Avant la guerre, on respectait mon culte,
J’avais un tas d’adorateurs joyeux
Qui pour ne pas me lancer une insulte
M’adoptaient tous et sans espérer mieux.
Ah ! les beaux jours de bohème et d’orgie
Quand je couvrais Sauriens et Nébuleux,
Le Caïman m’aima toute sa vie
Que soit béni son amour fabuleux.
A ceux-là d’un petit air tendre
Quand ils venaient à l’examen,
Je disais sans faire d’esclandre :
« Halte-là, mes beaux chérubins,
Nos amours ne sont pas finies,
Pourquoi vouloir quitter mon bras ?
Je suis la buse, votre amie,
En juillet, on ne passe pas ! » […]
Cette chanson de René Mercier, reprise dans les Fleurs du Mâle, évoque l'un des plus fervents amants de "La Buse" : le Caïman. Si l'on en croit les auteurs de 1909 - 1934, L'université de Bruxelles (publié en 1934), le Caïman était le plus célèbre des Sauriens, qui brilla dans le Jardin des Piqûres, une revue estudiantine qui connut un véritable triomphe. Mais le Bulletin de l'UAE (de février 1963) croit savoir que le Caïman aurait dirigé le Cercle des Nébuleux vers 1910. Hum...
Ni faire-part ni couronne
Bon, bien... Des Sauriens, des Nébuleux... Commençons donc par le début : qui diantre étaient les Sauriens ? La question est aisée, la réponse plus difficile... Les Sauriens ont laissé peu de traces de leurs activités mais, d'après les quelques documents dont on dispose, on devine qu'ils étaient un cercle intime de tonneau. De même, si on sait qu'ils ont été actifs avant et après la Première guerre mondiale, on ne connaît ni la date de leur fondation ni celle de leur extinction.
Les Archives de l'ULB possèdent des menus de repas de la Saint-Verhaegen 1912 ainsi qu'une affiche datée de l'an II des Sauriens invitant les étudiants à présenter leur candidature. Ces différents documents portent la signature d'un certain Riskosaurus canotans ; ils sont donc contemporains et cela laisse penser que les Sauriens ont vu le jour en 1910 ou quelques années plus tôt.
Le Bruxelles universitaire du 1er décembre 1923 mentionne encore l'activité des Sauriens lors de la Saint-Verhaegen 1923. Lisez : (Monôme et punch des Sauriens à la Saint-Vé 1923). Nous n'avons (pour le moment) pas retrouvé de trace de leur existence après cette date.
Activités des Sauriens
Et l'alambic ou La cornue enchantée, revue estudiantine organisée par le Cercle des Sciences les 20 et 21 février 1913, consacre quelques vers à la société :
C'est nous les jeun's Sauriens,
On n' se r'fus' jamais rien,
En punch nous somm's experts,
Et en amour et en madèr'.
En plus de nous confirmer que les Sauriens étaient encore jeunes en 1913 et n'avaient donc été fondés que quelques années plus tôt, ces quatre vers nous indiquent que ce cercle se consacrait surtout à la guindaille et s'était spécialisé dans la réalisation du punch (divin breuvage composé de rhum, de citron et de cannelle).
Et ce savoir-faire survécut à la "Grande guerre" : dix ans après la revue du Cercle des Sciences, les Sauriens servaient encore un punch bien chaud à l'ensemble des Poils lors de la Saint-Verhaegen, ainsi que le rapporte le Bruxelles universitaire du 1er décembre 1923.
Dans l'article intitulé "Le Saint-Synode Saurien", nous présentons l'organisation interne des Sauriens. Mais le menu de Saint-Verhaegen présenté ci-dessous dévoile déjà quelques informations aux impatients : les Sauriens ont pris le squelette d'un iguanodon comme symbole et le mauve comme couleur.
Ce document provient du Service Archives, Patrimoine et Collections spéciales de l'ULB. 50 avenue Franklin Roosevelt à 1050 Bruxelles. |
Et pour les gourmands dont la vue baisse, voici le menu (digne d'un prince) :
Saint-Verhaegen 1912
Agape fraternelle
Les produits suivants seront soumis à l'appréciation des palais sauriens :
Potage St Germain
Entrée de diverses personnalités sauriennes
Cabillaud sauce mousseline, pommes nature
Gigot de mouton, chicorées wallonnes
Faisan truffé farci
Gâteau saurien
Fruits - Dessert
Menu dégusté par Mamosaurus Suculens