lundi 30 juillet 2012

L'évolution du Solbosch dans l'entre-deux-guerres

Du milieu du 19e siècle à 1907, les étendues agricoles du plateau du Solbosch (qui s'étire de l'abbaye de la Cambre à l'église de Boendael) sont grignotées par une urbanisation légère et la construction de maisons de plaisance (dont la villa Capouillet, bâtie en 1872).

De 1907 à 1910, le Solbosch est aménagé pour accueillir l'Exposition universelle. Elle s'étend de l'avenue Jeanne à la chaussée de la Hulpe et de la chaussée de Boendael au bois de la Cambre. L'avenue du Solbosch (l'actuelle avenue Buyl) se coule alors dans un léger fossé. Comme cette voie reste publique et traverse l'Expo dans sa longueur, il faut construire des ponts pour la franchir et passer d'une partie à l'autre du site. Le haut de l'avenue Héger débouche aujourd'hui à l'emplacement du plus important de ces ponts.

Pour mieux visualiser cette évolution, consultez l'excellent site du Laboratory of Image Synthesis And Analysis de l'ULB, consacré à l'histoire du Solbosch et de son campus : http://lisaserver.ulb.ac.be/tabledutemps/

Les premiers bâtiments

Lorsque les pavillons de l'Expo universelle sont démolis, la ville de Bruxelles entend bien relancer l'urbanisation du site du Solbosch. A la même époque, l'Université se sent à l'étroit dans le Palais Granvelle, rue des Sols.

L'une et l'autre sont donc faites pour s'entendre : en 1921, l'ULB reçoit de la ville de Bruxelles un quadrilatère entre les avenues Buyl, Jeanne, Depage et l'avenue des Nations (qui porte aujourd'hui le nom de Franklin Rooselvelt).

Dans la foulée, l'ULB acquiert la villa Capouillet en 1924. Cette illustre demeure tombera sous les coups de pioche nonante ans plus tard, en janvier 2014.

Carte postale colorisée. Probablement antérieure à 1900.
La villa Capouillet et son terrain de tennis,
avenue du Solbosch (actuellement avenue Buyl).
Elle abrita les services de Botanique
et se vit donc attribué la lettre B.

Et les premiers bâtiments sortent de terre entre 1922-1924. Ils sont conçus à la hâte par l'ingénieur Eugène François, prof à l'Université, et leur organisation interne s'en ressent. Quant à leur style industriel, il leur vaudra le surnom d'"Usine" puis la lettre U, par abréviation. Mais le temps a fait son oeuvre : la façade et l'aspect labyrinthique du bâtiment en font aujourd'hui le charme.

A l'origine, l'"Usine" accueille l'Ecole polytechnique, la Faculté des Sciences et l'Ecole de Pharmacie.


Vue aérienne du campus vers 1924.
Photo extraite du site du Laboratory of Image Synthesis And Analysis
consacré à l'évolution du campus.

Deux ans plus tard, en 1924, on construit le bâtiment destiné à recevoir les Facultés de Droit et de Philosophie et Lettres, de même que la Bibliothèque et l'Administration (d'où la lettre A qui lui est attribuée). Le cahier des charges qui préside à la construction du nouvel édifice précise qu'il devra se placer à front de l'avenue Roosevelt, afin de cacher le bâtiment U jugé trop laid. (Isabelle Douillet et Cécile Schaack, Université libre de Bruxelles, le campus du Solbosch. Inventaire du Patrimoine architectural Bruxelles-Extensions Sud, s.d.)

Les Américains de la "Commission for Relief in Belgium Educationnal Foundation" financent l'intégralité des travaux. En échange de quoi, ils demandent que l'architecte du nouveau bâtiment s'inspire d'un "style national". Ce qui explique que l'édifice réalisé par Alexis Dumont ait ce cachet néo-renaissance flamande qu'on lui connaît.


Vue aérienne du campus à la fin des années 1920.
Photo extraite du site du Laboratory of Image Synthesis And Analysis
consacré à l'évolution du campus.

Carte non datée. Sans doute imprimée au début des années 1950.
L' ex-bibliothèque principale (actuelle biblio de psychologie)
Le tableau représentant Prométhée trône déjà dans la salle.

Le bâtiment A remporte immédiatement les suffrages. Fort de ce succès, Alexis Dumont se voit confier la réalisation de la Maison des Etudiants et de celle des Etudiantes. Un article du secrétaire de l'Université, Jean Willems, annonce dans le Bruxelles Universitaire de juillet 1925 qu'elles auront la même allure que le bâtiment A et qu'elles seront très spacieuses (Lisez la brève "Croquis des Maisons des Etudiants et Etudiantes").

Mais le style et la dimension de ces Maisons, érigées en 1928, sont en définitive bien plus modestes. Leur emplacement est par contre sensiblement le même que prévu : à front de l'avenue Roosevelt, entre l'avenue Jeanne et l'avenue Héger. Ces deux bâtiments forment actuellement la première partie de l'auditoire Janson, dont l'Aula viendra se greffer à eux en 1956. (Isabelle Douillet et Cécile Schaack, op.cit.)

Clin d'oeil aux Anciens : c'est dans les caves de ces ex-Maisons des Etudiants que le Cercle de Droit et le Cercle Solvay avaient leurs locaux jusqu'en 2010.


Les Maisons des Etudiants vers 1928.
A droite, on distingue la tour du bâtiment A.

Photo extraite du site du Laboratory of Image Synthesis And Analysis
consacré à l'évolution du campus.

Etudiants devant leurs Maisons en 1931.
Photo extraite du site du Laboratory of Image Synthesis And Analysis
consacré à l'évolution du campus.

A partir de 1931, l'architecte Dumont travaille à la conception de la Cité Héger, sous des formes modernistes très différentes de ces deux premières réalisations. A l'origine, les deux ailes - légèrement asymétriques - de la Cité devaient accueillir 58 chambres d'étudiantes, 108 chambres d'étudiants et un restaurant de 150 places. (Isabelle Douillet et Cécile Schaack, op.cit.)

Vue aérienne du campus en 1937.
La Cité Héger a fait son apparition.

Photo extraite du site du Laboratory of Image Synthesis And Analysis
consacré à l'évolution du campus.

La Cité Héger en 1931.
Elle posède encore son escalier (menant au restaurant)
et sa rotonde en surplomb.

Photo extraite du site du Laboratory of Image Synthesis And Analysis
consacré à l'évolution du campus.

Carte postale non datée.
Sans doute imprimée au début des années 1950.

Le restaurant universitaire.
Les tables sont dressées avant l'arrivée des étudiants.
Des dames font encore le service à table, en tablier blanc.

Enfin, en 1935, l'architecte Eugène Dhuicque, prof à l'ULB, construit le bâtiment d'Education physique, dans un style art déco grâce au mécénat d'un couple hollandais Andriesse-Spanjaard. (Isabelle Douillet et Cécile Schaack, op.cit.) Il y adjoint un terrain de football entouré d'une piste d'athélisme. Deux terrains de tennis sont placés dans le prolongement dans la Cité et deux autres sont tracés là où on les voit encore.

Le terrain de foot et l'esprit sportif ont cédé la place à un parking en 1995.


Carte postée le 5 août 1952.
A gauche, le bâtiment d'Education physique et son escalier.
Il est séparé de la Cité Héger par un terrain de football.

Carte non datée.
On distingue la piste d'athlétisme entourrant le terrain de football.
Les marches (à droite) mènent à la Cité.
Au centre, à l'arrière-plan, le bâtiment d'Education physique.
Et derrière les arbres, la villa Capouillet.