au Solbosch des locaux vastes et clairs, des installations parfaites. Mais dans la ville universitaire de demain, il faudra créer la vie estudiantine, il faudra l'adapter à des conditions nouvelles. Aussi l'association générale fonde sur les jeunes étudiants de grandes espérances. Au Solbosch, les étudiants n'oublieronts-ils pas leurs nobles traditions ? Je ne discuterai pas plus longtemps cette question particulièrement délicate pour l'honneur et la susceptibilité des bleus, mais j'espère et j'aime à croire que les étudiants de demain ne seront pas pour les aînés un sujet d'étonnement !"

Ce n'est donc sans doute pas sans raison que le cortège de 1924 avait pour thème l'étudiant à travers les âges. Nos Anciens avaient conscience qu'une page importante de l'histoire de l'ULB et de ces Cercles se tournait. C'est d'ailleurs la première fois qu'un thème de Saint-Vé est mentionné en filigrane par le Bruxelles Universitaire.


Il est également possible que ce soit à cette Saint-Verhaegen de 1924 que les chars ont fait leur apparition. Du moins, la plus ancienne photographie de char connue, date de cette édition-là. Il s'agit d'un corbillard. Mais nous n'en trouvons pas la trace dans cette "Relation authentique de la Saint-Verhaegen de l'an de grâce 1924", pour reprendre le titre du B.U. Pas plus que dans les chroniques des Saint-Verhaegen suivantes.

Enfin, c'est lors de cette même Saint-Vé que les Cercles étudiants reprennent leur hommage à Francisco Ferrer, place du Samedi, avec l'accord des autorités de la Ville. Il ne nous semble pas impossible qu'il y ait un lien entre le déménagement de l'Université du libre examen sur le lointain plateau du Solbosch et la relance - pour ne pas dire le maintient - d'une cérémonie libre penseuse et anticléricale au cœur de Bruxelles.

Les festivités de cette "Saint-Verhaegen charnière" s'achevèrent comme chaque année, par un Bal entre Poils évoqué avec humour ainsi qu'une nuit d'ivresse éclairée d'un punch flambé avec un final au Bois de la Cambre, pour une soupe à l'oignon chez Moeder Lambic.




mardi 11 juillet 2017

La Saint-Vé 1930 : des chars et un premier Grand Cordon pour Manneken Pis

On ne désespère pas de retrouver des photos de la Saint-Verhaegen 1930. Décrite avec une plume enjouée dans le Bruxelles Universitaire de décembre 1930, l'ambiance des festivités semble y avoir été excellente : on distilla (comprenez "on emprunta") des ampoules dans les trams après y avoir chanté quelques titres du répertoire estudiantin et on distilla des Anciens (lisez "on se fit offrir à boire").

Mais ce sont surtout les cérémonies et le Cortège qui retiennent notre attention : Manneken Pis, le plus vieux Poil, y fut en effet décoré du Grand Cordon des Chevaliers de l'Ordre Mercurique (voir ci-dessous), le char de Médecine mettait en scène la constipation à travers les âges, tandis que celui de Solvay présentait les rois fainéants et celui de Polytech un Diogène dans son tonneau. Le tout précédé de cavaliers et d'une fanfare.








Grand Cordon

Le Grand Cordon, symbole des "Chevaliers de l'Ordre Mercurique", tel qu'il fut remis en 1930, est composé d'un ruban blanc porté en sautoir, croisé sur le torse. Un ruban orange est cousu par-dessus. Enfin, sur la partie inférieure du sautoir, trois étoiles à six branches - placées en triangle sur pointe - encadrent le blason (émaillé) qu'on retrouve sur les pennes du Cercle Solvay.

Cette décoration est, à notre connaissance, le premier "vlek" à avoir été décerné officiellement par un cercle estudiantin de l'ULB.

Ce document provient du Service Archives,
Patrimoine et Collections spéciales de l'ULB.

50 avenue Franklin Roosevelt

1050 Bruxelles

Photo transmise par le Camarade Pierre Jossart.



Et le voici ensuite tel qu'il était encore conservé par la Ville de Bruxelles... jusqu'à son vol...

 
Photographie de la Garde-Robe de Manneken Pis.

Voici très vraisemblablement un exemplaire de la médaille, placée entre trois étoiles, accrochée au ruban remis à Manneken Pis.

Cette médaille a sans doute été frappée après la codification de la penne en 1926. Cette année-là, l'Association générale des étudiants décide en effet de fixer la couleur des rubans facultaires et le dessin des blasons. Ces blasons sont alors cousus ou épinglés à la penne.

Dans le cas qui nous occupe, nous ne connaissons qu'un seul exemplaire de la médaille facultaire de Solvay, que nous présentons ci-dessous. Il existe néanmoins une médaille similaire frappée pour le Cercle de Philosophie et Lettres, avec un soleil. Les branches de ces médailles étaient trop épaisses pour que ces dernières soient épinglées au revers d'un veston. Il s'agit donc sans doute des médailles accrochées (déinfitivement) aux pennes.

Collection En Bordeaux et Bleu.

Si quelqu'un a plus d'information sur cette décoration, qu'il n'hésite pas à se manifester...