samedi 8 juillet 2023

Plaquette de vestiaire

Ancienne plaquette du vestiaire de "la" bibliothèque de l'ULB, au lettrage influencé par l'Art déco.

On notera qu'il n'existe alors manifestement qu'une seule bibliothèque. Ceci permettrait peut-être de dater la plaquette. On remarquera aussi qu'il y avait un vestiaire, chose inimaginable aujourd'hui.

On ignore comment cette plaquette pu être oubliée dans la poche d'un lecteur ou d'une lectrice, malgré ses dimensions (7cm sur 5cm).

Que sont devenues les autres plaquettes ?

7cm x 5 cm. Collection privée.

Quelques médailles facultaires

Cette jolie série de médailles facultaires, présentée ici par le Poil Benoît Bacchus P.nc.n, a été réalisée en émail à chaud dans les années 1920.

Elle date vraisemblablement de l'époque de la codification de la penne en 1926. Cette année-là, l'on décide que le blason de la faculté où le Poil ou la Plume suit ses études sera brodé ou épinglé sur son couvre-chef. Une bande de couleur associée à chaque faculté fera désormais le tour du couvre-chef et remplacera le ruban vert et rouge (identique pour chacun), qui rappelait les couleurs de la Ville de Bruxelles.

C'est sans aucun doute pour garder le souvenir de les couleurs de l'ancien ruban que les épinglettes sont rouges et vertes.

Si le trio de médailles photographiées appartiennent aux cercles de Droit, de Médecine et de Sciences sociales, chaque faculté disposait manifestement de son insigne.

Collection Benoît Bacchus P.nc.n.

On connaît également de telles épinglettes pour le Cercle de Philo et Lettres et le Cercle Solvay, lequel remit la sienne à Manneken Pis lors de la Saint-Vé de 1930.


Collection En Bordeaux et Bleu.

mercredi 26 janvier 2022

Etudiants de Bonn et de Louvain en 1847

Cette lithographie nous a été généreusement transmise par le vieux Poil Benjamin D.m.nt. De nombreux détails de sa composition nous renseignent sur la vie et la mentalité des étudiants de la première moitié du XIXe siècle.

La gravure est dédiée "aux vrais étudiants par un ancien étudiant" en "souvenir de la fête du 1er juillet 1847".

Comme l'indique le nom des villes citées dans le dessin, la fête réunit des étudiants allemands de Bonn et belges de Louvain. Le "Journal de la Belgique" du 4 juillet 1847, citant "L'Emancipation", nous éclaire sur cette réunion. On y apprend que la société de musique formée par les étudiants de Bonn, après être passée par Gand, s'arrête à Louvain et fera également halte à Liège.

"Deux cents cinquante étudiants attendaient aujourd'hui à la station de Louvain l'arrivée du convoi de Gand. Vers une heure les acclamations retentirent, les chanteurs allemands furent enlevés des voitures, le vin d'honneur circula, les poignées de main s'échangèrent et bientôt le cortège, précédé d'un corps de musique, se dirigea vers l'auditoire du collège du pape." Des discours fraternels y sont tenus par un étudiant de Louvain et un autre de Bonn. 

Le journal poursuit : "De l'auditoire, on se rendit au local de l'académie de musique pour prendre place à un banquet de trois cents couverts, organisé sous la présidence de trois professeurs (d'origine allemande), MM Moeller, Schwan et Arendt. Ce dernier porta un toast aux invités et, après lui, un élève de l'université, M. Vanderstraeten de Ponthoz, proposa trois hourras en l'honneur des amis d'outre-Rhin, proposition qui fut chaleureusement accueillie et exécutée."

"Le soir, tous les convives assistèrent au concert champêtre donné par la société de l'académie et revinrent en cortège, à travers les rues illuminées, vers la salle du banquet. Un ballot de tabac et d'interminables rangées de pipes, les invitèrent à s'y attabler de nouveau et, les gens de service ayant formé la chaîne, l'on vit bientôt à travers les nuages s'élever la flamme bleue du punch. Elle scintilla jusqu'à une heure du matin sans qu'aucun incident fâcheux ait troublé cette vaporeuse, liquoreuse et cordiale réunion toute empreinte de couleur germanique."

Et de conclure : "Demain, les étudiants allemands croient partir pour Bonn ; ils ne partiront que pour Liège."

Quelle est la raison de la présence des étudiants allemands ? Nous ne pouvons qu'émettre l'hypothèse d'une rencontre amicale entre étudiants suivant leur cursus à un peu plus de 200 km de distance : Bonn est la ville universitaire allemande la plus proche de Louvain. C'est peut-être d'ailleurs par imitation de leurs homologues d'outre-Rhin que les étudiants louvanistes fondent leur société en janvier 1848.

Peut-être pouvons-nous aussi deviner dans ces festivités de juillet 1847 l'expression de liens fraternels tissés entre jeunes gens partageant les mêmes aspirations démocrates dans des pays en proie aux tensions politiques.

En juin 1847, la Belgique vient de voir l'élection d'un gouvernement exclusivement libéral. Et l'Allemagne est déjà en effervescence : la révolution éclatera quelques mois plus tard, en mars 1848, et les étudiants y prendront une part active. Les révolutionnaires allemands réclameront notamment la souveraineté du peuple, l'abolition des privilèges et de la censure et l'établissement d'un impôt progressif sur le revenu.

Au printemps 1848, marque évidente de sympathie politique, des étudiants louvanistes (dont certains étaient poussés par des courants progressistes, dont le saint-simonisme) souhaitent envoyer une adresse de félicitations à leurs camarades allemands pour leur participation à la récente révolution de Mars. Le recteur s'y oppose. Ce qui finit notamment par provoquer le départ de certains étudiants pour Bruxelles : ils jugent leur ancienne Alma Mater trop conservatrice. (in "De universiteit te Leuven, 1425-1985", Universitaire Pers Leuven)

On sait, par ailleurs, que l'enthousiasme pour le combat démocrate des étudiants allemands est également partagé par des camarades de l'Université libre de Bruxelles. Ainsi, l'année suivante, en 1848, en signe de ralliement à la cause des étudiants allemands venus en visite à Bruxelles, la société des étudiants de l'Université libre adopte une casquette verte à ganse d'or. Il est possible que les Bruxellois choisissent de porter une casquette similaire à celle portée par leurs visiteurs.

Si cette gravure concerne donc principalement l'histoire de l'Université de Louvain, elle n'en apporte pas moins un éclairage indirect sur la vie des étudiants bruxellois. D'une part, les relations des étudiants bruxellois avec leurs camarades allemands au tournant de la révolution de 1848 s'inscrivent dans un cadre plus large : celui de contacts entre universitaires belges (gantois, louvanistes, liégeois) et allemands. Et d'autre part, elle souligne une nouvelle fois l'ancienneté des contacts avec les étudiants d'outre-Rhin, ce qui laisse à nouveau entrevoir des échanges de traditions.

 

La gravure dans son cadre original.

La gravure est encollée sur une feuille plus grande, où a été préimprimée la dédicace. On constate quelques piqûres et tâches d'humidité.


Au centre de la lithographie, deux étudiants. Il est très probable que l'étudiant de Bonn soit celui de droite si l'on en juge par sa veste à brandebourgs, caractéristique des corporations estudiantines allemandes. Contrairement à celle de son voisin, sa casquette est par ailleurs assez semblable à celle des étudiants allemands. Enfin, la besace de voyage vient conforter l'hypothèse que c'est bien lui le visiteur.

Nous en concluons donc logiquement que l'étudiant louvaniste est le personnage de gauche. Ce qui nous permet de constater que la casquette (avec jugulaire) est portée à Louvain depuis au moins juillet 1847.

Au-dessus des deux protagonistes, un faisceau de flèches et ruban porteur de maximes fraternelles mettent en exergue l'union des étudiants.

Les deux citations - "Vos omnes fratres estis (Math.)" et "Ut omnes unum sint" (Joan.)" - proviennent des Evangiles. Faut-il y lire les aspirations démocratiques des étudiants ? C'est en tous les cas une piste à ne pas exclure d'emblée.

"Vos omnes fratres estis" ("Vous vous êtes tous frères") peut prendre une coloration révolutionnaire puisque les versets de l'Evangile selon Mathieu dont il est extrait proclament entre autres : "Et qu'on ne vous appelle pas maîtres car vous n'avez qu'un seul maître : le Christ."

Quant à "Ut omnes unum sint" ("Qu'ils soient un"), tiré de l'Evangile selon saint Jean, il peut mettre en rappeler l'union à Dieu et en Lui. Mais on peut également traduire ce verset comme l'affirmation de la solidarité des étudiants progressistes sur le plan politique.

A leurs pieds, un punch brûlant fume juste au-dessus d'un blason coiffé d'une casquette étudiante.

Sur la hampe du drapeau de gauche est fichée la casquette de l'étudiant louvaniste, à laquelle pend une jugulaire.

Le drapeau est enserré dans un trophée, où l'on retrouve en vrac une épée et une canne, un livre, un luth, un jeu de cartes et trois pipes (dont une écumante). Autant d'attributs classiques des étudiants. L'épée est celle des duels pratiqués de façon sportive, la canne en est son substitut (bourgeois) à la ville. Et la pipe représente les réflexions et les rêves des jeunes universitaires.

Le livre doit retenir notre attention : y figure le titre de "La Destinée sociale", rédigé en 1836 par Victor Considerant (français d'origine belge, 1808-1893). Considerant est un philosophe et économiste, disciple du grand utopiste socialiste que fut Charles Fourier. La présence de cet ouvrage nous incite une fois encore à penser que certains étudiants de Louvain adhéraient aux idées progressistes.

Beaucoup plus déconcertante est la présence de deux revolvers et d'une corne à poudre dans ce trophée. Comment faut-il l'interpréter ? Est-ce un reliquat de la pratique des duels d'honneur ou la proclamation pour le moins romantique que les étudiants sont prêts à combattre violemment pour leurs idées ?

Quant à la couronne d'épines du Christ, reposant sur un diplôme roulé, sa signification nous semble ambivalente. Elle peut être un rappel que, selon saint Mathieu, le seul maître est Jésus (ce qui fait écho à la maxime "Vos omnes fratres estis"). Mais l'on pourrait aussi y voir une identification des étudiants à Jésus, établissant ainsi un parallèle excessif entre leurs études et son martyr.

"Fraternité !" clame une des trompettes. Ce qu'il faut sans doute comprendre comme la communion des idées.

En miroir, sur la hampe du drapeau de droite est posée la casquette de l'étudiant allemand, à laquelle pend aussi une jugulaire.

Un peu plus bas, on voit un angelot pleurer, sans que l'on sache vraiment pourquoi. Alors même que son alter-ego est souriant.

Dans le trophée qui enlace le drapeau, on trouve à nouveau pipe en porcelaine au long tuyau et épée mais aussi des éperons, un verre et des bouteilles, un livre  et des lettres cachetées.

Au pied du drapeau, on observe encore une chope, des lunettes et, cette fois, une couronne de fleurs, symbole de la victoire dans les études et du triomphe de la vie.

Une seconde trompette lance "Amitié !". Ce qu'il faut de toute évidence comprendre comme l'union des coeurs.

Derrière les deux étudiants, gisent enfin des morceaux de bois parmi lesquels on voit un panneau gravé du mot Belgique. Proviennent-ils des barricades de la récente révolution belge de 1830 ? Ou d'une frontière marquée jetée à terre ?

A côté de ce tas de bois, flotte un drapeau où se lit le mot "Union". S'agit-il du début de la devise du Royaume de Belgique ("L'Union fait la force") ou du souhait de s'unir aux étudiants étrangers par-delà les frontières ?

La présence d'un soleil à l'horizon vient éclairer ces questions. Au sein de celui-ci est inscrit le terme latin "Omnibus" (soit "Pour tous"). Autrement dit, le soleil brille pour tous sans distinction de classe sociale ou de nation. Ce qui laisse une nouvelle fois entrevoir la possibilité d'une lecture progressiste de cette lithographie.



Ci-dessous la lithographie imprimée en "Souvenir du banquet offert par les étudiants de l'Université de Louvain à leurs frères de Bonn". Y figurent les noms de plus de 200 convives. Etonnamment nous n'y lisons pas de noms à consonnance germanophone.

Sans entrer plus avant dans la description de ce document, remarquons les deux bols de punch en bas de document ainsi que les angelots qui trinquent, l'un représentant la Belgique et l'autre l'Allemagne. On retrouve ici les termes Union et Fraternité. Le terme Union est ici clairement distinct de la devise belge ("L'Union fait la force") car cette dernière figure dans un trophée qui coiffe le ruban de tête. Ce qui donne donc bien un sens de solidarité dans la défense d'un idéal commun à celui des étudiants d'outre-Rhin.

Document communiqué par Benoît Bacchus P.nc.n.
26,5 cm x 17,5 cm

mardi 25 janvier 2022

La couronne de la Saint-Vé 1925

Cette superbe photo de Saint-Verhaegen (don de Nadine H..ss., Ancienne de Solvay diplômée en 1958) nous a été transmise par le Camarade Pierre Br.nc.rt. Développée dans un format légèrement inférieur à celui du A3, elle porte au recto la mention 1925.

Le cadre magnifique de ce cliché est celui du Palais Granvelle ancré rue des Sols, que l'ULB occupa de 1842 à 1928, date à laquelle le quartier est détruit pour laisser la place à la gare Centrale et à la galerie Ravenstein.

En 1925, l'Université n'a donc pas encore complètement déménagé au Solbosch et la statue de Théodore Verhaegen, fondateur de l'Université, est encore dans la cour du Palais.

Cette photo nous offre plusieurs informations. Ce 20 novembre 1925, un Poil a - selon la coutume - posé une échelle contre la statue de Verhaegen afin de déposer une couronne de fleurs à ses pieds cependant que les drapeaux des cercles, baissés, saluent le fondateur.

A droite de la statue, l'on voit des Poils porter des lampions, qui seront sans doute allumés dès que la nuit tombera sur les festivités du Dies Academicus. Notons au passage que l'on retrouve ce sympathique usage des lampions dans d'autres sociétés étudiantes, notamment en Suisse. 

Manifestement, les bâtiments de l'Alma Mater sont ouverts : des étudiants y sont entrés et se sont postés aux fenêtres - et les ont même enjambées - à l'occasion de la prise de vue.

Tous les étudiants posent pour la postérité. Sans doute ont-ils pleinement conscience qu'une page se tourne pour l'Université et immortalisent-ils l'une des dernières Saint-Vé dans les bâtiments qui l'ont vu croître.

Photo transmise par Pierre Br.nc.rt.

De gauche à droite, au premier rang :
le troisième et le septième Poils portent des lampions.

mercredi 5 janvier 2022

A bas la triple buse !

Cet insigne de 4 cm de long a été frappé à l'occasion de la Saint-Verhaegen 2021. On y reconnaît l'ennemi héréditaire des Poils et Plumes : la triple buse.

Un corps en "tube creux à l'intérieur", des ailes d'oiseau de proie, un haut de forme de Bourgeois telle est la bête qui décime les auditoires. On la rencontre pour la première fois sous cette forme en 1853 dans le journal Le Crocodile, sous le crayon de Félicien Rops, qui la place dans le blason des Crocodiles.

Sur le chapeau de ce spécimen figurent, nous dit-on, le point d'exclamation de l'action estudiantine et le point d'interrogation de la réflexion.

Collection En Bordeaux et Bleu

La cagoule au CP vers 1940

Cette photo de 6cm sur 8 ne porte aucune information au verso. Il s'agit de toute évidence d'une scène de baptême au Cercle polytechnique de l'ULB, dont on reconnaît le blason sur les toges des comitards. Ceux-ci sont cagoulés pour impressionner les Bleus mais sans doute aussi pour donner un cachet atemporel à la cérémonie.

Il n'est pas possible de dater précisément ce cliché mais il rappelle fortement une autre prise de vue que nous avons extraite de 125 années à l'ULB vécues par le C.P., qui est - elle - datée de 1940. Les deux photos semblent avoir été prise le même soir.

Collection En Bordeaux et Bleu.

vendredi 22 octobre 2021

Lettre des Truands au Recteur en 1966

Le 20 novembre 1966 tombant un dimanche, c'est le lendemain que les célébrations de la Saint-Verhaegen eurent lieu.

Le cortège se déroula sur fond de contestation politique. Durant celui-ci, un tract rose fut distribué par les Truands. Dans ce feuillet, l'on sent déjà les frémissements de mai 1968,

Diffusé de la main à la main - l'habitude n'est pas encore prise de coller des affichettes aux murs - ce tract épingle les mesures prises par le recteur Marcel Homès : l'arbitraire le disputerait à l'incohérence. Les Truands lui reprochent des sanctions disciplinaires contre des étudiants du Cercle des Sciences et la suspension de la vente des journaux politiques à l'Université.

Le Conseil d'administration - jugé peu soucieux de la personne du recteur - y est également indirectement égratigné.




dimanche 4 avril 2021

Médaille phi...latélique des 150 ans de l'ULB

Cette médaille de Saint-Verhaegen (bien que ces deux derniers termes n'y figurent pas) a été frappée par l'Ordre du Phallus à l'occasion des 150 ans de l'ULB.

En forme de timbre, la médaille reprend plusieurs symboles de l'Ordre. Le tampon "1834-Université libre de Bruxelles-1984" a ainsi une forme de "Phi" grec.

La valeur du timbre est de 15 francs, nombre intimement lié à la vie de l'Ordre. Hasard du calendrier, ce 15 fait écho aux 150 ans de l'Université mais aussi au 15 ans de l'Ordre (fondé en 1969).

Pour une raison qu'il ne nous appartient pas de présenter, ce sont 14 bougies - et non pas 15 - qui sont posées sur la penne, qui fait office de gâteau d'anniversaire. Leurs couleurs variées rappellent entre autre celles des cercles facultaires. Le vieux Poil Michel H.rm.nd nous indique que l'ordre des couleurs varie d'une médaille à l'autre.

Les étoiles comptent 5 branches : le pentagramme est un autre symbole de l'Ordre. Elles figurent en lieu et place des étoiles de brasseur à 6 branches, habituellement épinglées sur les pennes.

Le Camarade Michel H.rm.nd souligne aussi que c'est la seule médaille signée du nom complet de son dessinateur. Roland Decol, artiste peintre, a suivi des études à l'ULB de 1960 à 1963 puis à l'Académie des Beaux-Arts de Saint-Gilles de 1965 à 1971.  

Collection En Bordeaux et Bleu

samedi 13 mars 2021

Médailles de Saint-Verhaegen de 1968 et 1988

Fondée en janvier 1968, la Corporation Bruxellensis frappait une médaille pour célébrer sa première Saint-Verhaegen en novembre de la même année.

Deux Poils y vadrouillent dans un cercueil. Le fond est bleu, couleur dominante de la Corporation (dont le band est bleu - rouge - bleu). Les ombres sont inspirées d'un dessin de Jean Dratz (décédé en 1967), qui figurent sur les Fleurs du Mâle de... 1967 et de 1969.

On retrouve sur cette médaille le point d'exclamation qui clôture le cri "Vivat Crescat Floreat !" commun à toutes les sociétés commentiques.

Cette médaille est la première réalisée par une société commentique de l'ULB à l'occasion des festivités du 20 novembre. Pour rappel, les corporations et les guildes se réunissent selon les usages du Comment (ou Codex) notamment en vigueur dans le monde estudiantin suisse, allemand, autrichien...

A l'occasion de la vingtième Saint-Verhaegen de la Corporation, Francis Clarembaux a fait frapper deux médailles similaires. Il en existe une version en vert ainsi qu'une version en rouge et une autre bleue, agrémentées ou non du monogramme de la Corporation (qui reprend les initiales du cri suivies des initiales de la société).

Un oeil averti percevra les différences minimes dans le dessin et le lettrage.

Collection En Bordeaux et Bleu.


Collection de Bacchus P.nc.n

Une penne noire de Chimie

Le Bruxelles Universitaire du 3 janvier 1945 nous apprend que désormais la penne sera noire, notamment pour se distinguer des potaches de l'enseignement secondaire qui ont usurpé la penne blanche. Ce n'est donc plus seulement le Cercle polytechnique qui arbore un couvre-chef.

De cette époque, nous disposons encore de pennes noires du Cercle Solvay, datant de 1945. Le blason facultaire (rouge et vert) y laisse la place au seul symbole facultaire, entouré des lettres ULB disposées en triangle. Une cordelette orange, placée entre le ruban et le calot, vient y rappeler l'ancien ruban facultaire orange.

Ci-dessous, vous découvrirez une penne de Chimie, qui suit les mêmes principes : la penne est noire, un absorbeur de Liebig y est placé entre les lettres ULB et une cordelette mauve, couleur facultaire, sépare le ruban du calot. La date de baptême n'est pas brodée mais la plus ancienne des médailles attachées date de 1951 et la plus récente de 1954.

Les photos des Saint-Verhaegen 1952 et 1953 du Cercle des Sciences montrent une majorité de pennes blanches, comme nous rappelle le Poil Michel H.rm.nd, auteur de la "Belle Histoire du Cercle des Sciences" (2015). Les Archives de l'UB possède une penne noire de Chimie (à visière courte) datant de 1948. La penne présentée ici n'a donc sans doute pas été achetée en 1951 mais bien plus tôt.

Comme cette penne compte pas moins de sept étoiles dorées et comme la dernière médaille de Saint-Vé date de 1954, cela pourrait indiquer que le Poil a été baptisé sept ans plus tôt, soit en 1948. Mais les médailles des Saint-Verhaegen 1948, 49 et 50 ne sont pas présentes... Il reste donc un point d'interrogation.

Collection de Gilles Th..l.m.ns


Plusieurs sentences en latin de cuisine ont été brodées avec de la laine mauve. Les Saintes Ecritures, "Bonum vinum laetificat cor hominis"  - "Le bon vin réjouit le coeur de l'homme" (Ecclésiaste, 40, 20) - côtoient ainsi les Odes d' Horace  (1,11) quelque peu déformées : "Carpe noctem" - "Profite de la nuit", au lieu du classique "Carpe diem" -. 

Une sentence inachevée est également brodée au fil mauve : " Primum bibere deinde... !" Celle-ci est un jeu de mot bacchique sur "Primum vivere deinde philosophari", qui invite donc à "d'abord vivre, puis philosopher".

Il faut évidemment traduire "Primum bibere... " par "D'abord boire... !" On retrouve cette maxime dans un dessin des Fleurs du Mâle de 1948 : Jean Dratz y a écrit cette phrase sur la penne d'un Poil.

Il est difficile de dire a posteriori si cette formule était en vogue à l'ULB au tournant de la fin des années 1940 et du début des années 1950 ou si le Poil de Chimie s'est inspiré du dessin de Dratz pour brodé sa penne.

Un triangle

Plus surprenant, un triangle contenant les lettres ULB a été brodé par le Poil de Chimie. Là aussi, en l'état actuel de nos connaissances, il est également difficile d'affirmer si le Chimiste s'est inspiré d'un modèle préexistant ou si c'est une invention de son cru. Nous penchons cependant pour la première explication car la disposition des lettres ressemble fortement à celle que nous connaissons encore aujourd'hui.

A la pointe du triangle, on lit "Universitas Bruxellensis" et, à sa base, "Scientia Vincere Tenebras", la devise de l'université. 


Collection Gilles Th..l.m.ns

Dessin issu des Fleurs du Mâle de 1948,
illustrées par Jean Dratz.
La penne du Poil de droite porte "Primo bibere"