Se rendre 12 rue aux Choux, suivre un long couloir, traverser une cour, monter trois marches de pierre usées et pousser une porte vermoulue... On arrivait alors à l'étroite salle rectangulaire du Diable au Corps. (Jean d'Osta, Dictionnaire historique et anecdotique des rues de Bruxelles, 1995)
Le dallage rouge et blanc était rafraîchi de sable fin. Les poutres du plafond étaient bistrées par l'huile des lampes et les chaises branlantes (Bruxelles Universitaire de mai 1930)
Carte postale, imprimée chez Havermans, vers 1900. Au centre du cliché, la cheminée flamande et le poêle de Louvain. Derrière les fenêtres à croisillon, à droite, on trouvait la cour. |
Au bout de la pièce, on trouvait un poêle de Louvain et une cheminée campagnarde porteuse d'un tas de bibelots. Amédée Lynen (l'un des animateurs du cabaret) et Bizuth ont tous deux croqués cet espace chaleureux.
Le Diable au Corps, par Amédée Lynen. Carte postale, vers 1900. |
Le poêle de Louvain et la cheminée flamande vus par Bizuth in Bizuth, U.L.B. 20-26. Cent caricatures et quelques dessins, 1949 |
A l'autre bout de la salle, en face de la cheminée, se dressait le comptoir où officiait Jules Gaspar, le vénérable patron, au milieu des chopes en grès.
Le comptoir du Diable au Corps, vu par Bizuth in Bizuth, U.L.B. 20-26. Cent caricatures et quelques dessins, 1949. |
Lorsque le Diable au Corps dut fermer sa porte fin 1928 pour laisser la place aux bâtiments de l'Innovation, on organisa une vente aux enchères du mobilier (en janvier 1929). De la cheminée flamande aux carreaux de Delft qui lambrissait la cheminée et la salle, du poêle de Louvain aux pots en grès, les fidèles sauvèrent de nombreux trésors de la démolition. Mais ils furent éparpillés. (Les mémoires de Jef Lambic, 1930)
Poils, Plumes, si vous voulez saluer quelque relique du glorieux estaminet, allez boire un coup à la Fleur en Papier Doré, rue des Alexiens. Vous y verrez le vieux poêle, où ronflait le feu du Diable.
Aujourd'hui, on retrouve un peu de l'ambiance du Diable au Corps sur les banquettes de la Bécasse, du Bon Vieux Temps, de l'Imaige Nostre Dame qui vivent tranquillement au fond de ruelles du centre-ville.