mardi 26 mai 2015

Les Népelés (1935-1997) : des Résistants

En lisant l'indispensable ouvrage d'Henri Neuman, "Avant qu'il ne soit trop tard. Portraits de résistants" (éd. Duculot, 1985), nous avons eu un doute. "Et si... ?"

Nous avons donc vérifié les trois listes de Népelés conservées aux Archives de l'ULB... Et ça "colle" : 14 des 37 Népelés font partie des Résistants mentionnés dans "Avant qu'il ne soit trop tard" !

D'ailleurs, 8 d'entre eux au moins ont appartenu au Groupe G, réseau né à l'ULB. Et, dans ce sous-groupe, on retrouve 3 des dirigeants du G : Henri Neuman (ex président du Cercle de Droit, cofondateur du réseau), Christian Lepoivre (ex président du Librex, parachuté de Londres) et René Ewalenko (ex président du Cercle Solvay, responsable du Matériel au G).

Ces chiffres sont trop élevés pour être dus au hasard. Allons plus loin et posons une hypothèse : il est probable que tous les Népelés aient été résistants. Hypothèse qu'il faudrait vérifier sur base des travaux consacrés à la Résistance à l'ULB.

Médailles du Groupe G.
Document aimablement transmis par B.n..t Bacchus Poncin.


Dates d'activité

D'après les statuts du Cercle, les Népelés sont fondés en 1935. Si l'on en juge par la dernière convocation conservée à l'ULB, ils se réunissent jusqu'en 1997-1998.

Mais quand ce groupe de résistants s'est-il réellement constitué ? Avant le conflit, pendant celui-ci ou... après ? La question peut avoir son importance...

Une liste manuscrite mentionne les 3 fondateurs en 1935. Sous la date 1946, 17 autres Népelés sont cités. Sous 1950, 10 noms sont repris. Et sous 1958, 7 autres. A ces dates, tous les membres ont fini leurs études. A quoi correspondent-elles ? A des années d'intronisation au Népelé ?

S'il s'agit d'une liste de dates d'intronisation, elle présente des incohérences au regard des noms cités dans les Statuts (non datés). Certains membres cités pour 1946 figurent dans les Statuts et d'autres non. Il en va de même pour ceux notés pour 1950. Cette liste correspond donc sans doute à autre chose.

Népelés cités dans les Statuts :

Georges NAYRINCK
Emile PENNINCK

Christian LEPOIVRE
Hector LAUWERS
Willy MICHIELS
Paul VEKEMANS
François DANHAIVE
Jacques François
Jacques GUYAUX
Paul LELEU
Robert ROUSSEAU
Eddie BURG
Marcel CATS
Pierre MAERSCHALK
Jules WOLF 
Adelin SLOSSE
Henri NEUMAN
 
Liste conservée aux Archives de l'ULB :

Ce document provient du Service Archives, Patrimoine
et Collections spéciales de l'ULB.
50 avenue Franklin Roosevelt à 1050 Bruxelles.

 D'autres incohérences

D'autres éléments pourraient confirmer que cette liste manuscrite ne reprend pas les intronisations dans le groupe.

Jacques Guyaux et Paul Vekemans sont repris pour l'année 1946. Or Jacques Guyaux envoie à Paul Veckemans une lettre reprenant la liste des banquets tenus de 1939 à 1974. Il mentionne les agapes de 1939 au Silver Grill Bruxelles, de Noël, 1939 à Temploux - et précise "Tu y étais". Il poursuit avec les banquets de mai 1940 à Wépion, de l'été 1941 à Wépion, de décembre 1941 à Lessines, de l'hiver 1942 à Frasnes-lez-Buissenals, de l'été 1942 à Bauche-Evrehailles. Les banquets s'arrêtent à cette date et reprennent en 1946 à Grandglise.

Ce document indique plusieurs choses. Tout d'abord, comme trois Poils n'organiseraient pas des banquets pour eux seuls,.ils étaient sans doute plus nombreux. Ensuite, Jacques Guyaux était probablement présent aux agapes. Sinon comment aurait-il été au courant avec précisions des dates des banquets tenus pendant le conflit ? Enfin, et surtout, le fait que Guyaux rappelle à Vekemans "1939, Tu y étais" indique que les Népelés sont déjà quelques-uns à cette époque : au minimum Nayrink, Lepoivre, Penninck, Guyaux, Veckemans.




Et une autre bizarrerie : Henri Neuman (l'un des quatre fondateurs du Groupe G) est cité comme membre en 1946 alors qu'en mars 1945 il signe déjà "Ton népelé militarisé, Bien népelément, Henri" une lettre dans laquelle il annonce la naissance de son enfant.

Cette signature pose une autre question. Neuman a-t-il été reçu Népelé avant la guerre ce qui justifierait l'ajout de l'adjectif "militarisé" ou pendant la guerre ? Nous penchons pour la première option, la seconde s'avérant trop improbable.

Extrait d'une lettre conservée au Service Archives, Patrimoine
et Collections spéciales de l'ULB.
50 avenue Franklin Roosevelt à 1050 Bruxelles.


Le macchabée cité est Robert Rousseau, membre également des Népelés.

La liste des banquets (et la remarque "Tu y étais") ainsi que cette lettre de Neuman confrontées aux noms repris dans les Statuts indiquent que les années associées aux noms de Népelés ne correspondent vraisemblablement pas à des dates d'intronisation. Alors... à quoi font-elles référence ? Nous n'avons pas encore trouvé la réponse.

Népelés cités par Henri Neuman

Comme nous l'avons dit, Henri Neuman mentionne 14 des 37 Népelés dans "Avant qu'il ne soit trop tard".
Il s'agit de :
Jacques Bellière (groupe G)
François Danhaive (groupe G)
Richard De Kriek
Walter de Selys-Longchamps (groupe G)
René Ewalenko (groupe G)
Jacques François
Jacques Guyaux
Christian Lepoivre (groupe G)
Paul Leleux (groupe G)
Henri Neuman (groupe G)
Adelin Slosse
Jean Thibert (groupe G)
Paul Vekemans
Jules Wolf (réseau Sabot)


Nouvelle hypothèse

Comme la liste manuscrite de membres, les Statuts et les documents annexes ne sont pas cohérents, il est difficile de choisir entre les deux possibilités qui s'offrent à nous. Soit le groupe des Népelés était constitué essentiellement avant que la guerre n'éclate. Soit il a continué à recruter après guerre, dans le milieu des anciens résistants issus de l'ULB. Mais alors... dans quel but ? Seulement la guindaille ?

Si un historien a des pistes à nous proposer...