Les statuts des étudiants bruxellois ne sont pas disponibles aux Archives de l'ULB. Ceux de leurs cousins liégeois nous sont par contre en partie dévoilés par l'Almanach de l'Université de Liège (l'A.U.L.E) publié en 1886. Cette brève met pour la première fois les deux Cercles en parallèle. Il restera à mesurer l'influence du folklore estudiantin de la Cité ardente sur le nôtre.
Les statuts de La Bohême
Nous vous livrons l'extrait du règlement de la société estudiantine liégeoise tels que Michel Peters, Ancien de l'ULg, nous les a transmis.
Le Cercle liégeois La Bohême (qui prend un étrange accent circonflexe) a été fondé vers 1880, soit quelques années seulement avant son cousin de Bruxelles. (Almanach liégeois, A.A.E.G., 1940)
Ses débuts nous sont inconnus mais l’A.U.L.E. de 1886 en dévoile les buts : "La Bohême est née de la réunion des quelques séides de l’école du plaisir, de ceux que la réaction des bloqueurs, des pschutteux et des étudiants sérieux, de ceux, disons-nous, que ce flot réactionnaire n’a pas entraîné dans le naufrage de la rigolade."
Ses débuts nous sont inconnus mais l’A.U.L.E. de 1886 en dévoile les buts : "La Bohême est née de la réunion des quelques séides de l’école du plaisir, de ceux que la réaction des bloqueurs, des pschutteux et des étudiants sérieux, de ceux, disons-nous, que ce flot réactionnaire n’a pas entraîné dans le naufrage de la rigolade."
Après avoir peint le groupe des Bohêmes en ennemis héréditaires des "pschutteux" (ces manchaballes qui pensent obtenir le silence aux cours à coups de "puschtt"), l'A.U.L.E. en présente le règlement : "Le caractère folklorique des statuts du cercle impose l’insertion des principaux articles qui donnent une idée globale de la vie de La Bohême :
ART. III. Le but de ce Cercle est de ressusciter les vieilles traditions dont nos pères ont recueilli le dernier soupir, en un mot, de rigoler franchement, ouvertement et sans détours.
ART. VI. 1° Faire partie du corps universitaire ; 2° Recueillir l’unanimité des voix à l’admission ; 3° Avoir eu en toutes circonstances pour compagnes : la dèche, la femme et la bouteille ; 4° Se soumettre aux épreuves justificatives d’un caractère de franc bohême, épreuves fixées par la Société ; telles sont les conditions indispensables à l’entrée de tout récipiendaire.
ART. VII. Tout membre admis sera possesseur d’engins ingurgitatifs, tels que pot (de préférence servi dans la vie intime), verres, affectés à son usage personnel et exclusif. A l’issue de chaque Congrès, il sera tenu de remettre tout le truc aux mains du bibliothécaire.
ART. VIII. L’entrée de tout nouveau bohême sera saluée par des libations et des rasades tout à la charge du nouvel élu. D’autres solennités, telles que réjouissances publiques, illuminations, feux d’artifice, jeux populaires, courses dans les sacs, parties de rollebasse, bals champêtres, ascensions de ballons, soirées de gala, mâts de cocagne, festivals, courses, régates internationales, pourront être organisées au gré des sociétaires et devront s’exécuter au local même.
ART. IX. La Bohême est régie par une Commission composée d’un baes, dont le nom sert de firme pour la location du local, et en général pour les actes à passer avec des profanes. Ce même baes revêt les fonctions de trésorier et en cette qualité est chargé du recouvrement des crachats, du paiement des dépenses effectuées au nom et au su du Cercle, et enfin du comblement des déficits possibles ; d’un secrétaire affecté au service de la correspondance et de la rédaction des procès-verbaux et articles de journaux ; d’un bibliothécaire, spécialement attaché à la conservation dans un état de propreté relative de tous les instruments destinés à satisfaire les besoins des gosiers altérés ; d’un pharmacien, à qui sera confiée l’officine de la Société et entre les mains de qui le cadavre des bohêmes restera, le cas échéant, en état d’observation ; d’un pompier et d’un grand-panetier, respectivement préposés à la fourniture du liquide et de la boustifaille.
ART. XV. Tout membre qui, par ses actes, sa tempérance, sa continence, cessera d’être digne du nom de bohême dans le sens que Murger attache à ce mot, sera répudié, honni et conspué par la Société.
ART. XX. Chaque bohême est astreint à un état permanent de frottage. Dans le cas où il dérogerait à cette règle, l’espace d’un mois, il tomberait sous l’application d’une amende de deux pieds. Il serait désirable qu’il introduisit dans la cassine le plus de grenouilles possible ; toutefois, si dans le délai d’un mois, un membre est convaincu de n’avoir amené aucune typesse dans le perchoir, il sera passible d’une amende d’un pied qu’il acquittera avec une rapidité qui tiendra du prodige.
ART. XXI. Chaque membre est tenu de respect envers la propriété enjuponnée du collègue ; à l’encontre duquel statut, l’exclusion de l’incriminé serait résolue par la majorité, etc., etc."
Organisation du Cercle
Organisation du Cercle
Ainsi que l'indiquent les statuts, le Cercle est dirigé par une "Commission" composée de six membres. On y compte un Baes (à la fois président et trésorier), un Secrétaire, un Bibliothécaire (chargé non pas de la conservation de livres précieux mais de celle des verres), un Pharmacien en charge de l'"officine" (ce qu'il faut sans doute traduire par "en charge de l'entretien du local"), un Grand-Panetier (chargé de fournir la nourriture). A qui il faut ajouter : un Pompier chargé de fournir les boissons. Le thème du "pompier" se retrouve dans de nombreux Cercles - y compris chez les Nébuleux de l'ULB - à la fin du 19ème et au début du 20ème siècle : c'est un clin d'oeil au feu du gosier qu'il faut éteindre et à la pompe employée pour propulser la bière hors du fût.
L'article sur La Bohême publié par l'Almanach des étudiants liègeois en 1886 ne mentionne pas de rituel d'intronisation particulier, en dehors d'une guindaille monstre. Mais il a probablement dû en exister un. Le Secrétaire et le Président de La Bohême signent en effet l'article de leurs surnoms "Pipembois" et "Lovelace". Et, dans les Sociétés estudiantines de la fin du 19ème siècle, de tels surnoms sont en général attribués à l'issue d'un rituel de réception. C'est le cas en Suisse, en Allemagne, en Autriche... mais aussi, à la même époque, chez les Nébuleux de l'ULB.
L'article sur La Bohême publié par l'Almanach des étudiants liègeois en 1886 ne mentionne pas de rituel d'intronisation particulier, en dehors d'une guindaille monstre. Mais il a probablement dû en exister un. Le Secrétaire et le Président de La Bohême signent en effet l'article de leurs surnoms "Pipembois" et "Lovelace". Et, dans les Sociétés estudiantines de la fin du 19ème siècle, de tels surnoms sont en général attribués à l'issue d'un rituel de réception. C'est le cas en Suisse, en Allemagne, en Autriche... mais aussi, à la même époque, chez les Nébuleux de l'ULB.