Cortège et nuit de la Saint-Verhaegen 1924
Bruxelles Universitaire
du 13 décembre 1924 relate avec ironie la pose de la première des
nouveaux bâtiments au Solbosch, retranscrit les discours officiels du
Recteur et du président de l'Association générale des étudiants, qui
redoute que le déménagement de la rue des Sols au Solbosch n'entraine la
disparition de certaines traditions estudiantines.
Lors de la séance académique, le président de l'AG, Motz déclare notamment : "C'est
ici, à l'époque où toutes les facultés y étaient réunies que s'est
formée la camaraderie, la solidarité entre étudiants, c'est ici que fut
fondée l'association générale et tous les cercles facultaires, et ce
grand auditoire de l'Université représente aussi quarante ans de vie
estudiantine. Aussi, pourrons-nous dire de notre Alma Mater que partir,
c'est mourir un peu. Mais chacun d'entre nous sera appelé à faire
connaissance avec le Solbosch. Il est vrai que pour certains étudiants,
la nouvelle Université peut paraître fort éloignée, inaccessible même.
D'autre part, ces plaines lointaines du Solbosch sont d'un aspect plutôt désertique
et, de l'avis de tous les étudiants, l'absence de cafés, restaurants et
buvettes s'y fait sentir d'une manière particulièrement pénible. Nous
aurons au Solbosch des locaux vastes et clairs, des installations
parfaites. Mais dans la ville universitaire de demain, il faudra créer
la vie estudiantine, il faudra l'adapter à des conditions nouvelles.
Aussi l'association générale fonde sur les jeunes étudiants de grandes
espérances. Au Solbosch, les étudiants n'oublieronts-ils pas leurs
nobles traditions ? Je ne discuterai pas plus longtemps cette question
particulièrement délicate pour l'honneur et la susceptibilité des bleus,
mais j'espère et j'aime à croire que les étudiants de demain ne seront
pas pour les aînés un sujet d'étonnement !"
Ce n'est
donc sans doute pas sans raison que le cortège de 1924 avait pour thème
l'étudiant à travers les âges. Nos Anciens avaient conscience qu'une
page importante de l'histoire de l'ULB et de ces Cercles se tournait.
C'est d'ailleurs la première fois qu'un thème de Saint-Vé est mentionné
en filigrane par le Bruxelles Universitaire.
Il est également possible que ce soit à cette Saint-Verhaegen de 1924 que les chars ont fait leur apparition. Du moins, la plus ancienne photographie de char connue, date de cette édition-là. Il s'agit d'un corbillard. Mais nous n'en trouvons pas la trace dans cette "Relation authentique de la Saint-Verhaegen de l'an de grâce 1924", pour reprendre le titre du B.U. Pas plus que dans les chroniques des Saint-Verhaegen suivantes.
Enfin, c'est lors de cette même Saint-Vé que les Cercles étudiants reprennent leur hommage à Francisco Ferrer,
place du Samedi, avec l'accord des autorités de la Ville. Il ne nous
semble pas impossible qu'il y ait un lien entre le déménagement de
l'Université du libre examen sur le lointain plateau du Solbosch et la
relance - pour ne pas dire le maintient - d'une cérémonie libre penseuse
et anticléricale au cœur de Bruxelles.
Les
festivités de cette "Saint-Verhaegen charnière" s'achevèrent comme
chaque année, par un Bal entre Poils évoqué avec humour ainsi qu'une
nuit d'ivresse éclairée d'un punch flambé avec un final au Bois de la Cambre, pour une soupe à l'oignon chez Moeder Lambic.