samedi 18 octobre 2025

Un drapeau du Cercle des Sciences

C'est la saison... Après le drapeau du Cercle polytechnique des années 1930 et le drapeau du Cercle de Droit des années 1930 retrouvés il y a peu, c'est au tour du drapeau du Cercle des Sciences de sortir des limbes. C'est le vieux Poil Frédéric M.r.t... qui a retrouvé le drapeau du Cercle.

En son centre, on y reconnaît la cornue chère au Cercle (cornue encore présente sur le vlek du Nucleus) si d'aventure les initiales CdS n'avaient pas suffit à identifier ce drap mauve.

Par son graphisme et la disposition des lettres, il ressemble fortement à celui arboré sur le char du Cercle de Chimie lors de la Saint-Verhaegen 1934 et celui de 1935 (ou 37), sur lequel figurent clairement les initiales C.C.

Néanmoins, si la passementerie de ce drapeau-ci ressemble de loin à celle du drapeau de 1934 (pour le peu que la photographie nous laisse deviner), elle est clairement différente de celle de 1935 (ou 37).

Datation au carbone 14

Pour mémoire, le Cercle de Chimie fut fondé en 1932 sur les ruines du Cercle de Sciences.

Alors... Ce drapeau-ci du CdS serait-il en réalité le drapeau du CC dont aurait modifié légèrement le lettrage ainsi qu'éventuellement la passementerie (si l'on en juge par les clichés) lors de la résurrection du CdS en 1938 ? A moins qu'il ne s'agisse du drapeau du "nouveau" CdS et que celui ne soit une copie aussi conforme que possible de l'ancien drapeau du CC ?

Vu qu'aucune trace de modification du lettrage n'apparaît sur le tissu, ce drapeau est vraissemblablement celui du CdS ressuscité à veille de la Seconde guerre mondiale !

Pour en savoir plus sur la Saint-Vé 1934 et sur le cercle de Chimie, n'hésitez pas à consulter l'excellent ouvrage du Poil Michel Hermand, La Belle histoire du Cercle des Sciences, 2015.

Collection Frédéric M.rt...

Char du Cercle de Chimie, à la Saint-Vé 1934
Le mage barbu est le futur président du CC (1936-1937).

A droite le drapeau du CC.
Document transmis par Martin Pwim Sp.n.gh.

Photo de la Saint-Verhaegen 1935 ou 1937.
Document transmis par Martin Pwin Sp.ngh.

lundi 7 octobre 2024

Le triangle sur la penne de l'ULB

Aujourd'hui, un triangle contenant les initiales de l'Université libre de Bruxelles figure sur le calot de notre penne. Il est brodé dans la couleur du cercle facultaire auquel on appartient. Mais... il n'a pas "toujours été là".

Et, contrairement à ce qu'on pourrait imaginer, la couleur de ce triangle et ses initiales n'ont pas non plus été arrêtées lors de la codification de la penne et du béret en 1926. Cette année-là, l'Association générale des étudiants fixe certes le port du blason et du ruban facultaires ainsi que l'emplacement des étoiles sur ce ruban mais il n'est nullement question de triangle pour la bonne et simple raison que ce motif géométrique ne figurait alors ni sur la penne ni sur le béret de l'ULB.

Une penne de 1951

La penne de Médecine présentée ici par le Poil Benoît Bacchus P.nc.n appartenanit à un étudiant baptisé en 1951. Elle nous montre un triangle rouge, couleur de la faculté, relativement petit, positionné sur le bord du calot et non au centre comme c'est le cas aujourd'hui.

Les lettres, brodées à la main, ont une forme proche de celle que nous connaissons aujourd'hui, ce qui nous laisse penser que l'étudiant a dû s'inspirer d'un modèle plus ancien, largement adopté (qu'il ait figuré sur des médailles ou dans des journaux estudiantins).

Nous avons déjà parlé d'une penne noire de Chimie, portée en 1951 voire un peu plus tôt. Sur cette dernière, le triangle est également réalisé à la main mais occupe bien la position centrale sur le calot encore en vigueur. Par contre, le triangle est brodé d'un fil rouge violacé et non d'un mauve franc, comme cela devrait être le cas pour la Chimie.

Ces deux témoignages - il nous en faudrait d'autres pour être plus catégorique - pourraient indiquer que ce n'est qu'à la toute fin des années 1940 ou qu'au tout début des années 1950 que le triangle fut introduit sur les couvre-chefs, sans que sa position ni sa couleur ne soient encore bien déterminées. Cette dernière étape de la codification de la penne doit encore être datée plus précisément.

Collection (et photos) Benoît Bacchus P.nc.n




lundi 30 septembre 2024

Le béret, à l'ULB et ailleurs

L'iconographie de l'Université libre de Bruxelles nous a habitué à la penne blanche, parfois noire (comme ce sera le cas après la Seconde guerre mondiale notamment en Chimie, à Solvay,  en Médecine.) 

Mais le béret en velours noir a également été porté à l'ULB comme dans d'autres universités, que ce soit à Gand, à Mons... On en trouve des traces avant la Première guerre mondiale et, au moins, jusqu'à la fin des années 1940.

Des Nébuleux à 1950

La plus ancienne trace de béret estudiantin bruxellois que nous ayons trouvée figure sur la photographie des Nébuleux jouant aux cartes. La photo n'est pas datée. Mais, si l'on en juge par les habits et par la forme des pennes, elle a sans doute été prise au plus tard vers 1900.

Le porteur de béret au second plan.
Le Cercle des Nébuleux pose avec son drapeau
reconnaissable à son croissant et à l'étoile.
La date 1886 est celle de la fondation du Cercle.

Sur ce cliché des années 1910, on voit nettement le béret noir tel qu'il fut porté à l'ULB, avec le ruban rouge et vert (couleurs de la ville de Bruxelles) où sont épinglés les étoiles.

Vers 1910.
Collection privée.

On retrouve encore le béret en Une du Bruxelles Universitaire, en décembre 1948. C'est l'une des dernières traces que nous ayons retrouvée. Le béret porte toujours le blason facultaire et les étoiles sur un ruban d'une seule couleur (celle de la faculté où étudie la Plume).


Origine

Ainsi que la presse estudiantine de l'époque le rapporte, les étudiants belges avaient de nombreux contacts avec leurs homologues français à la fin du XIXe siècle. C'est vraisemblablement lors d'une de ces rencontres (soit en France, soit en Belgique) que le béret a été adopté par les Bruxellois.

Le port du béret est lui-même introduit chez les étudiants de France en 1888. Cette année-là, de grandes fêtes sont organisées à Bologne pour célébrer les 800 ans de l'université de la ville, la plus ancienne d'Europe, en présence de délégations de nombreux pays. Les étudiants français, jaloux des apparats - casquettes, uniformes et chapeaux divers - de leurs confrères, choisissent le béret bolonais en velours noir comme signe distinctif. Ils le baptiseront du nom de faluche.

Le béret ayant été introduit en France en 1888, on peut raisonnablement penser que ce couvre-chef a été porté à l'ULB vers 1890 au plus tôt, le temps que ce couvre-chef se diffuse en France et soit importé chez nous. La photo des Nébuleux, où figure un étudiant en béret, devrait donc avoir été prise entre 1890 et 1900.

Le béret est toujours porté en France. Et en Suisse romande, où il côtoie la casquette au sein d'une même société d'étudiants, qu'il s'agisse de Belles-Lettres ou de l'Valdesia. Qui sait s'il ne reviendra pas au goût du jour en Belgique ?

Quelques bérets de l'ULB

Nous avions déjà publié des photos de bérets de l'ULB. En voici d'autres. Nous les devons toutes au vieux Poil Benoît Bacchus P.nc.n. Nous le remercions grandement.

Voici un béret de 1921, avec une photo de son porteur. On reconnaît le blason du cercle de médecine et le ruban aux couleurs de la Ville de Bruxelles.

Collection Benoît Bacchus P.nc.n

Collection Benoît Bacchus P.nc.n

Ce même étudiant portait également une penne, dont le ruban est aussi rouge et vert (couleurs de Bruxelles). Étonnamment, il n'y a qu'un insigne facultaire et non pas de blason alors que le béret (datant de la même époque) en disposait. Etait-ce par coquetterie ou par esprit pratique (selon la météo ou les activités) que ce Poil possédait deux couvre-chefs ? Mystère. Mais il n'est pas le seul dans ce cas.

Collection Benoît Bacchus P.nc.n

Collection Benoît Bacchus P.nc.n

La photographie suivante est celle d'un béret de 1938, remis à une Plume de Sciences Politiques. Le modèle du blason a changé et le ruban est désormais à la couleur de la faculté dans laquelle l'étudiante est inscrite. Ces modifications font suite à la codification des couvre-chefs estudiantins en 1926.

Collection Benoît Bacchus P.nc.n

Collection Benoît Bacchus P.nc.n

Béret de Mons

Ce béret en velours noir du début des années 1920 est ceint d'un ruban rouge et blanc, couleurs de la Ville de Mons. L'insigne facultaire est épinglé à l'avant du couvre-chef. Les étoiles ponctuent le ruban mais le maintiennent également en place.

Collection Benoît Bacchus P.nc.n

Bérets de Gand

Ce sont maintenant deux bérets de Gand, que nous vous présentons. L'un et l'autre se ressemblent étrangement.

Leur datation est difficile à estimer. Le premier béret gantois date peut-être d'avant la Première guerre mondiale et le second d'après celle-ci. Néanmoins leurs nombreuses similitudes laissent planer le doute. 

Sur les deux bérets, une tête de mort y a été épinglée comme un insigne facultaire. Mais comme les rubans facultaires semblent différer (le premier béret porte un ruban noir et le second un ruban mauve), cette tête de mort a peut-être été attribuée par une confrérie ou lors d'une guindaille.

L'écusson jaune et bleu cousu sur les deux bérets fait sans doute écho aux couleurs de Flandre Occidentale.

Collection Benoît Bacchus P.nc.n

Le velours noir du second a été moins insolé.

Collection Benoît Bacchus P.nc.n

Collection Benoît Bacchus P.nc.n

Ici aussi, nous disposons également d'une penne pour l'étudiant porteur de ce second béret gantois. On y reconnaît le même ruban jaune et noir et la même Minerve.

Collection Benoît Bacchus P.nc.n

 Bérets de Belles-Lettres, en Suisse

Les étudiants et anciens de Belles-Lettres (à Lausanne, Genève ou Neuchâtel) porte des bérets verts et des casquettes vertes, de la couleur dominante de leur Société. Un monogramme (parfois appelé Zirkel) rouge y est brodé.


vendredi 25 août 2023

La médaille des Nébuleux éclairée par deux cartes

Le Cercle des Nébuleux, l'un des ancêtres des Ordres actuels, fut fondé en 1886.

Dans "In illo Tempore" (1963), Charles Sillevaerts décrit la penne et la médaille du Cercle : "Tout le monde assistait à la séance secrète, la tête couverte de la casquette nébuleuse, de couleur bleu azur avec visière courte, portant l'insigne "une femme renversant une corne d'abondance et assise sur un croissant de lune." On en avait fait quelques centaines lors de la fondation du club et, en 1910, il en restait encore assez bien a écouler. 

La casquette était la même pour tous, mais, tandis que celles du "Vénérable" devait montrer des traces nettes d'usure et de nombreuses taches graisseuses sur le tissu, celle de l'"Honorable" pouvait porter quelques traces d'usure et quelques rares taches graisseuses. Tous les autres membres  avaient droit à deux taches de modèles réduit, seul l'"Infiniment petit" devait porter une casquette "flambant neuve". Ces subtiles distinctions étaient dues au fait que l'usure et les taches étaient en raison directe du travail et des efforts cérébraux fournis et dont la sueur constituait la preuve évidente."

Jusqu'à ce jour, nous n'avons malheureusement pas retrouvé d'exemplaires de la médaille des Nébuleux. Mais l'on peut s'en faire une idée grâce à une carte de correspondance datée de 1900.

Carte de correspondance et blason

En Suisse, en Allemagne ou encore en Autriche, les sociétés étudiantes avaient l'habitude d'imprimer des cartes postales destinées aux convocations ou à la correspondance, ornées de leur blason ou de dessins de fantaisie.

Cette tradition n'a été adoptée que par de rares groupements estudiantins en Belgique. Aussi la carte postale de correspondance des Nébuleux présentée ci-dessous est une rareté.

Ce qui frappe le regard, c'est bien entendu ce qui semble être le blason des Nébuleux : une femme penchée sur un croissant de lune dans un ciel ponctué de six étoiles à cinq branches, où passe un nuage. La lune et le nuage forment les initiales du Cercle des Nébuleux.

Ce dessin, imprimé en bleu (couleur des Nébuleux), ressemble pour beaucoup à la description de la médaille donnée par Sillevaerts, bien que ce dernier ne mentionne pas de "N" ni d'étoiles et bien qu'ici la corne d'abondance ait été remplacée par un drap.

Sous ce blason, on retrouve la datation propre au Cercle : "An XV des Nébuleux", qui renvoie à l'année de fondation (1886).

Sur cette carte, vraisemblablement postée par un Nébuleux à l'attention de sa soeur, Julia Mahieu, le 18 février 1900, on peut lire notamment : "Je te donnerai de mes nouvelles mercredi. Je t'écris sur cette carte pour que tu la mettes dans ta collection. [...] Je t'embrasse de tout mon coeur, ton frère (signature illisible)."


Collection Arnaud Touffe Decostre
sur le site Que Vive la Guindaille.

Une carte de bal

Le Cercle des Nébuleux organisait entre autres de "Grands bals des Etudiants" aux Salons Modernes (rue Auguste Orts) comme en attestent deux cartes de 1896 et 1910 conservées aux Archives de l’ULB ou encore dans les Salons de la Nouvelle Cour de Bruxelles (place Fontainas) ainsi que le montre la carte de 1907 issue de la collection du vieux Poil Br.m D.sm.t, que nous présentons ci-dessous.

Sur ces divers cartons de bal, on retrouve le même croissant de lune entouré d'étoiles. Il semble donc clair qu'il s'agit là du blason du Cercle. On retrouve également la datation particulière sous le blason : "An XXI des Nébuleux".

Ce carton d'invitation, destiné à une dame, a été réalisée à l'occasion du bal des Nébuleux du 24 janvier 1907. Il y est précisé qu'une collecte serait organisée au profit d'une oeuvre de bienfaisance au cours des festivités. On peut espérer que le don fut conséquent : les bals des Nébuleux connaissaient en effet un succès constant, attirant plus de 400 danseurs, si l'on en croit l'Echo des Etudiants du 14 janvier 1909.

Au recto du carton figurent les danses exécutées au cours du bal et réparties en deux périodes. Le numéro inscrit devant chaque danse indique le nombre de temps sur laquelle elle est pratiquée la valse, la polka ou la mazurka. La ligne tracée à droite de l'intitulé de la danse est peut-être destinée à noter le nom d'un cavalier.



Collection Br.m D.sm.t

Bleus de 1938

Trouvés dans les Cahiers du Libre Examen de novembre 1938, ces croquis de Bleus ont conservé toute leur fraîcheur. Leur auteur (hélas anonyme) a un trait assuré, inspiré sans doute par celui d'Hergé.

La jeune femme porte son béret positionné vers l'arrière, ce qui laisse voir le blason facultaire et sa première étoile.




samedi 8 juillet 2023

Médaille des Iguanodons : des thèmes universels ?

La vieille médaille du Club des Iguanodons de l'Université de Bruxelles n'est pour ainsi dire connue que de quelques collectionneurs.

Ses dimensions (8 cm de hauteur) et son ruban indiquent suffisamment qu'il s'agit d'une médaille pectorale. Nous présentons ici un exemplaire unique, encore doté de son ruban.

Le rouge et le vert du ruban correspondent aux couleurs de la Ville de Bruxelles. Rappelons à cet égard que, jusqu'à leur codification en 1926, la penne et le béret des ulbistes n'étaient pas ceints d'un ruban facultaire mais bien d'un ruban aux couleurs de la Ville.

Collection du Poil J.n V.n d. V.l

Les thèmes de la médaille des Iguanodons - canne et pipe entrecroisées, poignée de mains soutenant une chope, ceinture et couronne de laurier - se retrouvent parfois sur des cartes postales de corporations étudiantes allemandes, où l'on voit le Zirkel (le monogramme de la société).

Tradition du combat à la lame oblige, c'est une rapière qui remplace la canne. On sait que la canne servait chez nous à marquer la classe sociale de l'étudiant mais aussi à se battre lors des vadrouilles orageuses.

Quant à la pipe, elle est le symbole de la pensée libre des étudiants, comme sa fumée évoque leurs songes.

Pipe et rapière entrecroisées.
Couronne de laurier.
Chope posée sur un livre,
frappé du Zirkel (monogramme) de la corporation.
Carte envoyée le 8 juillet 1905.

Mais le parallèle le plus évident nous semble figurer dans l'iconographie de cette chope d'une Turnerschaft (confrérie estudiantine sportive), que nous n'avons encore pu identifier.

Faut-il voir ici la trace d'une influence des coutumes des corporations germaniques sur les Iguanodons à l'occasion d'une visite des uns ou des autres ? Ou, plus simplement, l'évocation de thèmes universels de la vie estudiantine ? Nous n'avons pas encore tranché mais nous sommes frappés par la similitude dans la disposition des objets.


Chope non datée.
Une blague à tabac pend à la pipe.
Chope portant le Zirkel
(monogramme) de la Turnerschaft.
La chope est adossée à un livre.



Le CD a retrouvé le drapeau des années 1920

Comme quoi il ne faut jamais désespérer et continuer à faire des offrandes au pied de la statue de saint Verhaegen...

Le Cercle de Droit vient de récupérer le drapeau réalisé dans les années 1920. Ses dimensions sont de 90 cm sur 70 cm. Le lettrage arrondi et la balance facultaire sont brodés en fil doré.

Etonnamment, il porte également le nom de Jules Fonson. On pourrait spontanément penser qu'il s'agit du donateur du drapeau. Mais Jules Fonson (1861-1938) est un illustre médailleur bruxellois, qui reprend l'affaire familiale dans les années 1920. Il est aussi le plus célèbre des fournisseurs militaires. C'est sans doute dans ce cadre que le Cercle s'est adressé à lui pour la confection de son drapeau.

L'étendard est fortement endommagé. Mais il est désormais entre de bonnes mains.


Photo transmise par le Poil Arm.n T.r St.p.n..n, président du C.D.

Le drapeau du CD n'a pas toujours eu le même aspect. Ainsi dans les années 1960, le texte et la balance sont disposés de la même manière mais sont tracés en noir. Et l'arrondi cède la place à l'angle droit. 

Saint-V, entre 1964 et 1968,
hommage au Soldat inconnu.
Photo extraite de M. Hermand,
"La Belle histoire du Cercle des Sciences".

"Les Bleus ont soif" : la Buse est de la revue

En mai 1920, au sortir de la première guerre mondiale, le Cercles des Sciences est le premier à renouer avec la tradition des Revues. Il donne un spectacle resté célèbre : "Les Bleus ont soif".

Son titre était un double clin d'oeil. D'une part, il rappelait "Les dieux ont soif", livre d'Anatole France paru en 1912. Ce roman a pour cadre la période de la Terreur, qui voit la Révolution française dévorer ses propres enfants.

D'autre part, par ricochet avec le livre d'Anatole France, le titre de la Revue du Cercle des Sciences est une allusion, néanmoins humoristique, aux horreurs de la guerre, dont les déflagrations se font encore sentir dans les rangs des étudiants. S'il fallait souligner le lien avec l'actualité, l'affiche de la Revue présente le profil d'Athéna, déesse grecque de la sagesse mais aussi de la stratégie militaire...

La Revue est d'ailleurs jouée au profit d'une bourse d'étude pour les combattants et les descendants de combattant.

La Buse

S'il fallait encore une preuve que le conflit mondial hante encore l'Alma Mater, la chanson "La Buse",  entonnée pour la première fois à l'occasion de la Revue, débute par ses trois mots : "Avant la guerre..." Et elle se chante sur l'air de "Verdun, on ne passe pas", chant patriotique français écrit en 1916.

Tout comme le titre de la Revue, cette chanson au propos léger est teintée d'humour noir : la Buse qui frappe les étudiants y est comparée avec l' "Aigle noir", qui désigne l'empire allemand (et son armée) dans la chanson française de 1916. Rire pour ne pas pleurer... Une autre chanson du même auteur, "La Marche des Etudiants", écrite elle en 1919, n'énonce-t-elle pas au troisième vers : "Nous faisons guerre à la mélancolie ou la cachons sous des cris de gaieté"... Tout est dit.

Sur l'affiche annonçant le spectacle, on retrouve ladite Buse sous les traits d'un angelot coiffé d'un chapeau buse, au côté d'un étudiant en casquette. Dans la pièce, la Buse était incarnée par Mademoiselle Casanova.

Collection Benoît Bacchus P.nc.n.

Le texte et les chansons de la Revue sont dus à la plume de "P. Loteur", jeu de mot en guise de pseudonyme de... "l'auteur", Paul Vanderborght, poète ulbiste (1899-1971). Les dessins de l'affiche et du livret sont signés Lif, alias Idès Lejour.

La première représentation est un succès : la salle se déchaîne, les profs se gondolent. Dans le Bruxelles Universitaire de juin 1920, Paul Vandergorght écrira entre autres : "Nous avons vécu là des heures de fraternité sincère, où l'on sentait revivre, superbe et triomphante, la belle bohème estudiantine, qui ne doit pas être confondue avec la grossièreté et la voyoucratie."

Des étudiants de Liège, Gand, Mons, Anvers et Gembloux assistent à la seconde représentation. Nouveau succès. Malheureusement, dans la soirée, le drapeau du Cercle des Sciences et l'ancien drapeau de la section de Pharmacie disparaissent lors d'une bagarre place Sainte-Catherine. 

Nous renvoyons à "La belle histoire du Cercle des Sciences", ouvrage incontournable édité en 2015 par le Poil Michel Hermand, pour plus amples informations sur cette Revue.


Collection Benoît Bacchus P.nc.n.

Comme l'indique la distribution,
c'est Mademoiselle Casanova
(alias Diane de Gravelyn)
qui incarna la Buse.

La chanson "La Buse" (en bas à droite) fait ici
sa première apparition.

Plaquette de vestiaire

Ancienne plaquette du vestiaire de "la" bibliothèque de l'ULB, au lettrage influencé par l'Art déco.

On notera qu'il n'existe alors manifestement qu'une seule bibliothèque. Ceci permettrait peut-être de dater la plaquette. On remarquera aussi qu'il y avait un vestiaire, chose inimaginable aujourd'hui.

On ignore comment cette plaquette pu être oubliée dans la poche d'un lecteur ou d'une lectrice, malgré ses dimensions (7cm sur 5cm).

Que sont devenues les autres plaquettes ?

7cm x 5 cm. Collection privée.

Quelques médailles facultaires

Cette jolie série de médailles facultaires, présentée ici par le Poil Benoît Bacchus P.nc.n, a été réalisée en émail à chaud dans les années 1920.

Elle date vraisemblablement de l'époque de la codification de la penne en 1926. Cette année-là, l'on décide que le blason de la faculté où le Poil ou la Plume suit ses études sera brodé ou épinglé sur son couvre-chef. Une bande de couleur associée à chaque faculté fera désormais le tour du couvre-chef et remplacera le ruban vert et rouge (identique pour chacun), qui rappelait les couleurs de la Ville de Bruxelles.

C'est sans aucun doute pour garder le souvenir de les couleurs de l'ancien ruban que les épinglettes sont rouges et vertes.

Si le trio de médailles photographiées appartiennent aux cercles de Droit, de Médecine et de Sciences sociales, chaque faculté disposait manifestement de son insigne.

Collection Benoît Bacchus P.nc.n.

On connaît également de telles épinglettes pour le Cercle de Philo et Lettres et le Cercle Solvay, lequel remit la sienne à Manneken Pis lors de la Saint-Vé de 1930.


Collection En Bordeaux et Bleu.