jeudi 24 mai 2012

Comment de la Société de Zofingue

Dans la brève "Aux origines des sociétés d'étudiants" , nous avons signalé que les Landsmannschaften, apparues au 16ème siècle, furent les premières sociétés d'étudiants à codifier leurs coutumes par un Comment. Cet ensemble de rites est aussi parfois appelé Biercomment.

Il en existe des longs et des brefs, des sévères et des drôles. Qu'ils soient épurés ou d'une complexité burlesque, l'humour au second degré n'est jamais loin.

Les premiers Comment ont été rédigés en allemand. Mais certaines sociétés d'étudiants suisses les ont adaptés en français. 

Nous avons choisi de présenter le Comment édité en 1902 par la section genevoise de la Société de Zofingue (et non pas les versions plus récentes) afin de souligner l'ancienneté de rites étudiants que nous avons adoptés et adaptés dans les universités belges. (Lisez les brèves : "La tenue d'une Kneipe, d'un Cantus", "Silentium ex ! Colloquium !" et "Ad diagonalem ! Ad fundum !").

Les commentaires (assez brefs) des articles du Comment ont été placés en tête des pages reproduites ci-dessous.



Les séances sont rythmées par deux actes. Lors du premier acte, les membres discutent des questions administratives et présentent leurs différents sujets de discussion. Lors du second acte, l'assemblée passe aux réjouissances et aux jeux de bière.

Le terme "philistins" désigne en général les personnes qui n'appartiennent pas à une société d'étudiants. Mais certaines sociétés attribuent ce vocable à leurs anciens membres.

Lors d'une Kneipe, le temps est compté en "bierminuten". Et comme le temps passe plus vite le verre à la main, 5 bierminuten valent 3 minutes philistines.


La "fleur" est première gorgée d'une bière. A l'inverse, le "reste" est la dernière gorgée.

La Corona est composée de l'ensemble des membres attablés.

Les lettres "F.M." désignent le Fuchs-Major, chargé de la formation folklorique des nouveaux membres (appelés Füchse, c'est-à-dire "renards"). Les membres admis sont appelés Burschen (c'est-à-dire "gars").


Le §11 est le plus sacré des paragraphes. Dans de nombreux Comment, il reprend l'adage "Es wird immer fortgesoffen". Dans cette édition, la consigne a été francisée. Mais l'idée reste la même : on boit toujours trop.



Le "Burschenconvent", appelé "Gerousia" dans cette édition, est l'assemblée des Burschen. Et le "Fuchseconvent" est l'assemblée des nouveaux (les Füchse). Chaque Fuchs est parrainé par un Leibbursch.


Un "Ehrenfuchs" et un "Ehrenbursch" sont un fuchs d'honneur et un bursch d'honneur, ce qu'on pourrait traduire par filleul d'honneur et parrain d'honneur.


Un "Quantum" désigne une quantité et un "Ganz" un verre entier...

Contrairement à ce qu'indique son nom, le "Contre-président" (appelé parfois Contra) a pour tâche de seconder le président (le Senior).

Recommander un membre au Fuchs-Major ou au président revient à demander la parole ou une certaine quantité de bière pour lui. 


Une coquille s'est glissée dans le Comment : lisez "pro laude" (à la place de "pro lande"), pour le verre de récompense que boit un membre.


On verra dans le "bierjung" une parodie des duels à la rapière. Dans ce rite bibitif, les verres sont d'ailleurs appelés "armes" et l'on dit qu'un membre "a saigné" lorsqu'il a renversé de la bière en buvant.



Boire "in die Welt", c'est boire "dans le monde" suivant l'idée que la Corona est une petite société.

"Ueber's Kreuz trinken" est un rite bibitif pour "boire de façon croisée" ou plus exactement pour renvoyer l'hommage à celui qui invite à boire.


Au cours de la cérémonie d'intronisation, on verse de la bière sur la tête du néophyte.