samedi 3 août 2019

Que de buses ! : une Revue de 1914 et une penne du CP

"C'est une revue, une revue d'escholiers, où l'on parle de tout, des dernières plaisanteries, de la loi scolaire et du conseil des hospices". Cette Revue, c'est "Que de Buses !", donnée par le Cercle polytechnique le jeudi 26 février et le samedi 28 février 1914 à l'occasion de son trentième anniversaire. Elle doit son succès à la plume de Ere Jih, pseudonyme de Raymond Jacqmot (qui sera président de l'Union des Anciens Etudiants en 1955).

Une affiche superbe


L'affiche de cette revue est tout simplement superbe. On y voit un Poil du CP habillé en danseuse étoile. Sa tenue est faite d'une énorme buse, ce chapeau porté - comme chacun sait - par l'étudiant festif. Il tient un plateau

Ce document nous informe indirectement sur l'allure générale de la penne des Poils du CP avant la guerre 1914-1918. En effet, sur cette affiche, la penne de l'étudiant comme la buse qu'il porte sont ceintes d'un ruban rouge et vert, aux couleurs de Bruxelles. Ce ruban était répandu dans les différentes facultés,
jusqu'en 1926, année où l'Assemblée générale décida que chaque cercle facultaire porterait un ruban de couleur spécifique sur sa penne.
 
Penne et buse arborent aussi toutes deux une rosette - également rouge et verte - où est épinglé l'emblème du CP. La rosette disparaîtra après la guerre (avant 1926). Sur cette affiche d'avant-guerre, la penne porte des étoiles à cinq branches. Après le conflit, les étoiles seront à 6 branches.




Au milieu des épures et d'ouvrages consacrés à l'Instabilité des matériaux, aux Caricatures industrielles et L'étudiant offre les têtes de deux professeurs sur un plateau… On sent toute l'irrévérence…

Livret de l'auteur

Dans cette revue en "une proplainte, une complainte et deux plaintes", on croise Raymonde Boissy dans le rôle de la Commère et Hermann Ghin dans le rôle du Compère, ainsi que
le célèbre Caïman - l'étudiant éternel -. Le règlement de la revue précise en son article 13 que "Les messieurs qui, à l'apparition de la commère, seraient frappés de folie amoureuse seront remis entre les mains du Dr Laid" tandis que l'article 14 indique que "Les dames frappées du coup de foudre, à l'apparition du compère, sont priées de l'attendre à la sortie".

Le hasard a voulu que l'on mette la main sur le livret de l'auteur de la Revue, Raymond Jacqmot. On dispose ainsi des dédicaces chaleureuses des acteurs à celui qui leur a valu des applaudissements nourris, si l'on en croit les critiques.


Couverture due à la main de Lip,
représentant un épouvantail à étudiant,
coiffé - évidemment - d'une buse.

Dédicace du dessinateur Lip où il évoque ses liens solides avec l'auteur :
"Les nombreuses années universitaires parcourues ensemble,
l'atmosphère brûlante des revues,
la vie agitée de la scène […] "

Dédicade de H. Ghin : "Mon cher Raymond,
J'ai toujours trouvé en toi un ami sincère et dévoué.
Aussi ce fut pour moi un réel bonheur de jouer le compère de tes revues […] "


Dédicace de E. Bernier : "Mon cher Jacqmot,
Après Es l'Alambic, voilà passé Que de buses !
Et je puis t'affirmer que nos excellents rapports d'amitié
n'ont fait que trouver l'occasion de devenir plus grands et plus forts.
Crois bien que chaque fois que l'occasion s'en présentera, tu me trouveras
tout dévoué au très bon auteur et à l'excellent camarade […]"



Des critiques élogieuses

Le Pourquoi Pas ? consacre une part conséquent de sa livraison vespérale du 26 février à la revue du CP. Mais pouvait-on s'attendre à autre chose de la part d'une gazette fondée par
George Garnir, l'immortel auteur du Semeur et l'une des plumes de la revue estudiantine Eendracht maakt macht en 1888 ?




Ces différents documents nous ont été transmis par Jan V.n d. V.l, Bram D.sm.t et B.n..t Bacchus P.nc.n. Merci à eux.