Pour paraphraser L.B. dans La Pensée et les Hommes. Sous le masque de la Franc-Maconnerie (éditions de l'Université libre de Bruxelles, 1990), les Ordres - tels qu'on les connaît aujourd'hui à l'ULB - sont des cercles d'étudiants où l'on entre par cooptation, ce qui entraine une relative continuité dans le profil des sociétaires.
Les candidats sont reçus après avoir vécu une intronisation marquée par le folklore propre à chaque Ordre. Ce folklore - que les membres jurent de ne pas dévoiler - est présent dans des rites, des symboles, des surnoms et un vocabulaire plus ou moins riches et cocasses selon les clubs...
Les séances - généralement hebdomadaires - de ces Sociétés se passent à débattre, plaisanter, chanter et boire dans un cadre folklorico-sérieux. Du coup, "Le lien initial de camaraderie trouve son extension dans une complicité estudiantine, qui débouche sur une entraide réelle et souvent se prolonge après les études par une amitié durable." (L.B. dans La Pensée et les Hommes. Sous le masque de la Franc-Maconnerie)
Si le principe de ces Ordres estudiantins est aussi ancien que celui des corporations étudiantes commentiques (allemandes et suisses) et si leur fonctionnement n'est en soi guère plus "mystérieux" que celui des clubs chantants que sont les Guildes actuelles, l'origine exacte du terme à l'ULB est encore inconnue.
Origine du terme
Les Nébuleux - fondés en 1887 dans la continuité de Cercles plus anciens - ne se qualifient jamais d"Ordre", bien que leur fonctionnement s’apparente à celui des Sociétés estudiantines appelées ainsi aujourd'hui : intronisation, camaraderie, rites et discrétion.
Les chroniqueurs du journal L’Echo des Etudiants et Ch. Sillevaerts dans ses mémoires - In illo tempore, 1963 - parlent tous du "Cercle des Nébuleux". C'est la même appellation qui est reprise sur deux cartons (de 1896 et de 1910) annonçant un bal des étudiants organisé par cette Société. (Voir aux Archives de l'ULB)
Le terme "Ordre" apparaît - d'après nous - en 1906 avec les Paradisiaques (L’Echo des Etudiants du 15 février 1906). Puis, il est attesté en 1920 pour les Punchistes, "ordre sévère". (Annuaire de l’Union des Anciens Etudiants de 1919-1920).
Si les Paradisiaques (fondés en 1900) revendiquent le titre d'"ordre", ils ne nous donnent qu’une définition plutôt floue de ce mot :
« Notre groupement est un « ordre » et non pas un cercle, c’est-à-dire que le mode de recrutement et de classement de ses membres ne correspond nullement aux coutumes régnantes dans les associations estudiantines. » (L'Echo des Etudiants du 15 février 1906)
Un article de L’Echo des Etudiants de 1907 nous livre un aperçu de ce "classement". Celui-ci débute avec les "Catéchumènes", se poursuit avec les "Néophytes" et les "Anges" et s’achève avec les "Archanges". (L'Echo des Etudiants du 31 octobre 1907)
Les Paradisiaques s’avèrent être une société très hiérarchisée. Leur fonctionnement ne correspond pas à celui du Cercle des Nébuleux, qui ne comptait qu'un seul "grade" : le dernier intronisé ne portant le titre d'"Infiniment Petit" que jusqu'à la réception d'un nouveau membre.
Les seuls points communs entre les Nébuleux et les Paradisiaques semblent être une certaine discrétion et l'usage de rites que nous avons évoqués plus haut. Cette remarque vaut bien entendu pour les Ordres actuels, les uns étant peu structurés et peu hiéarchisés tandis que les autres le sont fortement.