mercredi 18 novembre 2020

69 ans : un disque, des Fleurs et une médaille truandesques

A l'occasion des 69 ans de la Truandaille, une archive sonore du milieu des années 1960 a été exhumée. Elle a été mise en ligne pour le plaisir de vos esgourdes : il suffit de suivre les liens et de remonter le temps en suivant ce fil d'Ariane. Un disque a donc été ramené à la vie... Mais une médaille de Saint-Verhaegen a aussi été frappée par les Truands de la Coquille.

Un vinyle 

Commençons par le disque... Bien qu'ils l'aient enregistré en studio, les Truands voulaient que l'ambiance de leur 45 tours fût proche de celle d'une guindaille. L'exercice, difficile, est assez concluant.

Parmi les titres accompagnés d'un accordéon, on retrouve "La Marche des étudiants", hymne de la Truandaille. Ce chant, rédigé en 1919 par Paul Vanderborght, était à peu près tombé dans l'oubli lorsque la Confrérie le ressuscita en 1951.

Aujourd'hui, ce chant magnifique s'est diffusé au-delà d'un cercle restreint d'étudiants. Et la qualité des vers de Vanderborght (poète aujourd'hui trop oublié) lui vaut d'être entonné lors de tous les cantus des Guildes de l'Université libre de Bruxelles.

Les amateurs de chanson estudiantine remarqueront cependant que le rythme de cette "Marche des étudiants" reprise sur le vinyle est légèrement différent de celui d'aujourd'hui. C'est pourtant toujours sur le rythme old school que les Anciens de l'Ordre l'entonnent de nos jours.

On entendra également ici l'incontournable "Pendu", qu'aurait sans doute volontiers brailler le poète François Villon. On remarquera tout de suite que ce chant traditionnel est étrangement amputé de son troisième couplet.

Les microsillons ont aussi immortalisé le fameux "Hallelujah !". On répète ce dernier cinq fois en tournant les mains selon le tempo (comme des marionnettes) ; puis l'on fait semblant de tirer une ancienne chasse d'eau (comme une manette de train à vapeur) en émettant le son de la chasse.

A ces cantiques sacrés, on peut ajouter deux chansons paillardes classiques, "Trim-troum-tram" et "Le Pou et l'Araignée", ainsi qu'une troisième désormais sortie des chansonniers : "Les couilles à Stef" .




En plus d'une expression propre à la Confrérie, la pochette du disque reprend une gravure illustrant la "Ballade des Pendus", extraite du "Testament" de François Villon, publié en 1490.

Quant au titre du disque, "Folastres Chansons & Couplets de haulte Gresse Goualés par les Ribauds", il fait écho à des expressions reprises dans la préface des "Fleurs du Mâle" de 1965.

Dans cette édition du chansonnier, figurent en effet les mêmes termes - et d'autres - estampillés truands, soulignés par nous : "Vous trouverez ici colligée [...] par nos linguistes les plus éminents, la plus fine fleur des chansons escholières, truandiques, gaillardes, paillardes, ribaudes, primesautières, ordurières, de haute graisse et de bas étage, frisques et de bon aloi [...]. A tous buveurs, gueuleurs, gens de joyeuse compagnie au ris clair et à la voix tonnante, salut et pantagruélique guindaille !"

En faisant surgir du passé les voix de vieux Poils, dont certaines se sont tues, ce disque met en évidence que, de Saint-Verhaegen en Saint-Verhaegen, le fil de la guindaille et de la fraternité ne se rompt pas. Malgré les alea de l'Histoire, ces très vieilles chansons nous sont encore connues...

Le chant estudiantin est un pont jeté à travers le temps : le Bleu fraîchement tondu et l'Ancien à quadruple bedaine peuvent se rencontrer au détour d'un refrain, à la pointe d'une rime. Les "Fleurs du Mâle" sont la taverne commune, où chacun peut rire et siffler une chope : reconnaître en l'Autre une même joie de Vivre.

Pour écouter "La Marche des Etudiants" et l'"Alléluia", cliquez ci-dessous sur la photo de Face B du disque. 


Pour écouter "Le Pendu", "Les Couilles à Stef" et "Kom mo binnen", cliquez ci-dessous sur la photo de la Face A du disque.



Des Fleurs

La préface des "Fleurs" de 1965, rédigée par un Truand, reflète assez bien l'esprit dans lequel la Confrérie chantait alors les airs enregistrés sur le vinyle. Aussi la donnons-nous in extenso.

Couverture des "Fleurs du Mâle" de 1965.



Une médaille

Manifestement, les Truands de la Coquille ont également fait frapper une médaille de Saint-Verhaegen pour célébrer leur 69e anniversaire. Celle-ci peut logiquement se regarder dans les deux sens, dans un jeu de miroir, le comitard cagoulé faisant face à l'étudiant penné, le passé s'adressant au présent et le présent souriant au passé.