jeudi 20 mars 2014

Des membres d'Ordres dans la Résistance

Dans le Bruxelles Universitaire de mars 1947, Jean Mardulyn - président de l'Association Générale (AG) en 1941 et membre du Groupe G en 1943 - revient (trop rapidement) sur le rôle jouer dans la Résistance intellectuelle et armée par les membres des Ordres, qualifiés de "sectes".

En 1941, l'AG (dont plusieurs dirigeants étaient des "Frères") soutient les autorités académiques dans leur choix de fermer l'Université et encourage les étudiants à former des groupes d'étude autonomes. Et en 1942, l'AG participe à la mise en place des cours clandestins, lancés par les professeurs et l'Union des Anciens Etudiants avec l'aide de la Ville de Bruxelles. Par la suite, lorsque le Groupe G - un réseau performant de résistants - est fondé, plusieurs anciens dirigeants de Cercles s'y engagent.

Les Frères Macchabées comptèrent notamment Jean Mardulyn dans leurs rangs. Quant aux Nez Pelés (également appelé "le Népelé"), le plus célèbre d'entre eux fut sans doute Henri Neuman, ancien président du Cercle de Droit et l'un des quatre fondateurs du Groupe G. (Témoignage de M.M.)


Henri Neuman, s.d.


Libres propos
La lettre de J. Mardulyn

" [...] Alter parle de sectes. J'ai, quant à moi, connu quelques groupes d'étudiants réunis par un commun idéal de liberté et de joie de vivre et par un semblable sentiment de fraternité. C'est sans doute de ceux-ci que l'on veut parler.

Voudrais-tu me rendre le service de rappeler à ces petits jeunes gens qui affectent le mépris, que s'ils ont quelque raison d'être fiers de l'attitude de leurs aînés pendant la guerre, l'esprit qui anime ces sectes y fut pour quelque chose.

Ne parlons que de la vie universitaire proprement dite, car rappeler le nombre de parachutistes, de résistants, de prisonniers politiques, de morts que comptent malgré leur petit nombre de membres le Népelé et "les machabbés" serait faire autour de ces choses une publicité que ces groupes d'amis ne souhaitent guère.

Si l'AG eut, en 1941, une attitude ferme, si l'Université clandestine a pu naître et prospérer, le mérite en revient sans doute à l'esprit de notre maison, au magnifique esprit qui anima professeurs, étudiants et anciens. Mais il n'est pas inutile de souligner que les dirigeants de l'AG de cette époque étaient, sauf erreur, en majorité des "machabbés". Et si la vie estudiantine a repris aussi rapidement après les heures sombres de l'occupation, les membres des "sectes" n'y sont pas étrangers.

Ceci, tu le sais aussi bien que moi, ne constitue nullement pour nous une série de "hauts faits" mais simplement l'application de nos principes dans des circonstances un peu spéciales.

Qu'Alter se rassure : le "milieu" a reconstitué ses cadres et continuera comme par le passé, ignorant le mépris des sots, à lutter pour son idéal et à le faire partager par d'autres." (Bruxelles Universitaire, mars 1947)